très-grand nombre dans les cours et les jardins. Leur fruit est assez
estimé à Bagdad.
Quoique ce climat se prête à la culture d’un très-grand nombre
de végétaux, nous croyons cependant que les arbres des pays les
plus chauds n ’y prospéreraient pas aussi bien qu’en É gypte, attendu
que , s il est plus chaud l’été , il est aussi bien plus froid l ’hiver;
C est pour cette raison que le henné, par exemple, n’est point dans
ces contrées, et que le bananier et la canne à sucre ne pourraient
y réussir à moins qu’on ne les cultivât à la partie la plus méridion
ale, aux environs du golfe, où le froid ne se fait jamais sentir.
On cultive avec succès à l ’orient du Tigre et du fleuve des Arabes
, le co ton , le sésame, le tabac et la garance. Qn a introduit
depuis peu la culture de l ’indigo aux environs de Schuster.
On n est pas dans l’usage j en Orient, d’envoyer le boeuf aux boucheries
, soit qu il y soit moins bon qu’en Europe, soit qu’on préfère
de le conserver pour les travaux agricoles ou pour faire mouvoir
les machines hydrauliques. On élève dans la Babylonie le boeuf
ordinaire, le buffle et le bison; mais ils y sont peu multipliés, et le
dernier y est beaucoup plus rare que les autres. On ne mange pas
non plus le chameau, quoique sa chair soit fort estimée : ce n’est
qu’aux grandes fêtes et à quelque événement extraordinaire que
les Arabes tuent un.jeune chameau pour le manger. On ne voit
aux boucheries que le mouton à large queue : il y est très-abondant
et très-bon. Lorsque nous étions à Bagdad il valait cinq paras l ’o o
q u e , un peu moins de deux sous la livre. Il est'fourni par les Ara*
be s , les Curdes et les Jésides. L ’agneau se vend au même prix :
on en mange pendant sept ou huit mois.
Le sanglier est très-commun dans toutes ces contrées : il se tient
toute l’année sur les rives du Tigre et de l ’Euphrate; ile s t répandu
dans toute la Mésopotamie; il habite aussi les montagnes qui séparent
la Perse de la Turquie-. Sa chair est très-délicate, mais il ne
paraît jamais ni aux boucheries n i aux marchés. Les Arméniens
osent rarement se permettre d’en manger , même en cachète. Des
Arabes nous en ont apporté plusieurs fois de très-gros, qu’on leur
payait deux ou trois piastres.
La volaille est très-commune à Bagdad, surtout dans les villages
situés à l ’orient du Tigre. On a une poule ou un très-gros poulet
pour six paras , et un pigeon pour un ou deux. Les francolins (1)
ne se payaient que deux paras. Cet oiseau est très - commun à
l ’orient du T ig re , depuis Mossul jusqu’à Bagdad, mais il est rare
dans les marchés : on n’y voit pas non plus le lièvre, quoiqu’il soit
très-commun dans les déserts et dans tout le Curdistan : leur rareté
provient de ce que les Musulmans ne mangent presque jamais aucun
gibier. On a , l’iiiver, des oiés sauvages en très-grande quantité ;
on les prend au moyen des faucons élevés pour cette chasse. Les
gazelles, que l’on prend aussi au moyen des faucons, ne sont mangées
que par les pauvres , quoique la chair soit reconnue être
excellente.
Les Arabes et les Turcs mangent en général fort peu de poisson.
Les deux fleuves cependant, ainsi que le golfe Persique, leur en
fourniraient une abondante quantité, car ils sont excessivement
poissonneux toute l ’année. Il y a beaucoup d e Musulmans dans
ces contrées, qui poussent le scrupule au point de ne pas manger
d’autres productions animales que le mout-on et la poule.
Les légumes, tels que pois, fèves, haricots, et les herbages, tels
que navets, choux , oseille, sont très-abondans et assez variés. On
y trouve presque tous ceux que nous avons dit être en Égypte ; on
y trouve aussi toutes les variétés de melon, concombre, pastèque,
.courge et melongène.
Nous avons vu au printems une espèce de truffe , très-difïerente
de celle d’Europe pour le goût, la forme et la couleur : elle est
grisâtre intérieurement, et d’une coulèur obscure au dehors; elle
est moins bonne, moins parfumée , mais elle est moins indigeste.
La consommation de cet aliment est très-considérable pendant deux
ou trois mois. Je crois qu’on ne sait pas conserver cette trufïê,
comme en Europe, pour le reste de l ’année. O n ia retire de tous
les déserts de la Mésopotamie et du nord de l'Arabie.
. Tetrao francolinus Linn. Espèce de perdrix un peu plus grosse que celles
d’Europe..