pacha avait voulu prélever sur eu x , et avaient couru aux armes,
Rien résolus de faire résistance s’il persistait dans ses demandes.
Leur conduite, dans une autre circonstance, aurait irrité la Çorte,
et aurait attiré sur eux une infinité de maux ; mais le pacha était
en révolte contre elle, de sorte qu’elle n ’était pas fâchée de la résistance
des habitans d’Orià, persuadée qu’elle viendrait à bout, par
ce m oyen, de punir un coupable, et de faire rentrer dans le trésor
public les richesses immenses qu’il avait extorquées.
Pendant ces préparatifs de gu e rre , aucune caravane n’osa se
mettre en route. On savait que les brigands à la solde du p a ch a ,
en attendant l ’ordre de fondre sur O r fa , se répandaient autour de
Diarbekir, s’avançaient jusqu’aux environs de Merdin, et dépouillaient
indistinctement tous ceux qui sè trouvaient sous leurs pas.
Nous fumes assez heureux , après quinze jours d’attente, de pouvoir
profiter de quelques momens de tranquillité, occasionnés par
des propositions de paix qui lurent faites par le pacha , et qui
firent tout rentrer dans l’ordre subitement. Mais nous apprîmes,
dans la suite, que la paix n ’eut pas lieu , que les habitans d’Orfà
firent bonne contenance, et que le pacha reçut enfin de la Porte le
châtiment qu’il méritait.
CHAPITRE
C H A P I T R E IX.
D épart d ’ O rfa. Catacombès d ’A lk a o ü i. D ja oü r-K iou ri.
In d ices d ’ une ancienne v ille souterraine. Séjour à K é -
rosmana. Arrivée à M erdin ; description de cette v ille ,
D ép a ri. N isib is y ses antiquités. Danger p o u r la caravane
d ’ être dépouillée. Arrivée à JMossul.
N o u s sommes partis d’Orfa le 2,6 yentôse ? avec le supérieur des
Carmes de Bagdad, qui venait d ’A lep , et se rendait à son couvent.
La société de ce religieux nous devait être aussi agréable qu’utile.
Un séjour de trente ans dans ces contrées l’avait mis à portée de
connaître les moeurs des habitans : il parlait assez bien les langues
orientales j il avait parcouru plusieurs fo is , par ordre de ses supérieurs
, la Palestine , la Syrie, la Mésopotamie et le Curdistan, et
avait même pénétré sur les montagnes de Senjaar, où il est si dangereux
à un Européen d’aller.
Notre caravane était assez nombreuse : elle était composée de
cinquante à soixante Arméniens qui conduisaient une cinquantaine
de chevaux, et environ quatre-vingts ânes, chargés en grande partie
de vieux cuivre. Il y avait en outre quelques marchandises d’Eu-
rope , quelques étoffes d’A lep, un peu de sucre et de café, et une
assez grande quantité de riz.
Nous fûmes à cheval avant le jou r , et marchâmes pendant sept
heures à travers une plaine fertile, en grande partie arrosée, et
parsemée f en divers endroits, de fragmens de pierres volcaniques.
Nous vîmes quelques cultures, quelques troupèaux de moutons, et
dans l ’éloignement quelques villages de peu d’apparence. Cette
plaine est terminée par une colline calcaire, qui sè dirige du nord
au sud, et qui part de la montagne peu élevée que nous avons dit
se trouver à deux lieues au nord d’Orfâ. Nous nous arrêtâmes dans
Tome II, y y