comme ceux du sud de la ville > moins élevés et plus étendus,
eurent pour objet peut-être de la mettre à couvert du vent de
sud ?
Si les Arabes avaient eu seulement l’intention de déblayer le sol
de l ’ancienne v ille , il était plus simple de jeter les décombres dans
la mer, ou de les laisser hors de l ’enceinte de leur, v ille , plutôt que
de les entasser à grands frais dans l’intérieur. Il nous paraît probable
qu’ils ont vou lu , à l’imitation des Grecs qui les avaient précédés,
avoir dans leur ville des points élevés pour guider les marins,
et pour découvrir au lo in , de leur sommet, les flottes ennemies qui
pouvaient se montrer sur leurs parages. On sait que les anciens
Alexandrins avaient, sur une tour de près de quatre cents pieds de
h a u t , un phare pour guider les navigateurs sur une côte basse ,
fréquente en naufrages.
Parmi les fragmens dont nous venons de pa r le r , nous avons
remarqué des morceaux cassés de porcelaine, qui s’y trouvent en
assez grande quantité. En les examinant-, on voit que 1 art de la
fabrication de la porcelaine n’était pas si avancé en Égypte, q u il
l ’est aujourd’hui en Europe. La pâte n’a point la blancheur et la
compactibilité de celle de la Chine. Elle a un oeil grisâtre, et la couverte
n’est que du verre fondu: elle est inégalé dans son épaisseur,
écaillée et d’une teinte verdâtre.
De savans antiquaires ont prétendu que les vases murrins étaient
des vases de porcelaine. Pline, en annonçant le prix excessif que
le luxe y avait mis dans le tems où toutes les richesses de l’Orient
refluaient vers Rome, n’a pu cependant indiquer l’origine de ces
vases précieux. Il n’est pas douteux que si les Égyptiens avaient su
fabriquer à cette époque de la porcelaine, Pline et les autres auteurs
romains n’auraient pas manque de le dire ; et ces vases d ailleurs
n’auraient pas conservé la valeur que le luxe y mettait, puisqu’il
était si facile aux Romains de se procurer le produit des arts
des Égyptiens, Il faut donc c roire, ou que les vases murrins n’étaient
pas des vases de porcelaine, ou que ces vases précieux, tirés de la
Chine, venaient en Égypte et en Syrie par la voie de l’Inde. Il
en résulterait donc q u e , du tems des Ptolémées , les Égyptiens
commerçaient
commerçaient avec les Chinois par l’intermède des Indiens, qu’ils
achetaient leur porcelaine , et la transmettaient ensuite aux R o mains.
Si l ’on considère la lenteur de ce commerce e t les dangers qui
devaient résulter d’une navigation timide le long des côtes , sans
autre boussole que la terre et les étoiles, on ne sera pas surpris de
l ’extrême rareté des prodùctions de la Chine, et conséquemment
du prix excessif que le luxe avait mis aux vases de' poreelaine.
Tout porte à croire que les arts sont d’une très-grande antiquité
dans l ’Inde et dans la Chine, et qu’ils ont fait peu de progrès depuis
une époque très-reculée jusqu’à nous. La porcelaine la plus ancienne
que nous connaissions, est même plus estimée que celle de nos
jours : d’où je conclus que celle que l’on rencontre dans les décombres
d’Alexandrie, et dont nous avons eu souvent occasion
de voir des vases entiers à Constantinople, à Rosette, à Ispahan,
n’est point venue de la Chine, puisqu’elle en diffère considérablement,
mais qu’elle a été fabriquée en Égypte postérieurement au
siècle de P line, afin d’imiter celle de la Chine, que la rareté rendait
excessivement chère. Il serait curieux sans doute de découvrir
l ’endroit d’où les Égyptiens tiraient la terre propre à la fabrication
de leur porcelaine., à laquelle on pourrait donner un plus grand
degré de perfection, d’autant plus qu’elle pèche plutôt par la couverte
que par la pâte. Mais comment parcourir avec sécurité la
haute Égypte tant qu’une nation fanatique, ennemie des sciences
et des a rts, occupera ces contrées si justement célèbres ? ■
' La facilité qu’il y eut de former deux vastes po rts, capables de
contenir tous les navires que le commerce le plus étendu pouvait
y amener , fut ce qui .détermina le conquérant de l’Asie et de
l’Égypte à jeter les fondemens d’une ville sur un rivage désert,
aride, entièrement privé d’eau douce. Mais Alexandre, prévoyant
la gloire future d’une cité qui devait servir d’entrepôt aux productions
de l’E urope, de l’Afrique et de l’Asie , et devenir le point
central du commerce des Nations, fit creuser un canal spacieux,:
navigable, qui recevait annuellement les-eaux du Nil. De nombreuses
citernes devaient les recevoir et les conserver pour le besoin
Tome I I . ' C