à l’oùvràge même de Maillet, ou à celui de S avary, qui l’a copié.
On peut voir aussi la description des pyramides de Gizéh par le
cit. Grobert, et les réfutations qu’il fait de l ’opinion de Maillet.
: En retournant sur nos pas pour sortir de ces lieux méphitisés ?
nous vîmes à notre gauche, vers l ’endroit où. les deux canaux inclinés
se joignent, une ouverture en forme de grotte, qui n’est que
le commencement d’un chemin forcé, par où l’on espérait sans
doute parvenir à quelque autre appartement de ce vaste édifice. Le
chemin ne s’étend pas à moins de quatre-vingts pieds; il est très-
irrégulier : tantôt il faut ramper sur le ventre pour y pénétrer, et
ailleurs on y marche debout. Les pierres qui en ont été arrachées
y ont laissé des parois très-irrégulières, qui nous ont permis de connaître
plus particulièrement la construction de ce monument. Il
s’en faut de beaucoup que sa maeonerie soit autant soignée que
celles des édifices romains ou grecs : dans ceux-ci, lorsque le mortier
fut employé, les pierres y étaient toujours noyées, e t ile s t bien
rare d’y rencontrer le plus petit vide; dans la maçonerie de la pyramide,
au contraire, on rencontre, dans l’entre-deux des pierres,
des vides à y passer le bras. Il nous arrivait souvent de l’y introduire
avec une canne dans toute leur longueur ; souvent nous
n’appercevions aucune trace de mortier, tandis qu’ailleurs les
pierres y étaient noyées. A n reste, toutes ces cavités étaient remplies
de cliauve-souris qui nous: incommodaient beaucoup, et qui
éteignaient très-souvent une partie de nos bougies. Elles ressemblent
beaucoup à l’espèce d’Europe, nommée fer-d e-ch eva l : leur
queue égalait en longueur celle du corps : nous en prîmes plusieurs ;
mais le domestique à qui elles furent confiées ne- les ayant pas assez
bien soignées, nous les trouvâmes corrompues le soir par l ’effet
de la chaleur.
: Nous avions résolu de passer une journée entière dans l'intérieur
de la pyramide, afin de tout voir et r e vo ir , tout observer,
tout mesurer : nous nous flattions de n’en sortir qu’aveG une idée
exacte de sa distribution intérieure et de la destination de chaque
objet qu’on y remarque ; mais l’a ir ,, qui s’y renouvelle avec une
extrême lenteur , fut bientôt tellement vicié par les bougies que
nous étions obligés de tenir allumées, et par le grand npmbre de
personnes qui nous accompagnaient , que nous ne tardâmes pas à
appercevoir qu’il fallait se hâter d’en sortir. Nous y restâmes cependant
plus de quatre heures, et lorsque nous nous trouvâmes
dehors , nous fûmes presque aussi incommodés par le vent suffocant
de khramsi, qui soufflait depuis quelque tems, et par la chaleur
accablante de l ’a ir, que nous l’avions ¡été par le méphitisme
de l ’intérieur. Mais si les forces nous abandonnèrent alors, le courage
nous soutint : nous ne voulûmes pas nous éloigner de la p y ramide
sans atteindre au sommet, ni quitter ces lieux sans avoir
observé tout c e qu’ils offrent de curieux.
Conduits par un Arabe de notre suite, nous montâmes par l ’angle
nord-est avec assez de facilité ; nous pouvons même ajouter qu’il
y a très-peu de danger dans cette opération, attendu la grande inclinaison
des quatre faces de la pyramide et Je retrait de chaque
assise de pierre, qui donne prise aux mains et aux pieds. Lesorn-
met forme un carré assez étendu, sur lequel on peut se promener
ayee autant de sécurité qu’au haut d’une montagne escarpée. De ce
lieu élevé on parcourt un horizon immense : on suit au nord et au
midi la pente, du coteau qui sépare l’Égypte cultivable du désert
de la Libye : on s’arrête un instant au midi sur les pyramides de
Sakhara et sur cette plaine aride qu’on sait renfermer la dépouille
des habitans de Meinphjs. A l ’occident, un terrain grisâtre et
sabloneux , domaine de l’Arabe bédoin , fatigue par son uniformité.
On se porté avec plus de plaisir au sud-est, sur la vallée que
le Nil parcourt et arrose de ses eaux, 0 » y distingue le jaune doré
des moissons , le vert mélangé du cartliame, le vert uni du trèfle.
Aux bouquets d ’arbres qui les entourent, on reconnaît les villages
peu nombreux, répandus dans la plaine ou situés sur les rives du
fleuve, A l’orient, la ville du Caire, qui se confond avec Boulac,
Gizéh et le vieux Caire, attire pendant quelque tem6 toute l ’attention
du voyageur. Il remarque au-delà de la ville le stérile et désagréable
Mokatan , et pins loin, à gauche, le lac aujourd’hui inutile
des Pèlerins. A u nord-est s’étend, à perte de.vue, une immense
plaine dans laquelle il cherche en vain ces canaux fécondans , ces