n’avaient point encore décrite : on la yo it représentée p l. 3.
Elle appartient au genre ipélanie (1).
Ce pays fournit beaucoup de froment et d’o rg e , beaucoup de
coton en laine , de coton file et de toiles de coton unies ; un peu de
so ie , de laine, de cire et de scammonée : on fait aussi sécher au
soleil une assez grande quantité d’abricots : ces denrées passent à
Alèp ou àLatakie .
En sortant le lendemain de Gesser-Chourl, nous traversâmes, en
montant, un terrain noir , couvert de fragmens d’une lave dure et
solide. Ces fragmens occupent plus de demi-lieue de surface, et
paraissent tous partir du sommet d’une colline qui peut avoir près
de cent toises d’élévation au dessus du sol environnant. Nous traversâmes
ensuite des pays secs, montagneux et calcaires, où croissait
abondamment le styrax; puis nous descendîmes dans un petit
vallon où était un poste gardé par cinq ou six hommes, dont l’un,
armé d’un pistolet, vint le décharger au pied de nos chevaux, pendant
qu’un autre y répandait quelques tasses de café. Gette politesse
nous coûta vingt piastres ; et il fallut toute la fermeté de notre
janissaire, toute l ’adresse de notre' moucre , et de notre part la
résolution bien exprimée de faire usage de nos armes pour borner
à cette somme la prétention de ces gardes.
On voit par-là que ces gaffars, établis originairement pour la
sûreté des chemins, en sont aujourd’hui les fléaux. Les voleurs s’en
moquent; les voyageurs seuls les redoutent; car ils n’y arrivent
jamais sans y disputer long-tems, s’y battre quelquefois, et y être
toujours j>lus ou moins rançonnés.
L e chemin qui est au-delà de ce poste, est tantôt montueux,
tantôt uni, mais en général sec et inculte. Après quelques heures
de marche nous laissâmes, à notre droite , un grand village à côté
duquel se prolongeait un petit coteau presque coupé à p ic , où
nous crûmes appercevoir beaucoup d’ouvertures de grottes. Passé
ce lieu, le sol est un i, et n ’offre plus qu’une vaste plaine entièrement
( 1 ) Melania costata , fusiformi-obìonga , longitudinaliter multi costata ; anfrac-
tibus cylindraceis, olivaceo-nigricans, callo columellari fuscato. Tab. 3i , fig. 3 ,
dénuée d’arbres. Notre moucre nous assura qu’elle était autrefois
plantée d’oliviers, et qu’elle était une source abondante de richesses
pour toute la contrée.' L ’huile qu’on y faisait, était presque
toute employée aux savonneries établies dans la plup.art des villages
des environs. Nous aurions eu de la peine à ajouter foi à
cette assertion s i , en arrivant à Saarmin, nous n ’avions vu un
grand nombre de tas de cendre qui s’élèvent autour de la v ille ,
comme autant de monticules. Notre moucre ajouta qu’un froid
excessivement rigoureux ayant fait périr tous les oliviers de cette
plaine, les habitans se virent ruinés et hors d’état de réparer cette
perte. Depuis lors les fabriques ont disparu, et avec elles la majeure
partie des habitans de ces villages.
Saarmin , où nous nous arrêtâmes après une marche de dix
heures, est à trente milles d’Alep : il occupe une étendue assez
considérable ; mais les maisons habitées ne sont que la dixième
partie de celles qui sont abandonnées, et qui tombent en ruine. Ses
habitans , Curdes et Arabes , professent le mahométisme, et n ’ont
d autre industrie que la culture du froment et de l’orge ; aussi présentent
ils l ’aspect de la plus affreuse misère. L ’eau qu’on y boit,
provient des citernes qui furent construites autrefois , et qui sont
remplies , Iftrs des pluies, par le moyen des rigoles pratiquées sur
le terrain : plus des deux tiers de ces citernes sont abandonnées
aujourd’hui. C ’est par leur nombre et par l’étendue du'terrain
qu’elles occupent, que l ’on peut calculer les pertes considérables
que cette ville doit avoir faites dans sa population depuis que ses
oliviers sont morts, et que les fabriques de savon ont disparu. On
p e u t, sans exagération, évaluer cette perte aux neuf dixièmes des
habitans.
Les Chrétiens y étaient autrefois nombreux. On voit encore, au
milieu du v illage, une haute tour carrée, assez ancienne, et assez
solidement construite, qui était le clocher de lëur église ; elle sert
maintenant de minaret à la mosquée principale.
Qui croirait q u e , dans ce pays de misère et d’abandon, nous
lûmes sur le point de partager notre gîte avec les chacals et lés’
hiboux ! Nous errions depuis long-tems dans cette vaste solitude;