et autant de rameurs ; mais outre que ces récits peuvent avoir été
exagérés ou mal interprétés, un vaisseau de cette force, que l’orgueil
de quelque roi puissant aura fait construire , et qui aura
servi pour un moment d’épouvantail, prouve seulement qu’il y
avait des ports, tels que ceux d’Alexandrie, capables de les contenir
; mais de pareils vaisseaux n’ont pas été habituellement employés
: on sait, au contraire, que les Phéniciens, les Grecs, les x
Romains, les Carthaginois, se servaient, de préférence, de navires
à deux ou trois rangs de rames, assez légers quelquefois pour qu’on
les tirât sur le rivage, et qu’on ne les mît à flot qu’au moment du -
besoin.
Le commerce maritime qui avait rendu' Sidon la ville' la plus
florissante de l’Orient, ne tarda pas à enrichir Tyr dès que celle-ci
eut reçu dans son sein un grand nombre de Sidoniens, qui vinrent
y apporter leurs arts et leurs connaissances nautiques. L ’époque
de cette colonie , dont on ignore le motif, fut aussi celle de
la décadence de Sidon ; car il n’est presque plus fait mention ,
depuis lors, que de T y r ; et quoique la population de la première
fût encore assez considérable lorsque Alexandre parut en Phénicie,
lorsque les Romains s’en emparèrent, lorsque les Mahométans vinrent
s’y établir, néanmoins presque tout le commerce paraît concentré
à T y r, et Sidon ne figure plus que parmi les villes du second
ordre.
L ’époque de cette colonie est bien antérieure au siège de Tyr par
Salmanazar, car déjà toutes les villes de la Phénicie, soumises à
de Ptolémée Pbilator, décrit par Plutarque et Callisthène , et rjui portait, selon ces
auteurs , quatre mille rameurs , quatre cents matelots, deux mille huit cent cinquante
soldats , et un grand nombre d’hommes destinés à l’administration des vivres.,
n’avait pas quarante rangs de rames , mais quarante files de rameurs. Il lui suppose
cinquante gradins de chaque côté , formés de cinq rangs de rames mues, la plus
.basse , par; quatre rameurs ; la seconde , par six ; la troisième , par huit ; la quatrième,
jtftr d i x , et la cinquième par douze; ce qui fait quarante rameurs par
gradin , ou deux mille rameurs de chaque côté. Il explique à peu près de même les
décarèmes , quinquerèmes, etc. Histoire de VAcad. des inscript, et belles-lettres,
tom. X X X V I I I , pu g . 54a et suiv.
cette orgueilleuse cité , se donnèrent volontairement au prince
assyrien : elles préférèrent, un joug étranger à celui d’une ville qui
devait à l’une d’elles sa population, sa puissance et ses richesses.
Au commencement du dix-septième siècle, l’émir Fakr-el-Din,
qui voulait empêcher les vaisseaux turcs d’aborder en Syrie, fit
combler le port de Seyde, au point qu’on le peut traverser aujourd’hui
sans avoir de l’eau jusque aux genoux, excepté vers Son en*
trée, où. les bateaux du pays viennent encore mouiller. Les navires
un peu gros, que le commerce y attire, jettent l’ancre près d’un
îlot qui se trouve à un mille de distance au nord-nord-ouest. Il y
a à l’entrée du port un château en mauvais état, auquel on arrive
par un chemin construit sur une rangée d’arches.
La ville est bâtie sur un plateau peu élevé : elle jouit d’un côté
de la vue de la mer , et de l’autre de celle de la campagne. Les premières
chaînes du Liban se présentent à deux lieues à l’est, et forment
un tableau fort agréable. Le territoire, presque tout en plaine,
est assez bien cultivé, et planté comme celui de Barut, si ce n’est
qu’on y voit un peu moins de mûriers et un peu plus d’orangers : il
est arrosé par l’Aula et par quelques ruisseaux qui prennent leur
source aux montagnes voisines.
Seyde a été pendant long-tems la résidence d’un pacha et celle
d’un consul français ; mais depuis que Dgézar habite Acre et en a
fait sa capitale, le consulat a été transféré au chef-lieu, et Seyde
n’a plus eu qu’un vice-consul. En 1790, époque à laquelle Dgézar
a obligé les Français à abandonner leurs établissemens , il y avait
cinq maisons de commerce dans chacune de ces deux villes", qui faisaient
passer à Marseille pour une valeur de 1,200,000 francs de
marchandises : elles consistaient en coton en laine et en coton filé ,
en toiles de coton, en soie, galles, scammohée, soude et cire. On
exporte aussi de Seyde, pour Alep et Damas, une assez grande
quantité d’oranges, de citrons et de cédrats. On envoie à Constan-
tinople et dans quelques villes d’Italie , de la glu qu’on extrait du
fruit du sébestier.
Il y avait à Seyde, sous la protection de la France , un couvent
de religieux de Terre-Sainte, et un couvent de Capucins. Il ne restait