par le golfe Arabique, les transports moins coûteux et les dangers
moins grands. T y r déchut alors rapidement de son ancienne splendeur
, mais Palmyre se soutint j elle parvint même, par les rapports
qui s’étaient établis entre les Parthes et les Romains, à un
degré d’accroissement et d’opulence, qui suppose qu’elle fut presque
le seul entrepôt d’un commerce très-étendu. Il est probable
que Palmyre aurait j oui jusqu’à présent des avantages que lui procurait
sa position si elle n’eût été détruite par les Romains , si
l ’Orient n’eût été bouleversé\ensuite par les Arabes, les Croisés et
les Turcs.
Palmyre, située à quatre journées de caravane de l ’Euphrate, à
neuf’ ou dix dei Babylone, à cinq de Damas , à trois ou quatre
d’Emesse et de l’Oronte ; Palmyre , la dernière ville de la Syrie ,
parce qu’elle était la dernière qui eût de l ’eau douce en abondance
et un territoire productif’, dut, par sa position, être l’entrepôt du
commerce que T y r et toute la S y r ie ,. la Grèce et tous les ports
de la Méditerranée firent avec le golfe Persique, la Perse méridionale
et l’Arabie, parce que ce commerce ne pouvait se faire avec
autant d’avantages par le golfe Arabique avant la formation des
ports d’Alexandrie , avant le creusement du canal qui joignit le
Nil à la Mer-Rouge, avant la création d’une marine, avant qu’on
eût détruit dans ce pays le préjugé qui faisait regarder comme flétri
l ’homme qui se vouait à l’état de marin ; e t , lorsque la majeure
partie du commerce de l ’Orient se fût concentrée en E g yp te , lorsque
T y r , Sidon, Aradus eurent cédé à Alexandrie l’empire des
mers, Palmyre néanmoins fut encore très-florissante, parce qu’il
y avait un grand nombre de villes opulentes dans la S y r ie , la
Mésopotamie, l ’Arménie, la Babylonie et la Perse, qui avaient
besoin d’un entrepôt commun pour le commerce qu elles faisaient
entre elles , et pour celui qui continua d’avoir lieu entre la Méditerranée
et le golfe Persique.
Les Arabes ayant transporté à Bagdad le siège de leur Empire,
le commerce de l’Inde reprit en grande partie sa première route.
Palmyre n’existait plus, mais Alep et Damas la remplacèrent. Le
commerce de l’Inde, depuis lors, a continué de se faire par le golfe
Persique
Persique bien plus que par l’Égypte, parce qu’il convenait mieux
aux Musulmans de prendre cette route.
Lorsque les empereurs d’Orient ne possédèrent plus l’É gypte,
la Syrie et la Mésopotamie, les productions de l’Inde arrivèrent à
Constantinople par une route qui en devait augmenter considérablement
la valeur. Elles remontaient l ’Indus jusqu’à Atock : là ,
elles étaient transportées par des chameaux à Caboul, puis à Balch,
d où elles se rendaient à l’Oxus ; elles descendaient ce fleuve jus-
qu à la mer Caspienne, où ôn les embarquait pour le Volga ; elles
remontaient le Volga pendant quelques jours, puis étaient transportées
par terre jusqu’au Tanaïs , d’où elles descendaient auPont-
E u xin , et arrivaient de là à Constantinople. Mais on prenait plus
ordinairement la route de Moultan, Candahar, Hérat et Astérabat,
où 1 on embarquait les marchandises pour le V olga. Quelques-unes
traversaient le nord de la Perse, et venaient dans la Mer-Noire par
la Géorgie, ou bien elles allaient de la Perse dans l ’Arménie, et
s embarquaient à Sinope ou Trébizonde pour se rendre de là à
Constantinople.
La découverte de la route de l’Inde par le Cap de Bonne-Espérance,
et 1 établissement des Européens dans l’Amérique méridionale,
dûrent nécessairement opérer dans le commerce une grande
révolution , puisque , d’une p a r t , l’Europe trafiqua directement
avec 1 Orient, et quelle transporta, de l ’autre, dans ses colonies
américaines, la plupart des productions de l’Inde. Cette découverte,
au reste, ne fut pas seulement amenée par cet esprit inquiet
et agité que montrèrent lès Portügais à la fin du quinzième siècle ;
elle fut le résultat du besoin impérieux qu’on avait des drogues,
des epiceries et des marchandises de l’Inde, qu’on ne pouvait plus
se procurer qu’à des prix exorbitans, soit que les Arabes pillassent
plus fréquemment les caravanes, soit que les Turcs les surchargeassent
d impôts, soit que Venise, par qui se faisait alors tout
le commerce de l ’Orient, eût voulu doubler ses bénéfices. Mais
cette découverte, en détournant pour l ’Europe la route du commerce
de 1 Inde, n empêcha pas que lès Musulmans ne continuassent
à retirer par l ’Egypte, et surtout par le golfe Persique,
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