bruyans, plus communicatifs qu’eux; ils ont plus de vivacité, plus
d’esprit et moins d’éloignement pour lès moeurs, les usages et la
langue des Européens ; mais ils sont en général aussi fanatiques ,
aussi méchans et aussi séditieux. Le plus léger mécontentement
excite parmi eux des 'émeutes ; le moindre prétexte leur fournit
l’occasion d’accuser les Chrétiens, et d’en exiger des taxes plus' ou
'moins fortes. Aussi avides, aussi âpres au gain que les T u rc s ,: ilk
se livrent presque tous à quelque industrie particulière, parce qiiils
n ’ont pas, autant qu’eu x, la ressource du pillage et des avanies. La
plupart sont marins, et foïit les voyages de Rosette et du Caire :
beaucoup sont employés au transport- dés marchandises, au pilotage,
au service du port et-à tous les travaux'que le éommeice nécessite.
Il y a parmi ces dèriiiers des plongeurs fort adrôits.qué l ’on
accuse de percer quelquefois, pendant la n u it , le fond des navires
européens ; pour avoir occasion de réparer eux-mêmes le dommage
qu’ils ont fait. Ils attaquent ordinairement les navires chargés et
prêts à mettre à la voile , parce" qu’ils s’attendent que lé capitaine
s’adressera à dés plongeurs plutôt que de décharger son vaisseau ;
ce qui serait long et dispendieux. L ’Arabe qui a fait le mal né manque
jamais de se présenter , et de leréparet sur lè champ moyennant
cinquante ou soixante piastres qu’on lui compte.
Ôn nous a raconté qu’un capitaine italien, qui s’attendait à pareille
friponnerie, fit mettre, quelques jours avant son départ, des
filets autour de son navire, dans lesquels un plongeur se troüvà
pris. Comme celui-ci fu t retiré mort des filets, cette affaire eut des
suites désagréables, tant pour le capitaine que pour la nation à
laquelle il appartenait, parce qu’en É g yp te , ainsi que dans tout
l ’Empire othoman, rien n’excuse Y Infidèle qui fait périr un M u sulman
t
La culture des terres aux environs d’Alexandrie èst très-bornée,
et confiée à desJ Arabes bédoins qui habitent sous dés tentes." Le
terrain qui environne la ville est sec et aride. On ne cultive guère
que les terres basses qui sont entre le canal d’Alexandrie et le lac
'Maréoiis, ainsi quë les jardins qui se trouyéiït dans l’enceinte de la
yille arabe. Les terres voisines de la côte, depuis A'boüHr jusqu’au
Marabou
Marabou et bien au-delà, sont peu susceptibles de culture, ou ne
le sont pas du tout.
Quoiqu’on ne doive pas regarder Alexandrie- comme ville manufacturière,
on y compte néanmoins deux cents métiers pour la fabrication
d’une étoffe légère de soie, qui sert à vêtir les femmes
et les enfàns des riches : il y a en outre quatre cents métiers de
toiles dites niaugrebines, propres à faire des chemises , et cinquante
métiers d’une étoffe grossière de laine, dont les femmes du peuple
s'enveloppent.
On fabrique huit mille marroquins rouges, que l ’on regarde
comme les meilleurs de l’Egypte : ils passent presque tous au Caire.
Il y a trente savonneries qui travaillent plus ou moins, suivant le
prix des huiles. La soude est abondante en Egypte ; mais on est
obligé de tirer les huiles de Crète, et quelquefois de la Syrie, de la
Morée et de la côte de Barbarie. Le savon est moins estimé que celui
de Crète, et sè vend à plus bas prix.
Alexandrie n ’est à proprement parler qu’une ville d’entrepôt,
où sont déposées les marchandises que l’Égypte reçoit de l’E urope,
de la Barbarie et de la Tu rqu ie, et celles-qu’elle donne en échange,
qui proviennent de son crû ou qui sont apportées de la Nubie et
de l ’Ethiopie par les caravanes, ou de l ’Yémen et des Indes par les
vaisseaux de la Mer-Rouge.
Damiette est l’entrepôt du commerce maritime de la Syrie avec
l ’Égypte : on y embarque aussi le riz destiné pour Constantinople
et pour toute la Turquie. Les navires mouillent en sûreté, pendant
sept à huit mois de l ’année, dans la rade qui se trouve à l ’ouest du
fleuve ; mais ils ne s’y exposent guère pendant l’hiver. Les bateaux
du pays entrent dans le Nil lorsque le Bogas est lib re , et ils vont
décharger leurs marchandises à la ville même, distante de plus de
deux- lieues de la mer. .
Pendant long-tems Alexandrie a été en quelque sorte indépendante
, et n’a reconnu ni l ’autorité légitime dé la Pôffle ni celle que
les Mameluks ont usurpée. Quoique le gouvernement du Caire y
envoyât un commandant militaire, et que les caravelles du Grand-
Seigneur vinssent mouiller annuellement dans le po rt, le pouvoir
Tome I I . B