anciennes sépultures , est nommée par les gens du pays, Top-
d a a g , ou la montagne du Canon , parce qu’il est vraisemblable
q u e , dans les tems modernes, on aura attaqué le fort avec quelques
canons transportés sur cette hauteur.
Nous avons pris au bas du château une hélice inconnue, que
l ’on nous a dit être trouvée fort bonne à manger par les Arméniens
d’Orfa. Elle diffère peu , pour la forme, des espèces qu’on
mange en Italie, en Espagne et au midi de la France ; elle est d’un
gris roussatre, striee transversalement; elle a deux zônes plus obscures,
marquées de quelques taches jaunes , et sa bouche est très-
blanche et recourbée. (PL. 3i , fig. 8 , A , B) (1).
On trouve dans cette ville beaucoup de médailles et de monnaies
en cuivre des rois Abgares ; elles sont peu conservées et d’un bronze
cassant, assez mauvais : celles des Séleucides sont plus rares, mais
beaucoup plus belles. Nous y avons vu des médaillons en argent,
de la plus grande beauté et de la plus parfaite conservation. On y
voit aussi quelques médaillons en bronze des empereurs romains.
Leis monnaies du Bas-Empire, des Croisés et des Arabes y sont
très-communes : on nous en apportait de tems en tems des sacs
qu on nous offrait a vendre pour un ou deux paras chaque monnaie
ou médaille. On en voit parmi ces dernières, avec des figures :
quelques-unes ont, d’un côté, des caractères arabes , et de l ’autre
des têtes grecques. Nous eûmes aussi occasion d’acheter deux
amulettes parthes, dont je joins ici la figure. La première ( P l. 33,
Jig. 6) est plus pe tite, mieux travaillée que l ’autre, et porte avec
elle des caractères et des figures. Elle est en jaspe sanguin. La
seconde (Pl . 33, fig. 7) n’a que des figures : c ’est une. serpentine
ou pierre ollaire, entièrement noirâtre.
On sait qu’Edesse fut pendant long-tems la capitale de l ’Osrhoéne,
province, située à l’orient de l ’Euphrate : lës Séleucides en furent
les maîtres tant qu’ils régnèrent en Syrie. Ce pays appartint ensuite
( 1 ) H e lix guttata depressa , atrinque m odici convexa, tenuiterplicata, guttatìm
rufo bizonata ; labio candido , recurvo ; umbilicum demám obturante. Tab. 3 i ,
fig. 8., A , B.
aux Abgares, qui résidèrent à Ldesse. Un de ces rois est connu dans
l’histoire ecclésiastique, par la lettre qu’Eusèbe prétend qu’il écrivit
à Jésus-Christ, pour le prier de venir le guérir de la lèpre, et
par la réponse qu’il en reçut ; réponse dans laquelle Jésus promet
d’envoyer pour cela un de ses disciples. En effe t, après la mort
de Jésus 1 apotre Thadee vint guérir le roi et convertir les habitans
d Édesse. Environ deux siècles après Garacalla s’empara de ce
pa y s , et en fit une province romaine. I l y fût assassiné par les
ordres de Macrin, qui, de simple gladiateur devenu préfet du prétoire
, eut l’ambition de s’asseoir sur le trône des Césars. Édesse
fut enlevée aux empereurs d’Orient par les Arabes, sous le califat
d Abubeker : les Croisés sien emparèrent en 1092, et l ’érigèrent
en comté. Après bien des ehangeinens, après avoir appartenu ¡mx
soudans d’A le p , aux Mameluks d’Égypte, après avoir été pillée
par Tamerlan, Édesse, ainsi que toute la Mésopotamie, passa an
pouvoir des Othoinans en îS iy , sous Sélim I , et s’y est maintenue
depuis lors. Les seuls maux qu’elle ait eus à éprouver par la
guerre, depuis qu’elle appartient aux T u r c s , lui sont venus desi
pachas qui ont tente plusieurs fois- de s’y maintenir malgré la volonté
du sultan et malgré leur faiblesse réelle. L'histoire des révoltes
des pachas, des expéditions militaires qu’ils ont occasionnées , des
punitions par le fer ou le poison qui se sont ensuivies , ne présenterait
aucun intérêt ; elle prouverait seulement combien l’institution
des pachas est vicieuse, combien il est difficile à la Porte de
les maintenir dans le devoir , ou de les faire rentrer sous l’obéissance
lorsqu’ils s’y sont soustraits. Nous ne devons pas néanmoins
passer sous silence ce dont nous avons été les témoins.
Lorsque nous arrivâmes à O r fa , les habitans étaient dans une
grande agitation : le pacha de Diarbekir, dont ils dépendaient
alors, se disposait à marcher contre e u x , à la tête de deux mille
hommes, les menaçant de les passer tous au fil de l ’épée et de
livrer leur ville au pillage. Ce qui donnait lieu à cette menace ,
c’est que tous les habitans de la ville , fatigués de sa tyrannie , de
ses concussions et de l ’insolence de ses officiers, s’étaient soulevés
à la fois, avaient refusé de payer diverses taxes nouvelles que le