y voit aussi, en grande quantité, une absinthe très-odorante et un
petit mimosa. Ici le palmier, cultivé sur les bords des fleuves, peut
mûrir ses fruits.
Dans l’expédition de Cyrus, l ’armée, au rapport de Xénophon,
y vit des ânes sauvages et des autruches ; ce qui prouve que cette
partie de la Mésopotamie était aussi peu fréquentée alors, qu’elle
l ’est aujourd’hui. Lés autruches y sont encore nombreuses ; mais
l ’âne sauvage y e s t , dit-on, rare ou ne s’y montre même plus; il
s’est réfugié sur les montagnes et dans les lieux inhabités de la Perse,
où on le rencontre quelquefois. Il est possible aussi qu’il se trouve
dans l ’intérieur de l ’Arabie.
La population de cette partie de la Mésopotamie se réduit à deux
ou trois villages situés sur le T ig r e , et à quelques hordes peu nombreuses
d’Arabes qui parcourent en hiver ces plaines, et y trouvent
pour leurs troupeaux un pâturage, sinon abondant, du moins très-
savoureux : ils s’approchent, l ’été, des fleuves ou des lieux élevés
de la seconde zône. La rive gauche de l ’Euphrate , depuis Kirké-
s iéh , ne présente aucune habitation, et on ne voit p lu s , sur la
droite, que Hit et Anath.
La quatrième zône enfin , qui commence à sept ou huit lieues
au nord-ouest de Bagdad, et à quelques lieues au dessous de Hit,
et se termine au confluent des deux fleuves , au 3oe. degré 5o minutes
de latitude, est une terre d’alluvion, parfaitement en plaine,
de là plus grande fertilité lorsqu’on peut l’arroser. On doit joindre
à bette zône les terres qui sont à droite et à gauche du fleuve des
A ra b e s , depuis K om a jusqu’au golfe Persique. Elles sont toutes
un produit des fleuves, et ne diffèrent que fort peu des terres basses
de l’Egypte.
C’est probablement entre cette quatrième zône et la troisième
qu’a dû être placé le mur de Sémiramis , afin de séparer les terres
cultivables de celles qui ne l ’étaient pas, et les garantir par-là des
incursions des Arabes.
. Cette partie de la Mésopotamie, qui était plus spécialement désignée
sous le nom de Babylonie, ressemble beaucoup au Delta par
la température de l’a i r , la nature des terres et la diversité des
productions : il y fait seulement, ainsi que nous l’avons déjà dit,
un peu plus froid en hiver lorsque les vents soufflent pendant quelques
jours du nord et du nord-est, et un peu plus chaud en été à
cause du plus grand éloignement de la Méditerranée, d’où lui vient
le vent rafraîchissant. Les terres y sont aussi un peu moins fertiles',
parce qu’elles ne reçoivent pas le limon des fleuves avec la même
régularité que celles du Delta. Il faut nécessairement les arroser
pour qu’elles produisent, et les garantir avec soin des inondations,
qui sont ici dévastatrices, parce qu’elles Sont trop subites et trop
irrégulières. C ’est ce à quoi sans doute s’étaient appliqués les peuples
qui ont été autrefois les maîtres de ces contrées ; car on voit
partout quelques restes d’anciens canaux : on rencontre de même,
en beaucoup d’endroits , des amoncellemens de terre, qui se prolongent
à de grandes distances en ligne droite, et qui entourent
des terrains parfaitement nivelés. On croit reconnaître que la plu-
part des terres étaient disposées en échiquier : chaque propriété,
soit qu’elle fût carrée ou de forme triangulaire, avait ses bords
élevés, autant pour la garantir des inondations, que pour avoir
la facilité d’y introduire les eaux d’irrigation sans nuire aux cultures
voisines.
Le Tigre et l ’Euphrate-, comme on sa it, n’ont pas leurs crûes
régulières et constantes comme le Nil. Si les pluies qui tombent au
printems sur les frontières de la Perse et de la Turquie, et sur les
contrées les moins élevées du Curdistan, de l ’Arménie et dô la partie
supérieure de la Mésopotamie, se mêlent tout à coup aux eaux
qui proviennent de la fonte des neiges, alors les deux fleuves reçoivent
un volume d’eau qu’ils ne peuvent contenir ; alors les lieux
les plus bas sont inondés , tandis que ces fleuves ne débordent pas
si les eaux de pluie sont peu abondantes, et la fonte des neiges lente
et successive.
Il en est de même en automne et en hiver : si les pluies sont tout
à coup abondantes dans la première et la seconde zône de la. Mésopotamie",
dans le bas Curdistan et sur les frpntières de la Perse, l’E uphrate
et le Tigre se répandent sur les terres de la quatrième zône,
et y causent des ravages plus ou moins considérables