riz d’Égypte est infiniment supérieur à tous ceux qu’on récolte dans
des lieux marécageux. Il est mûr et en état d’être coupé ên vendémiaire.
Il produit ordinairement de vingt à trente pour un.
Dès que le riz est coupé, on sème du trèfle sans labourer ni préparer
la terre. On fait pendant l’hiver trois ou quatre récoltes ,
suivant que la saison est plus ou moins favorable, et l ’on sème de
nouveau le riz en germinal, mais le plus souvent on laisse le trèfle
encore un an ; ce qui est beaucoup plus productif.
On sème en germinal l’abélasis dans les champs de dattiers : on
l ’arrose de tems en tems, et on le récolte à la fin de l ’été. Les
femmes et les enfans aiment beaucoup la racine tubéreuse de cette
plante; ils en mangent de tems en tems, et en ont presque toujours
dans leurs poches. L ’abélasis est doux, émulsif, nourrissant, beaucoup
plus agréable que la noisette, à laquelle on peut le comparer
pour la saveur : il est aussi bien moins indigeste. On en fait une
grande consommation dans toute l’É gypte, et ce n’est qu’aux environs
de Rosette et de Damiettejju’il est cultivé. Nous croyons
que cette plante réussirait très-bien dans le midi de l’Europe.
| La colocasse, dont la racine tubéreuse acquiert la grosseur d’une
orange, est plus cultivée aux environs du Caire, que dans les champs
et les jardins de Rosette. On la multiplie en la coupant par morceaux
et la mettant en terre à un pied de profondeur. Plantée à la
fin de prairial, elle est bonne à manger en vendémiaire : les marchés
du Caire sont couverts de cette racine pendant tout l ’h iver,
comme ceux du nord de l ’Europe le sont de la pomme de terre ;
mais au lieu que celle-ci est douce et fade, l’autre est naturellement
âcre et un peu corrosive. On est obligé, avant de la faire bouillir,
de la couper en morceaux et de la bien laver dans une forte saumure.
Préparée ensuite au beurre ou au gras, seule ou avec dé la
viande, et relevée par des aromates, elle'est agréable, nourrissante
et de facile digestion.
Les eaux du fleuve, aux environs de Rosette, s’élèvent chaque
année de deux pieds et demi à trois pieds; ce qui leur permet d’entrer
dans les canaux, et de se répandre sur les terres basses, disposées
de manière à les recevoir,. Les bords du N il et des canaux, un
peu plus élevés que ces terres, ne sont pas ordinairement inondés.
On introduit l ’eau dans les champs pendant le reste de l’année ,
au moyen de deux roues que des buffles font tourner, mais pour
cela il faut être à portée du fleuve ou de quelque canal.
L ’industrie des habitans de Rosette, toute comprimée qu’elle est
par un gouvernement injuste et oppressif, n’est pas seulement d irigée
vers l’agriculture; elle se porte aussi vers la navigation, le
commerce et les arts. Depuis que le canal d’A lexandrie n’est plus
navigable, presque toutes les marchandises qui entrent en Égypte
ou qui en sortent, passent par Rosette, et sont déposées pendant
quelques jours dans les magasins des négocians. Celles que les germes
apportent, sont transportées au Caire sur des bateaux nommés
mâches, qui enfoncent moins que les germes, et qui sont plus propres
à la navigation du Nil. La mâche n’est pas pontée ; elle a une
chambre élevée, spacieuse, vers la poupe , et porte, comme l ’autre,
une voilure triangulaire d’une grosseur considérable. Elle est montée
de huit à dix hommes toujours occupés à diriger ses voiles, à
la dégager des sables où elle s’engrave quelquefois , et à la remorquer
lorsqu’elle a le vent contraire ; ce qui arrive souvent à cause
des sinuosités que fait le fleuve.
Les négocians établis à Rosette ne sont que les facteurs de ceux
du Caire , parce que c ’est à la capitale que sont versées presque
toutes les denrées de l’Égypte, que sont déposées les marchandises
qui viennent de l’Arabie et des Indes par la Mer-Rouge : c’est là
qu’aboutissent les caravanes de la Nubie et de l ’Éthiopie ; c ’est là
enfin où se fait la plus grande consommation. On va voir cepenr
dant par rémunération des objets manufacturés à Rosette, et par
les produits de son sol , que cette ville tient un rang assez important
parmi les villes de l’Égypte.
■Quoique le nombre des métiers ait considérablement diminué
depuis quelques années, on en compte encore deux cents pour la
fabrication des toiles de coton et lin , connues sous le nom de di-
inittcs , et distinguées dans le commerce , en mi-fines, fines et
surfines. Elles passent presque toutes en France par la voie de
Marseille.