des catacombes. Nous ne vîmes point les ruines de Sarepta, ni les
mines de fer qui faisaient la richesse des habitans de cette ville, m
les vignobles qui leur fournissaient un vin délicieux. Nous rencontrâmes
quelques faibles ruisseaux : il y avait sur leurs bords plusieurs
graminées, le tamaris d’Europe et les trois espèces de roseaux
que nous avions observés entre Seyde et Barut. Ailleurs la campagne,
était n u e , ou ne présentait plus que le triste squélète des
végétaux qui naguère l’avaient ornée, et qui attendaient le retour
des pluies pour se montrer de nouveau. Parmi eux se trouvait le
gundelia, que Tournefort avait cueilli au nord de l ’Asie mineure ,,
et la coloquinte, plante drastique, de la famille des cucurbitacées,
qui croît spontanément vers les bords de la mer, et .dont le fruit,
rond, lisse, à peine gros comme une orange, est un objet de commerce
pour la Syrie. - ~ '
Toute la côte était couverte d’une espèce de crabe connu des.
Anciens, sous le nom de cavalier (1). A mesure que nous approchions
de lui il courait de côté avec la plus grande célérité', et se:
sauvait à la mer ou dans les trous qu’il avait creusés sur le rivage-
Nous voulûmes l’atteindre à la course ; nous ne pûmes y parvenir;
mais il nous fut aisé de le saisir en fouillant dans le sable où il
s’était tapi. Ce crabe est très-vorace : les cadavres ou charognes de
toute espèce, ainsi que les substances animales que la mer rejette
sur le rivage, sont dévorés par lui en un instant. Ses yeux présentent
une particularité fort remarquable : le pédicule qui les supporte
, les dépasse supérieurement, et va se terminer en une houpe
de poils ou pînfieau assez long. Le têt est carré, convéxe et chagrine
en dessus; les angles latéraux antérieurs sont saillans, et la ligne.
(1) Crabe cavalier- Camus , notes sur l'Histoire des Animaux d ’A k i s t o x e ,
j a g . 160.
Elien , de H at. animal, lib. 7 , cap. 24.
B e lo n , de la N a t. des Poissons , liv. 2 , p. 36y.,
Hasselquist. Voyage dans le Levant, part. 2 , pag. 65 et 1
Ippeus yAristot. lib. 4 > cap. 2.
y iiTip y Hist.. nat..r liv , 9 y chàp.. 3 i ..
C H A P I T R E I I I .
qui se prolonge postérieurement, et qui se divise vers le milieu,
est légèrement crénelée dans toute sa longueur. Les pinces ne sont
pas fort grandes; elles sont chagrinées et très-anguleuses : les autres
pattes sont un peu rugueuses ; la pièce qui les termine est mince ,
pointue, et a quatre lignes longitudinales, saillantes. Il appartient
au genre ocypode (1). ( Voyez p l . 3o , ftg. 1 .)
Nous avions fait un peu plus de douze milles , et nous avions
dépassé deux caps lorsque nous apperçûmes, bien avant dans la
mer, la presqu’île de T y r et là moderne Sour. Nous n ’étions pas
bien loin du Léontes, aujourd’hui Nahr-el-Kasemir, rivière peu
considérable, que nous passâmés sur un pont moderne , construit
sur des piles plus anciennes. Nous laissâmes ensuite à notre gauche
un caravanserai à moitié détru it, tout environné de ruines, et
nous entrâmes dans une plaine assez étendue. Nous y vîmes trois
gazelles qui marchaient devant nous, sans paraître effrayées. Une
heure après nous remarquâmes un grand bassin triangulaire, qui
sert à abreuver les bestiaux d’alentour. Il y avait aux environs quelques
traces d’anciennes habitations, et sur le rocher, qui est à nu
à cet endroit, nous vîmes des encaissemens de cinq à six pieds de
longueur, sur un et demi de largeur, qui ont probablement servi
autrefois à des sépultures. De ce bassin à Sour il n’y a pas une
lieu e, et le sol est pla t, peu élevé. On y distingue une partie un
peu plus basse que l’autre, toute couverte de sable pur, qui paraît
avoir appartenu à la mer, et qui s’étend jusqu’à la jetée qui joignit
au continent l’île sur laquelle T y r était bâtie.
Cette jetée a successivement acquis une largeur assez considérable
par les sables que les flots de la mer y amènent. On y voit une tour
carrée, de construction arabe, dans laquelle est une fontaine dont
nous aurons bientôt occasion de parler.
Sour est entourée d’un mur très-élevé, peu épais, capable tout
au plus de la défendre contre une' troupe de brigands mal armés.
Elle occupe le tiers de la presqu’île , et présente de loin l ’apparence
(1) Ocypoda ippeus, (borace quadrato , scabro, antice utrinquè ungulato ,
oculis penicillo terminatisi Tab. 3o > fig. 1.
G g a