environs de Ras-al-Aïn, et tout le cours des rivières Khabour et
Alhaouli, jusqu’aux environs de Kirkésiéh. C ’était la Mésopotamie
proprement dite des Anciens, divisée en deux provinces, l ’Osroène
à l ’occident, et la Mygdonie à l ’orient.
Cette partie de la Mésopotamie est beaucoup moins élevée que
l’autre, et presque toute en plaine, si ce n ’est aux environs d’Orfa
et de Ra s-a l-Aïn , où l’on voit quelques petites montagnes irrégulières,
et celles de Senjaar,-qui sont presque isolées. La partie que
nous avons traversée , depuis Birth jusqu’à Mossul, nous a offert
partout des indices de volcans éteints , e t , d’après les renseigne-
mens qui nous ont été donnés , nous soupçonnons aussi que le
Senjaar fut un volcan dans les siècles les plus reculés.
Cette zône est infiniment plus fertile, plus riche, plus abondante
en productions que la première, mais beaucoup moins cultivée. Sa
température est assez douce l’hiver : il y gèle p eu , et ce n’est même
qu’à la partie la plus voisine de la première zône. Les chaleurs de
l ’été,y sont très-fortes, et se prolongent jusqu’au milieu de l’automne.
Il y pleut beaucoup à la fin de l’hiver et au commencement
du printems, et peu en automne. L ’été y est très-sec, et la terre y
est desséchée de bonne heure.
Si ce pays était un peu plus arrosé , soit par les pluies, soit au
moyen des irrigations, il ne le céderait, pour l ’abondance et la
diversité de productions, à aucun pays de la terre. En effet, lorsque
les pluies du printems se prolongent un peu, les orges et les
fromens s’élèvent à une grande hauteur, et produisent trente et
quarante fois-autant que la semence confiée à la terre. Dans l’état
actu el, les pâturages y sont excessivement abondans et les troupeaux
fort nombreux. On y récolte des grains et des légumes de
toute espèce, un peu de riz ,. beaucoup de sésame et une assez
grande quantité de coton. L a vigne , l’olivier et le mûrier y viennent
très-bien, mais n’y sont pas assez multipliés. Les abeilles s’y
plaisent singulièrement, et donnent un miel de très-bonne qualité*
Les orangers , les citronniers et les cédrats y sont fort beaux. Les
pêchers, les abricotiers , les amandiers , les figuiers, les grenadiers,
les pruniers , les cerisiers et les poiriers y donnent des fruits
excellens. Nous pourrions citer un grand nombre d’autres productions;
mais comme elles sont moins importantes, nous ne nous y
arrêterons pas.
Sous un gouvernement qui favoriserait l ’agriculture et l’industrie,
qui garantirait aux habitans la sûreté de leurs personnes et
la propriété de leurs biens, cette partie de la Mésopotamie deviendrait
bientôt très-peuplée et très-riche, parce qu’il n’y a pas
de contrée sur la Terre où l’air soit plus sa in , et le sol plus fertile
et plus productif. Mais, ainsi que nous l ’avons déjà d it, ce pays
étant rav ag é, d’un côté par les Curdes, et de l’autre par les A ra bes
, la population, qui y était très-considérable autrefois, a disparu
complètement en beaucoup d’endroits, parce que là où les
habitans n’ont plus été assez nombreux pour se faire respecter
eux-mêmes de ces deux peuples pasteurs et-guerriers, ils ont abandonné
leurs champs et leurs fo y e r s , et ont été chercher ailleurs la
tranquillité dont ils ne jouissaient plus chez eux.
L a troisième zône s’étend jusqu’au 33e. degré 4° minutes, c ’est-
à-dire,' qu’elle finit à quelques lieues au nord de Bagdad. Les Anciens
la plaçaient en A ra b ie , sans doute à cause de la qualité des
terres, qui sont les mêmes que celles du nord-est de l’Arabie.
Cette partie de la Mésopotamie est toute en plaine, et n’est susceptible
d ’aucune culture, si ce n’est dans les vallées que- le T ig re
et l ’Euphrate se sont creusées pour asseoir leur l i t , et où ils ont
ensuite. déposé une couche épaisse de limon. On ne voit partout,
dans ce vaste désert, que des terres grisâtres e f blanchâtres , imprégnées
de sélénite et même de sel marin. Le gypse s’y montre partout
à un ou deux pieds de profondeur; Le bitume n’y est pas rare
non plus : on le voit couler en divers endroits à la surface de la
terre.
En hiver il y gèle fort p e u , et il y pleut rarement : l’été y est
très-sec et excessivement chaud. Dès le milieu du printems tous les
végétaux y seraient hrûlés par l’ardeur du soleil si on ne voyait en
abondance, parmi eux , un grand nombre de plantes grasses et
d’arbustes, tels que les kalis, les.salsdlas, les pallasias, qui conservent
au milieu même de l’été leur fraîcheur et leur verdure. On