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E t , dans tous les cas, on supporte bien mieux une forte chaleur
avec un courant d’air très-rapide, qu’une chaleur modérée avec
un calme parfait.
L ’hiver, au contraire, y est plus fro id , parce que les vents qui
soufflent des montagnes à neige de la Perse et du Curdistan, quoique
tres-éloignées , arrivent encore froids à Bagdad, tandis qu’en
Egypte ceux qui soufflent du nord ont perdu de leur âpreté en traversant
la Méditerranée. Le henné, le bananier, ainsi que la plupart
des arbres étrangers que nous avons fait remarquer en É gypte,
ne pourraient pas réussir à Bagdad : ils périraient dans les nuits
où le thermomètre descend à a degrés au dessous de zéro. Ce froid
cependant n’a jamais été capable d’endommager les citronniers et
les cédrats qu’on y cultive , encore moins les palmiers, qui paraissent
se plaire ici bien mieux qu’en Égypte.
Cette chaleur excessive de l’é té , durant le jo u r , et cette fraîcheur
des nuits , n’empêchent pas que Bagdad ne jouisse de tous
les avantages d’un climat fort sain : situé dans une vaste plaine,
battu des vents dans toutes les saisons, il ne peut s’y former des
foyers de contagion : l ’eau du T ig re , la seule qu’on y boive , est
fort bonne : les pluies y sont rares, même en hive r, et le ciel y
est presque toujours serein : l ’été l’atmosphère est si pu re, qu’on
n’éprouve, à- une très-petite distance du fleuve, aucune humidité,
aucune rosée ; et si les terres qui environnent cette ville étaient
toutes cultivées, si on retenait dans leur lit les eaux du Tigre et
de l ’.Euphrate, ou s i, reçues dans des canaux, on les transportait
au loin pour les répandre à volonté sur les champs ; si on les
empêchait de former des mares et des étangs qui vicient un peu
l ’air à quelque distance de la v ille , il n’y aurait pas de contrée
sur la Terre qui fût plus saine, plus animée, plus riche, plus productive
et plus florissante.
On dit que l’astronomie a pris naissance dans ces contrées : on
est bien porté à le croire en vo y an t, pendant six mois de l’année,
les hahitaus passer la nuit sur la terrasse de leurs maisons.
L ’atmosphère est si pure dans toutes les saisons , et le ciel si serein,
qu’on voit, briller les étoiles d’un éclat qu’on ne leur connaît pas
en Europe. Il n’est pas surprenant que cette science ait pris naissance
dans un pays où tout invitait à tourner les regards vers le
c ie l, où la religion même en faisait un devoir. Les Caldéens, en
se livrant à une étude qui a tant de charmes pour ceux qui s’y
trouvent initiés, y auraient été entraînés par la curiosité naturelle
à l ’homme, s’ils n’y avaient été portés par les avantages que l’agriculture
pouvait en retirer.
D d d a