toutes les productions de l’Orient dont ils continuèrent de faire
usage.
Le commerce que font aujourd’hui les Turcs par cette dernière
route serait bien plus considérable si le golfe Persique n’était pas
ordinairement infesté dé pirates, si les péages que les Arabes exigent
sur l ’Euphrate étaient ôtés, si les droits perçus par le pacha de
Bagdad étaient modérés, si le danger que courent presque toujours
les caravanes qui se rendent à Alep et Damas n’existait plus. Bas-
sora est plus à portée que Suez de l ’Océan indien. Le golfe Persique,
moins étendu, plus oriental que le golfe Arabique , permet à un
navire de se rendre de Bassora à Surate, à Bombay, au Malabar
et même au Bengale, bien plus promptement que de Suez : le retour
est également bien plus prompt, parce que les vents y sont plus
variables. Le golfe Persique d’ailleurs présente plus de ports que le
golfe Arabique.
Malgré ces avantages, nous croyons toujours que la route de
l ’Inde , par l’E gypte, doit être préférée à l’autre , comme la plus
courte pour des marchandises, et surtout comme la moins chère.
En E gypte, on n’a qu’un désert de vingt-quatre lieues à franchir :
il y en a près de deux cents de la Babylonie à la Méditerranée. On
ne compte pas quarante lieues du Caire à la mer par le N il : il y en
a cent d eHellé ou de Bagdad au golfe Persique. A u reste, il est à
desirer. qu’il s’établisse dans ces deux contrées un gouvernement
régulier : elles ne manqueraient pas de rivaliser d’activité et d’industrie
, et chacune trouverait dans sa position des avantages qui
manquent à l ’autre. On n’abandonnerait pas pour cela la route du
Cap de Bonne-Espérance j le commerce n’en saurait trop avoir : il
n’aura jâmais,assez de moyens d’éviter le monopole des nations,
et se soustraire aux pirates , aux corsaires, aux péages et aux
douanes. ................
Presque toutes les marchandises qui viennent aujourd’hui du
golfe Persique sont portées de Bassora àHellé, d’où elles sont obligées
de se rendre, par terre, à Bagdad : elles ont pris cette route,
parce qu’il est plus aisé de remonter l’Euphrate que le Tigre. Les
droits à payer à Bassora sont de sept et demi pour cent par les
nationaux, quelle que soit leur religion, et de trois pour cent par
les Européens. En sortant de cette ville pour se rendre à Bagdad,
elles ne sont pas visitées ; mais elles paient sept péages si elles
remontent l ’Euphrate. Le premier est acquitté en sortant de Bassora
: il est de cinq piastres par ballot ; le dernier est de trois piastres,
et se paie à Hellé : les autres sont moindres. Les Européens
ne paient que moitié. Les bateaux qui remontènt le Tigre évitent
cinq péages : ils ne paient que celui de Bassora et celui de Korna ;
mais ils ne prennent cette route que lorsque les eaux sont très-
hautes : ils entrent alors dans l’Euphrate à K o rn a , et prennent ,
vingt lîeües plus loin, un canal nommé H ay (serpent), qui les conduit
au Tigre.
En entrant à Bagdad, de quelque part qu’elles viennent, les marchandises
des nationaux paient huit et demi pour Cent Si elles sont
reconnues être marchandises d e p o id s , et cinq pour cent si elles
sont désignées marchandises précieuses. Les droits sont -perçus
suivant les prix courans. On nomme marchandises de poids les
métaux, le café , le tabac, le poivre, le sucre5 en un mot, toutes
celles qui se pèsent. On nomme marchandises précieuses les étoffes,
quelles que soient leur qualité et leur valeur.
Les Européens paient trois pour cent pour toutes sortes de marchandises.
En sortant de Bagdad rien ne paie, et on ne visite point.
Les marchandises qui vont à Bassora par le Tigre ou l ’Euphrate,
n’ont aucun péage à payer : les Arabes exigent seulement quelques
présens. Mais elles paient à Bassora sept et demi pour cent, comme
celles qui viennent du golfe 5 et, en sortant pour se rendre en Perse,
a Masc'ate ou dans l’In d e, elles paient cinq pour cent. Les Européens
ne paient jamais que trois pour cent.
Les caravanes d’A lep à Bassora, par le désert, paient de même.
Celles de Damas se rendent presque toujours à Bagdad, et, depuis
quelque tems, toutes celles d’A lep s’y rendent aussi. Il n’y a aucun
droit à payer dans le désert 5 mais les chefs des caravanes font toujours
quelques présens aux hordes arabes qu’ils rencontrent.