la zoologie ; c a r , quoique la saison fût très-avancée, nous y trouvâmes
quelques plantes rares ; nous prîmes un grand nombre de
graines j nous vîmes quelques oiseaux et quelques quadrupèdes
intéressans, et nous ramassâmes quelques coquilles terrestres, assez
curieuses. Quant à la minéralogie, ce qui est le plus digne de remarque,
c’est une roche blanche, crayeuse, située à un quart de lieue
au sud-est de la v ille , tellement pénétrée de bitume, qu’on le voit
découler de toutes les parties exposées à l ’action du soleil. Ce ¡bitume
est n o ir , extrêmement iëtid e, et en tout semblable à celui qu’on
ramasse sur des roches semblables, à trois lieues d’U z e z , dans les
Cevennes, et qu’on emploie au graissage des roues de voiture.
La position de Latakie est assez agréable. Placée sur un sol un
peu élevé, à plusieurs lieues des montagnes , elle a un territoire
étendu, v a r ié , fertile, et traversé par une rivière dont les eau x,
quoique peu abondantes, ne laissent pas d’en arroser une bonne
partie. Presque toutes les maisons jouissent de la vue de la mer, et
Sont rafraîchies, en é té , par le vent de sud-ouest, qui souffle chaque
jour depuis huit à neuf heures du matin, jusques après le coucher
du soleil. La ville est entourée de jardins et de champs plantés
en orangers, citronniers, oliviers, figuiers, grenadiers, jujubiers,
amandiers, pruniers, abricotiers et myrtes. Ces derniers s’élèvent
à la hauteur de douze ou quinze pieds , et donnent un fruit blanc,
gros comme une petite cerise , parfumé, légèrement acerbe, assez
bon à manger. Il y a très-peu de dattiers, et il est rare que la datte
acquière urie parfaite maturité , parce que, dès la fin de vende-
iûiaire, les fortes chaleurs cessent dans cette partie de la Syrie, et
les nuits deviennent assez fraîches, à cause du voisinage de la mer
et des montagnes de la Cilicie.
La vigne est peu abondante, et le raisin est mangé frais ou converti
en raisiné. Cé n’est que parmi les Druses et les Maronites
établis sur les montagnes, qu’on fait du vin : celui connu par les
Italiens sous le nom de vino doro ou vin d’o r , à cause de sa belle
couleur rousse, a quelque réputation, quoiqu’il ne vaille .pas le yin
sec de Madère, auquel on peut le comparer.
Les terres des environs de Latakie appartiennent à des agas ou
au
au fisc : les cultivateurs qui se chargent, pour un terme assez
lon g , de la culture des premières, paient à ces agas, suivant les
quartiers, un huitième ou un dixième des produits. On prélève en
outre, pour le miri ou impôt territorial, un droit ; savoir : d’un
quart de piastre par olivie r, de quelques paras par pied d’arbres
fruitiers, de quelques piastres par journées de labour, pour un
champ destiné au coton, au b lé, au tabac , etc. Cet impôt, ainsi
réglé lors de la conquête de la Syrie par les Arabes, est soumis
aujourd’hui à l ’arbitraire, et s’élève en raison de la cupidité de
l ’exacteur, et suivant les protecteurs qu’il a à Constantinople. Il
sait qu’il n ’a rien à craindre de la part du pacha de T r ip o li, du
mutselim et du cadi de Latakie, pourvu qu’il verse exactement entre
leurs mains une partie des droits surexigés. <
Les terres qui appartiennent au fisc, sont cédées chaque année
à ceux qui les veulent cultiver. Elles paient moins que les autres ;
mais elles ont l ’inconvénient d’être éloignées de toute habitation.
La récolte n’y est jamais en sûreté comme dans celles qui appartiennent
à des agas, attendu qu’il y a toujours auprès de celles-ci
un village plus ou moins grand, qui les garantit, jusqu’à un certain
po int, de toutes sortes de brigandages.
Latakie dépend du gouvernement de Tripoli. Le pacha de cette
ville y envoie un mutselim, dont l’autorité est un peu mitigée par
celle du fermier du tabac, ordinairement plus riche et plus protégé
que lui auprès du divan. Ce fermier est indépendant du pacha et
de son mutselim pour tout ce qui concerne sa ferme, et il a le
droit de punir de mort, sans jugement, le malheureux convaincu
d’avoir soustrait cette denrée au droit. Il est nommé par le sultan,
sur la présentation qui lui en est faite par le grand-aga de Constantinople
, qui a la ferme générale du tabac de l’Empire. Celle de
Latakie est divisée en quarante-huit actions. On assure qu’elle
produit depuis cinq cents jusqu’à sept cent mille piastres. Comme
le droit est perçu à raison de vingt-deux piastres par quintal, on
peut juger par ce produit la quantité de tabac qui est récolté dans
le territoire de Latakie et des environs.
Ce tabac est plus parfumé, plus savoureux, plus agréable que
Tome II. N n