C H A P I T R E I V.
D es ruines qui e x isten t sur le rivage du p o r t neuf. Preuves
que le niveau de la mer n’ a p a s baissé sur la côte
d ’É g yp te depuis p lu s de d eu x m ille ans. Étendue de
l ’ ancienne v ille . D u canal. D u la c M arèotis. H istoire
naturelle.
S i nous nous transportons maintenant de l’autre côté de la ville,
le long du rivage du port neuf jusqu’au cap L o ch ia s, nous serons
étonnés de voir sur toute cette étendue, où quelques auteurs placent
le palais des Ptolémées, des ruines considérables, dont les f’on-
demens sont établis, en certains endroits, bien au dessous du niveau
de la mer. On y rencontre surtout un gros corps de maçonerie ,'
bâti en briques , dont la masse , imposante par son épaisseur,
s’avance à peu près de dis toises dans la mer, et dont les fonde-
mens, construits en gros quartiers de pierres de taille, sont maintenant
submergés par les eaux , sans qu’il soit possible de soupçonn
er, d’après l’horizontalité des couches de maçonerie , le moindre
affaissement dans cette partie. Au-delà de ces ruines on apperçoit,
sur le bord de la me r , une suite assez longue de grosses pierres
de taille, qui paraissent être les restes d’un quai, dont les parties
supérieures ont été démolies afin d’en employer les matériaux à
quelque édifice moderne. Ce mur, d’une construction très-solide,,
avait été soutenu du côté de la terre par de fortes encoules, dont
plusieurs se sont très-bien conservées. Tout cet espacé, jusqu’au
c ap , est parsemé de ruines que la mer a découvertes : on y apperçoit
entre autres des pièces de maçonerie, construites en briques,
cimentées à leur intérieur, ayant de chaque côté une rangée perpendiculaire
d’entailles pour faciliter la descente d’un homme dans leur
intérieur :
intérieur : elles sont accompagnées de canaux de communication ,
et paraissent avoir été autant de citernes de maisons particulières,
destinées à recevoir de l’eau douce. ,
L a plupart de ces maçoneries sont en briques si fortement liées
entre elles, qu’on en voit des masses considérables, écroulée» dans
la mer, que lès vagues ne peuvent entamer. Parmi toutes ces ruines
d’anciens édifices, on remarque des' pavés d’appartçmens, des
bassins de différentes formes , dont quelques-uns en demi-cercle,
placés au milieu d’un massif considérable de maçonerie j des en-
caissemens de six pieds de longueur, rétrécis à l ’une des extrémités,
en forme de baignoires , où l’on apperçoit une sorte de
cruche en poterie, en'clavée dans le mur , qui paraît avoir été destinée
à verser de l ’eau dans la baignoire.
Toutes ces constructions, au reste, sont surmontées de deux ou
trois toises de décombres, excepté du côté de la mer, qué les eaux
et les éboulemens ont découverts ; ce qui ne permet pas d’avoir
une idée exacte de leur construction, ni de reconnaître parfaitement
l ’usage auquel elles étaient destinées.
Ce que l’on apperçoit a si peu d’analogie avec'nos édifices ; les
canaux sont si petits -, les puits, portant des entailles latérales,
sont si étroits ;■ les pièces ont si peu d’étendue, et les massifs de
maçonerie sont si épais et si disproportionnés, qu’on ne peut supposer
autre chose, sinon qu’il y avait, dans la maison de chaque
particulier, plusieurs1 citernes et des chambres à bains,; soit d’eau
de mer , soit d’eau douce. On doit regretter que personne n’ait
essayé de faire déblayer uné partie de ces décombres, pour bien
reconnaître le plan et la disposition de ces constructions.
Mais ce qui frappe le plus dans ces ruines , c ’est que , parmi ces
canaux, les uns ont leur pente de la mer à la terres et les autres ,
placés au dessous , l ’ont de la terre à la mer.. En les considérant
attentivement, on ne peut s’empêcher de croire qu’il y a v a it,
parmi ces citernes, des chambres "à bains qui recevaient l’eau de
la mer par quelque mécanique dans le canal supérieur, et la dégorgeaient
ensuite par le canal inférieur. L ’ouverture de celui-ci n ’est
souvent pas à deux pieds au dessus du niveau des eaux ; ce qui
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