. Le corps des azabs est sans, force et sans considération depnis
qu’il a été réduit à un petit nombre d’hommes, et qu’on a supprimé
la paye qu’on lui donnait auparavant : le serdar ou commandant
de ce corps est le seul qui l’ait conservée.
Les tersanadgis sont au nombre de six cents : ils reçoivent par
jour . 2000 aspres, et ont un grand nombre d’agrégés qui n’en reçoivent
point. Nous avons dit que le kiayassi-bey était leur commandant.
L a solde des milices d’Alexandrie et des autres villes de l’Égypte ,
ainsi que toutes les dépenses publiques, est prise sur le tribut annuel
auquel cette province est soumise envers la Porte othomane :
il fut fixé, lors de la conquête, à onze cents bourses de 25,oeomé-
•dins (1) chacune, qui doivent être prélevées sur les terres et sur
les douanes.
Le tribunal de justice est composé d’un simple cadi que la Porte
change ou confirme chaque année ; d’un naïb, arabe de la v ille ,
et de plusieurs écrivains également arabes.
Il y a trois muftis qui sont regardés comme orthodoxes, quoiqu’ils
diffèrent entre eux sur quelques points de doctrine et de jurisprudence
: le premier est nommé maliki-mufti. Les opinions qu’il
suit sont reçues des habitans de la Mecque, de Médine, du Caire,
d ’Alexandrie et de la Barbarie. Le second est l’hannéfi-mufti : ses
opinions sont celles de la Porte et de la plus grande partie des Turcs
et des beys du Caire. Le troisième est le chafy-mufti : ses opinions
sont adoptées en Syrie, et par le plus grand nombre des habitans
de Rosette et de Damiette. Il y a un quatrième mufti au C aire, dont
les opinions sont suivies dans l ’Yémen, à Bassora, àB a gd a t, et
par plusieurs habitans de la Romélie.
On compte dans Alexandrie quarante-six mosquées du premier
ran g , et quarante-deux du second.
( î ) Médin ôu para. I l équivaut à peu près à un centime j ce qui fa it i , 3 /5 ,0 0 0
francs
■............. r■ 7 T.-
C H A P I T R E I I .
D es. A rabes du désert : querelle survenue entre eu x et
les A le xa n d rin s. D escription de l ’ enceinte arabe. D es
aig u illes de Cléopâtre. D es monticules fa c tic e s . D es
citernes e t des ja rd in s.
L es terres incultes et arides qui s’étendent au loin à l’occident et
au midi d’Alexandrie, sont depuis bien des siècles le domaine de
quelques tribus d’Arabes pasteurs qui errent péniblement, en été,
avec leurs troupeaux dans les déserts de la L yb ie , et qui se transportent
en hiver aux environs des côtes maritimes et sur les bords
du lac Maréotis, pour consommer les herbages qu’y font pousser
les premières pluies d’automne.
Ces Arabes nomades vivent ordinairement en paix avec les
Alexandrins, et viennent à diverses époques échanger leur beurre,
leur fromage et le superflu de leurs troupeaux contre de l ’orge,
des légumes, des étoffés et quelques métaux. Mais à notre arrivée
en É gypte, la bonne harmonie qui régnait depuis long-tems entre
les citadins et ces habitans des déserts avait été troublée par le supplice
inattendu de deux de ces derniers, accusés de divers crimes.
L a guerre venait de s’allumer à cette occasion ; les portes de l ’ancienne
ville avaient été fermées, et l’on se disposait à repousser
toute attaque qui serait faite par des hommes que l ’on regarde, avec
raison,~comme peu redoutables. Les Bédoins qui habitent sous des
tentes, et qui cultivent la terre au nord du lac pétaient entrés dans
la ville, et l’on voyait sans inquiétude, du haut des murs, des cavaliers
qui rodaient quelquefois au loin dans l’intention de surprendre
quelque habitant. On n’était point tenté de marcher contre
eu x , parce qu’on sait qu’ils fuient au moindre danger, et qu’on ne
salirait les atteindre dans la vaste étendue de leurs déserts.