On connaît fort peu la châtaigne à Bagdad ; il en vient cependant
de la Médie et du Curdistan, ainsi que des noix et divers autres
fruits d’Europe. Il vient aussi de ces contrées des glans doux- Nous
les avons goûtés : ils valaient beaucoup moins que la plus mauvaise
châtaigne ; aussi les abandonne-t-on à la classe du peuple la plus
indigente.
G o m b u s t i b i . e s .
Le bois est aussi rare à Bagdad qu’en Égypte : celui qu’on cm - 1
ploie à la menuiserie vient du Curdistan et des frontières de la
Perse : c’est le chêne, le platane, le noyer et le sapin qui croissent
sur ces montagnes. On se sert aussi quelquefois du mûrier et du
napca. On brûle dans les cuisines, le tamaris et le saule que l'on,
coupe aux bords des rivières qui se jettent dans le T ig r e , ou sur
les terrains souvent inondés par les deux fleuves. On brûle aussi
les broussailles de liciet et d’acacie ( lycium et mimosa ) , qu’on
retire des déserts ; mais le plus souvent on a recours à la fiente des
animaux domestiques, dont on forme des gâteaux ayec la paille
hachée, et qu’on enduit quelquefois de bitume.
I l est rare qu’on ait besoin de se chauffer ; mais lorsque le froid
se fait trop vivement sentir, on a recours au mapaal (1 ) , sur lequel
on met des charbons faits avec'le tamaris, que l ’on allume flans
la cou r , et que l ’on place au milieu de la chambre-
Les riches s’éclairent avec la c ire, la graisse et l ’huile ; mais les
pauvres ne font usage que du bitume coulant des environs de
Kerkouk.
I n d u s t r i e .
On fabrique à Bagdad des étoffes rayées en soie et coton, et des
étoffes en soie grossière ou filoselle venant du Guilan : les Arabes
en font des chemises. On fabrique des toiles de coton, lâçhes, asse?
grossières, sur lesquelles on imprime des dessins peu brillons ; elles
sont destinées à l ’usage des femmes, des enfans et des pauvres. On
(1) Voyez tom. I , pag; a3i .
y fait âüSsi de grosses toiles de coton imprimées, pour matelas,
Couvertures, etc. On en exporte quelques-unes dans tout le Curdistan.
Mais ce qui occupe le plus d’ouvriers, ce sont des carrés-
longs en velours de Soie, rayés et encadrés, dont on fait des coussins,
et dont on recouvre les sophas ou divans. Il en passe beaucoup
à Mossul, Diarbékir, Alep et Damas. On fabrique aussi
quelques marrôquins qui se consomment dans la ville.
On travaille fort peu l’or et l ’argent ; mais on fait assez bien
divers ustensiles de cuivre à l ’usage des habitans.
C o m m e r c e .
Après l’Égypte, aucune contrée n ’est plus avantageusement située
pour servir d’entrepôt à un grand commerce, pour lier l’Europe
avec les Indes orientales, que la Syrie et la Babylonie; car si
i ’Égypre communique avec l’Océan indien par la Mer-Rouge, les
deux autres confinent au golfe Persique, dont la position, plus
orientale, lui donne quelques avantages sur l ’autre. L ’Égypte présente
, de l ’une à l ’autre" mer , un trajet fort court qu’un grand
fleure et des canaux parcourent en grande partie. La Babylonie
est traversée, il est v r a i , par deux fleuves, mais il reste encore „
de l’endroit Où ils cessent d’être navigables , un grand espace ‘S.
■franchir pour së rendre à la Méditerranée, qui ne laisse d’antres
ressources que celle des caravanes.
Cependant, malgré ce long trajet que les marchandises omit en
à parcourir pour arriver du golfe Persique à Ba-bylone an moyen
du fleuve, et de Babylone aux ports de Syrie en les transport#««:
par terre, le commerce de l’Inde -avec l’Europe a eu presque bonjours
lieu par cette Voie, jusqu’à la découverte de la route de l ’Inde
pa r le Gap de Bonne-Espérance.
Lorsque l’Égypte, sous les successeurs d’Alexandre, eut couvert
de ses vaisseaux la Méditerranée et le golfe Arabique, ¡et eut considérablement
agrandi son commerce maritime, celui qui se faisait
auparavant par le golfe Persique, Babylone, Palmyre et T y r , dut
nêcesSaifemetnt diminuer , attendu que les communications de la
Méditerranée avec la mer des Indes étaient beaucoup plus courtes