chevaux ,. de leurs ânes, de leurs boeufs et de leurs buffles, qu’ils
mélangent avec de la paille hachée, et dont ils forment des gâteaux
qu’ils font sécher au soleil ; ils se servent aussi pour le même usage
de celle des chameaux : ainsi ce n ’est que parce qu’ils manquent
d engrais qu’ils n’en mettent pas sur leurs terres ; car il est reconnu
que leur usage n est pas inutile, surtout au jardinage. Ils se servent
bien de la fiente des pigeons ; mais c’est plutôt dans la vue de hâter
la végétation de quelques plantes potagères, et surtout des cucur-
bitacées. Ce qu’ils emploient quelquefois comme engrais, ce sont
les terres nitreuses qui se trouvent sur les décombres des villes anciennes
: ils les répandent en très-petite quantité sur la plupart des
champs non inondes et destinés aux petites cultures. Au reste,
comme les terres sont très-profondes, très-mélangées, très-favorables
a la végétation, les engrais peuvent être suppléés,. dans tous
les cas, p ar des labours et des arrosemens.. On sait que dans la basse
Égypte ) ou l’eau des fleuves et des canaux est peu profonde, on
arrose les terres au moyen d’une grande roue mue par un buffle.
Elle est divisée en plusieurs cases qui puisent l’eau, et la versent
dans une auge plus élevée de quelques pieds que le terrain. Mais
dans la haute Égypte, où les eaux sont, pendant plusieurs mois, à
plus de vingt-cinq pieds de profondeur, on a eu recours à des bar-
lanciers mus par des hommes , ou à la roue à chapelet.
L a préparation des terres destinées aux petites cultures consiste
à faire disparaître , avant l ’inondation , les crevasses que la trop
grande sécheresse a occasionnées ; à briser et diviser la terre ; à
donner ensuite un labour préparatoire ; semer immédiatement après
l ’inondation si on a permis à l ’eau de s’introduire, ou après un arror
sement au moyen des machines hydrauliques, si le terrain est disposé
de manière à ne devoir pas être inondé.
Quant aux terres complètement inondées , sur lesquelles sont
établies les. grandes cultures, l’Égyptien se dispense le plus souvent
des labours qui. partout ailleurs sont absolument nécessaires , il
confie la semence à la terre dès que les eaux ont disparu, et qu’il
peut entrer dans son champ. Cette semence lève très-bien en peu
de jours ; la plante croît, pendant l’h iv e r, au.moyen de l'humidité:
que la terre conserve, se passe de pluie et parvient sans elle à son
entier développement. Dans quelques contrées on donne un labour
à la charrue avant de semer , et l ’on enterre la semence avec un
rouleau.
On sent bien qu’une terre, assez fertile pour se passer d’engrais
et de labours, n’a pas besoin de reposer pour produire avec vigueur.
La seide précaution que le cultivateur égyptien se croit
obligé de prendre pour obtenir des récoltes plus productives, c ’est
de se servir d’une semence étrangère au sol qu’il cultive; c’est d’alterner
les cultures ; c ’est de substituer l’orge au froment, le riz au
trèfle, le sairanon aux plantes céréales ; mais il se détermine assez
souvent d’après la valeur de ces productions, et d’après le séjour
plus ou moins long des eaux sur les terres. Si la crûe du Nil est
faible , il sème l’orge plutôt que le froment, parce qu’il doit se récolter
un mois plus tô t , et qu’il exige moins d’humidité que l ’autre.
Si la crûe est fo r te , il préfère la féve des marais : il réserve néanmoins
une portion de son champ aux autres productions, telles que
le safranon , le tEèfle, le riz dans quelques provinces, et la lentille
dans la plupart des autres.
Le grand art des Égyptiens, dans la culture de leurs terres, c’est
de ne pas souffrir de la trop faible inondation, ainsi que de la trop
forte ; .c’est, dans le premier cas, d’avoir les terres bien nivelées, de
faire en sorte que les eaux s’étendent le plus qu’il est possible ; c’est
de multiplier les canaux qui permettent, pendant toute l’année,
d’introduire l’eau dans les champs pour les cultures qui exigent des
arrosemens fréquens ; c ’est, dans le stecond cas , de favoriser l ’écoulement
des eaux ; c’est de garantir de l’inondation, par des diguesi
élevées tout au to u r , les champs destinés à la plupart des cultures ;
car si l’eau s’y introduisait à une certaine hauteur, tontes les plantes
y périraient ou seraient extrêmement endommagées.
Si nous passons au tableau des productions, nous remarquerons
que les plus abondantes sont précisément celles qui manquent à nos
départemensméridionaux; nous jugerons combien la possession de
ce pays eût. été avantageuse à la France , qui eût pu y verser ses
vins, ses eaux-de-vie, ses huiles, ses fruits secs et le produit de ses