m er , puisque la plupart de celles qui se-trouvent le.long du rivage
le sont également ; et çe qui ne permet pas de douter que celles-ci
aient été des catacombes, c’est que l’on y voit encore les loges a
momies, en tout semblables à celles qui sont à une grande distance
de la mer.
La première idée qui doit se présenter lorsqu’on porte ses regards
sur le nombre prodigieux de ces sépultures, qui occupent un espace
considérable le long de la mer ,. à l’ocCident de l ’ancienne
Alexandrie, espace que les Grecs désignaient sous le nom de N é-
cropolls , c’est de savoir quel fut le peuple assez nombreux pour
exécuter de si grands travaux, quelle a été l ’époque' de ces monu-
mens de piété , d’attachement et peut-être même d’orgueil. L ’Histoire
ne dit point que les Grecs et les Romains aient jamais embaumé
leurs morts, et creusé, dans les entrailles de la te rre, des
lieux assez spacieux pour les y déposer et les conserver à perpétuité.
Ils les brûlaient au contraire, et élevaient des monumens somptueux
à ceux qui s’étaient illustrés ou qui avaient bien mérité de
la patrie. Il faut donc remonter aux Égyptiens., à ce peuple industrieux
, savant et superstitieux qu’il est si intéressant de connaître
et de suivre dans tous les détails de son existence politique et religieuse.
Si les anciens Égyptiens avaient seuls pris le soin d’embaumer
et de conserver leurs morts, on serait alors porté à croire que,
lors de l ’arrivée d’Alexandre en Égypte , il existait déjà une ville
assez considérable, à laquelle ce conquérant n’avait fait que changer
le nom qu’elle portait avant lui ; car en admettant qu’Alexandre
a fondé cette v ille , il faudrait supposer qu’elle lût peuplée à la
fois et de Grecs et d’Égyptiens , et que ceux-ci conservèrent au
milieu de leurs vainqueurs leurs cérémonies religieuses , et qu’ils,
continuèrent d’embaumer leurs morts ; ou bien il faudrait supposer,
que les Grecs, après leur établissement en Égypte, adoptèrent les
moeurs du peuple vaincu , et imitèrent des usages qui flattent la
vanité de l’homme.
Mais ce qui doit faire croire que les nombreuses catacombes
d’Alexandrie sont antérieures à l ’établissement des. Grecs et des.
Romains en Égypte, c’est qu’on n’y trouve point l’architecture
grecque, et qu’on n’y voit aucune inscription : on sait bien cependant
que les Grecs et les Romains les répandaient partout; on sait
qu’ils n’élevaient aucun monument, quelque mince qu’il fû t, sans
y tracer l’époque et les,motifs qui y donnaient lieu. Auraient-ils
manqué d’en remplir les catacombes destinées à passer à la postérité
la plus reculée, et à lui transmettre les noms des personnages
illustres qu’on y déposait?
Les Turcs et les Arabes de notre suite, que la curiosité n’occupait
pas comme nous, quoique munis d’un ample déjeûner, étaient
cependant impatiens de s’acheminer vers la mosquéa, où ils savaient
bien que le dîner les attendait : ils nous rappelaient souvent qu’il
était déjà ta rd, et que la nuit nous surprendrait hors de la ville.
Nous cédâmes enfin à leurs sollicitations, et nous prîmes le chemin
de la mosquée, en nous détournant un peu à droite pour entrer
dans des souterrains très - spacieux , que les Arabes nous dirent
avoir été des magasins publics.
Les terres de tout l ’espace que nous avons parcouru, ne sont
guère susceptibles 4e culture : nous vîmes seulement dans quelques
endroits b as, peu étendus, du côté du la c , des orges et des
blés assez beaux, parce que les pluies y amènent un peu de bonne
terre des lieux plus élevés. Du reste, tout ce terrain paraît avoir
été bouleversé. Les Arabes en ont vraisemblablement tiré les pierrés
dont ils ont bâti les murs de leur ville ; ce qui a sans doute détruit
un grand nombre de catacombes. Au-delà de ce terrain on découvre
le lac Maréotis, qui occupe en hiver une étendue assez considérable.
Son bassin, dont les bords sont à sec dans cet endroit,
vient resserrer la langue de terre sur laquelle nous nous trouvions ,
et ne lui laisse pas demi-lieue de largeur.
Arrivés à la mosquée, nous trouvâmes plusieurs tentes dressées :
deux d’entre elles se faisaient remarquer par leur beauté et leur
étendue. L ’intérieur était garni en nattes, en tapis, et le pourtour
était orné de matelas et de coussins formant un divan à la turque*.
On avait étendu au milieu de la nôtre une natte sur laquelle on
servit un beau dîner, moitié à la française, moitié à l’orientale. L e s