rendu par difïérens peuples à la force génératrice répandue dans
l’Univers.
On sait q u e , dans le voisinage d’Aphaque, petite ville .située
entre Héliopolis et Biblos, il y avait anciennement un temple bâti
sur la pente d’une montagne. Vénus Uranie y était honorée par
tous les habitans de la contrée. Le peuple, certains jours de l’année,
y accourait en foule : la chasteté, la pudeur , la décence, la
modestie , étaient bannies de ce lieu uniquement consacré à la
reproduction de l ’homme. Constantin , dans un accès de zèle religieux,
envoya des troupes à Aphaque, qui détruisirent de fond en
comble le temple de la déesse.
A Hélîopôlis, aujourd’hui Balbek, il y avait un autre temple plus
célèbre , pareillement consacré à Vénus, où les habitans, par principe
de religion , prostituaient habituellement, sans scrupule et
déshonneur , leurs ièmines et leurs filles. Constantin fit aussi abattre
ce temple, e t , par une loi qu’il publia, il fut défendu aux
habitans de se rassembler et de continuer -de rendre aux faux
dieux u n culte que proscrivait la religion du Christ ; il les exhortât
même à embrasser le christianisme et à vivre selon les préceptes,
de la plus sévère décence.
On retrouverait de même, en parcourant toutes les peuplades,
de la Syrie, une infinité de pratiques anciennes , plus ou moins
modifiées par l’introduction des nouvelles religions ou par lé mélange
des peuples conquérans avec les naturels du pays ; et sans
parler des Dru ses, des Maronites, des Ansariés, des Motualis, des
Naplousins, chez lesquels on reconnaît quelques usages des Syriens,
des Israélites et des Phéniciens, nous voyons dans toute lai
Syrie une tribu d’Arabes qui paraissent avoir une religion différente
des autres, et qui descendent peut-être des Ammonites ou des Moa-
bites. Cès Arabes sont circoncis, et fréquentent le&mosquées comme
les Musulmans; mais iis ont entre eux des pratiques particulières.
On dit qu’ils n’ ont jamais de lumière chez eux après le coucher du
soleil : on les connaît à Alep sous le nom de Chingané y on'les
nomme Goctrnés à Acre et sur la côte. Ils sont rusés-, voleurs ,
presque toujours errans : il y en a quelques-uns qui se livrent à
I agriculture ; mais le plus grand nombre vit sous la tente comme
les Bédoins. Ils font des cordes , des nattes, et ont quelques troupeaux.
Ceux qui résident à A le p , sont domestiques, fauconniers;
ils vident les latrines, écorchent les animaux domestiques qu’on a
traînes à la voirie. L ’occupation de plusieurs d’entre eux est de
détruire les chacals : ils chassent aussi la hyène comme on chasse
en Europe le lou p , afin d’exiger par ce moyen quelque argent des
cultivateurs. C’est dans les mêmes vues qu’ils la prennent envie et
la promènent dans les rues d’Alep. La manière dont ils se procurent
cet animal féroce nous a paru assez curieuse. Les Chinganés
entrent avec une lumière, pendant le jo u r , dans les cavernes , les
grottes et les fentes des rochers où ils savent que cet animal fait
sa demeure. Lorsqu’ils en apperçoivent u n , ils s’en approchent
hardiment, criant ou parlant fort haut, afin de l’effrayer. L a hyène,
qui est terrible la n u it , ne fait jamais de mal le jour : il paraît
d ailleurs que là lueur des flambeaux l’intimide ; car elle se retire
au fond de la grotte dès qu’elle l ’apperçoit. Les Chinganés n’ont
pas plutôt atteint 1 animal, qu’ils le lient fortement, le musellent,
et l’entraînent hors de la grotte.
Les Chinganés ne nous paraissent pas différer des Bohémiens ;
car on leur trouve les mêmes moeurs, on leur voit tenir la même
conduite, on leur entend parler la même langue. Ils se livrent à la
magie, et cherchent à faire ici des dupes comme font les Bohémiens
en Europe. Un d’eu x , après nous avoir écorché une hyène
qu’il nous avait amenée vivante, apperçut quelques livres français
sur une table; il nous en demanda un avec instance. Nous consentîmes
volontiers à le lui donner, à condition qu’il nous dirait
ce qu’il voulait faire d’un livre écrit en caractères qu’il ne connaissait
pas. C’est précisément pour cela que je le demande, nous
dit-il ; ce livre servira à ma femme pour prédire l’avenir. Elle y
verra clairement si un homme sera heureux ou malheureux dans
ses entreprises ; si une esclave aura un maître doux ou méchant;
si une femme épousera un jeune homme ou un vieillard ; si elle
aura beaucoup d’enfans. Elle vous d ira , si vous voulez., tout ce
qui vous arrivera, dans vos voyages. Nous remercions votre femme,
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