deux Cent soixante-dix pieds de long sur quatre-vingt-six de hauteur.
Au milieu est un portique ou grande voûte de soixante-seize
pieds de largeur, cent quarante-huit de profondeur et quatre-vingt-
cinq de hauteur. Les murs de la voûte ont vingt-trois pieds d’épaisseur
, et ceux de la façade dix-huit.
La façade présente au rez-de-chaussée six fausses portes, et deux
autres qui sont ouvertes. On y voit aussi quatre rangées de fausses
fenêtres, fort rapprochées les unes des autres, que l ’on dirait avoir
été des niches à statues : elles ont à peine un pied d’enfoncement.
La rangée qui est immédiatement au dessus des portes, a ses fausses
fenêtres beaucoup plus petites que les autres. Auctme d’elles ne
paraît avoir été ouverte ; ce qui suppose que ce n’est pas par cette
façade que les appàrtemens étaient éclairés.
Ce. monument est un peu dégradé à la partie supérieure de la
façade, ainsi qu’à la partie antérieure de la voûte ; mais les côtés
ont bien plus souffert, Car on doit croire qu’il y avait deux corps
de bâtimens, l ’un au nord et l’autre au sud de la voû te , qui ont
été démolis, et dont on croit reconnaître quelques vestiges. Il y a
aussi, à la face occidentafe, quelques restes demurs, qui font soupçonner
que cet édifice s’étendait encore de ce côté.
On croit communément dans le pays, que T a k-K esré ou Æoiian-
K e s r é veut dire portique ou arcade de Kosroës J mais M. Beau-
champ , dans le Mérfabife déjà c ité , donne à ce dernier mot une
autre signification : il croit que le mot kesré iie Vient pas de Kos-
ro ës, roi parthe, que l’on sait avoir habité Ctésiphon, mais de
k esere, qui veut dire rompu. « La tradition fabuleusè , dit-il, se
* conserve eficore à Bagdad, qu’un vieillard voyant le T a k s’ébran-
» 1er, annonça qu’il était né un grand prophète qui ramènerait
» tous les peuples à la connaissance du vrai Dieu : l’on peut donc
» Croire que les premiers Musulmans arabes, enthousiasmés de
» leur nouvelle religion , à qui ils attribuaient une infinité de
»prodiges pour l ’élever sur les-débris-de la religion juive et de
» l a chrétienne, auront di t , e l- ta k -k e s e r e , le portique est
» rompu. »
Quoi qu’il en soit de cette explication, le T a k-K esré ne noua
paraît pas avoir été un temple consacré au soleil, comme on l ’a
cru communément, mais les restes d’un vaste palais que les rois
parthes firent construire à Ctésiphon, et qu’ils habitèrent tout le
tems qu’ils furent les maîtres de ces contrées. Ils imitèrent en cela
les rois perses, qui passaient une partie de l’année à Suze, à Babylone,
et l ’autre partie à Ecbatane. L ’arcade, qui est restée presque
intacte, était probablement un vaste salon de ce palais, que la chaleur
excessive du climat rendait nécessaire ; car on ne peut douter
que , par son étendue, l’épaisseur de ses murs et son exposition à
1 orient, il ne dût être très-frais, et tenir lieu de ce serdap ou
salon voûté , et enfoncé de quelques pieds dans la terre, où tous
les habitans de ^Bagdad passent leur journée en été. Le palais des
rois devait avoir son serdap proportionné au luxe qu’ils étalaient :
il devait, à cause de son utilité, être la pièce la plus vaste et la plus
belle de tout l ’édifice..
L e sol où l ’on ne peut douter qu’était Ctésiphon, a près de deux
milles d’étendue : on suit, en plusieurs endroits , les murs qui en
formaient l ’enceinte : ils étaient fort épais,.assez élevés, et bâtis en
grandes briques durcies au soleil et liéès avec.de la paille , le tout
disposé par couches, à peu près comme dans le monument d’Ager-
kouf. On y voit par-ci par-Jà, des buttes de décombres et des restes
de murs en briques. Il y a aussi du côte du fleuve quelques restes
de fortes murailles bâties en briques cuites, pour lesquelles on ayait
employé le bitume au lieu de ciment. La végétation , sur le sol
de cette v ille , est plus abondante qu’aux environs : les plantes
y sont plus vigoureuses, et les arbrisseaux plus touffus et plus
forts,
A quelque distance du Tak-Kesré on voit une mosquée, élevée,
dit-on, sur le tombeau du barbier de Mahomet, nomméSuleiman-
P a k , Solim an-le-Pur : les Mahométans vont quelquefois visiter cé
tombeau., et y passer plusieurs jours dans le jeûne et la prière, Le
scheik arabe qui dessert cette mosquée, compte bien plus sur les
offrandes des dévots Musulmans, que sur une faible rétribution
que doit lui donner le pacha.
A la rive occidentale du T ig r e , vis-à-vis Ctésiphon, il y avait
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