villes florissantes, ces productions riches et variées, ce peuple lab
o r ieu x ; ces troupeaux nombreux qui firent jadis de l’Égypte une
des pins belles et des plus riches contrées du globe. Il voit à leur
place un peuple malheureux, opprimé, quelques villages de boue
la plupart abandonnés, quelques restes de canaux où l ’eau s’amasse
'lors de l ’inondation, et y croupit le reste de l’année; quelques productions
que le cultivateur arrache à regret d’unè terre qui ne lui.
appartient pas : il voit le despotisme et Ses terribles effets, 1 ignorance
avec tous les maux qu’elle entraîne, le fanatisme -avec son
glaive à deux tranchans ; il pousse un profond soupir , et détourné
les yeux , ne pouvant contempler des maux qp il n est pas
en son pouvoir de faire cesser.
Lorsque nous fûmes descendus, nous examinâmes avec attention
si , comme l’ont prétendu plusieurs écrivains, et en dernier
lieu S av ary , la pyramide est enterrée en grande partie dans le sable.
Savary en paraissait si persuadé, qu’il a cherche à expliquer,
par cet aterrissement, la différence qui se trouve entre la mesure
que les Anciens et les Modernes ont donnée de sa hauteur. Cependant
s’il eût observé avec attention les bases de la pyramide ; il
aurait reconnu que le roc sur lequel elle est assise, parait en quelques
endroits , et qu’on y voit distinctement le premier rang de
pierres, qui sont trois ou quatre fois plus grandes que celles qui
viennent après ; il aurait jugé d’ailleurs ,■ par la tranchee ouverte
que nous avons fait remarquer à peu de distance de la face orientale
de la pyramide, et dont les bords montrent la roche à découv
e r t , qu’il était impossible que ce monument fût partout enterré
seulement d’une toise. S’il y a effectivement quelques amoncéle-
mens, ils dépendent visiblement des débris, soit de son revêtement,
soit des matériaux qui ont été retirés de son intérieur; tel est celui
qu’il y n. au devant de l’ouverture : mais ces amoncélemens ne se
trouvent pas partout. On remarque aussi quelques buttes de Sable
que le vent amoncèle et déplace alternativement ; mais elles ne
sont ni bien nombreuses ni bien considérables. Ainsi donc, avec
un peu d’attention, on est bientôt persuadé que la pyramide doit
paraître actuellement aussi élevée que dans les tems antiques ; et
ce
ce que nous disons de celle-ci doit s’appliquer également à celles
qui T a voisinent, et peut-être à toutes celles qui sont répandues
dans la: plaine des Momies.
S’il restait quelques doutes à cet égard, ils seraient bientôt levés
en observant la seconde pyramide située âu sud-ouest de la première
: elle est presque aussi élevée que l ’autre; mais elle a un peu
moins de base (1). Placée sur un rocher dont la pente était de
quatre à cinq toises, on crut devoir applanir le terrain ; d’où
résulta une coupure à l’e st, au nord et à l ’ouest;. au milieude
laquelle la pyramide fut construitei ¡Entre: sa base .et la xoupùre
du rocher , il n ’y-¡a pas moins de cinquante pas : on -apperçoit sur
cellè-ei, de distance en distance ; les'portes des chambres qui furent
taillées dans le rocher : il y a , dans la plupart de ces chambres, des
puits carrés, par lesquels on descend'dans des galeries terminées
par d’autres chambres, qui ont- probablement renfermé des mo-1
mies. Il n ’est pas rare dé vo ir, tant à l’intérieur detoutës ces chambres
, qu’au dessus de la porte d’entrée, des hiéroglyphes assezbien
conservés,; malgré le peu de dureté de la roche. :
* L ’alignement, la position et la hauteur de toutes; les portes de
ces anciennes sépultures, dont le seuil n’est pas même enterré dans'
les sables , sont une nouvelle preuve que le sol actuel ne. is’élève
pas au dessus de l’ancien sol. On voit.bien, à la vérité’, du sable-
dans cet encaissement , ¡et surtout à la base de la pyramide : on y'
voit bien' aussi dés amoncélemens de pierres qu’on doit attribuer
aux débris de son revêtement , dont il existe- encore une bonne
portion à son extrémité'supérieure; mais cè sable et cet amôncéle-:
ment de pierres’n’ont pas élevé' le sol de deux toises au dessus du
niveau des portés correspondantes : d’où "il faut conclure que les
pyramides de Gizéh ont la même hauteur qu’elles avaient autrefois
; qu’il est faux que leur base soit enterrée au-delà de quelques
pieds, et que s’il y a des différences entre les proportions que les
Anciens et les Modernes leur ont données , éllès dépendent de toute
{1) I.c clu-j-l-re-n a , selon le cit. Grobert , six cent cinquante-cinq pieds de base ,
et trois cent quatre-yingt-dix-la.it de hauteur.. ■ : - - k
Tome IL L