manufactures ; mais on sentira aussi combien plus il importerait
aux nations civilisées de l ’Europe et de l’Amérique d’établir sur
cette contrée un peuple nouveau, qui tînt sans cesse ouvertes les
portes de 1 Océan indien, qui débarrassât le commerce de ses entraves
, qui délivrât l’agriculture de ses liens, qui appelât de toutes
les parties de la Terre l ’homme a c tif, industrieux,
B l j ,
L ’Egypte fut autrefois un des greniers de Rome : elle l ’était aussi
Ue 'l'yr , de Sidon, d Aradus, de la Grèce et de toute la partie occidentale
de l’Arabie; elle le sera un jo u r , sans doute, de la France
méridionale; car l’excédent de ses grains est encore très-considérable
, et le p r ix , jusqu’a ce jo u r , en a été fort modique, parce qu’on
n’a permis de l ’exporter que pour l ’Arabie et les provinces de l’Empire
othoman. On y connaît deux sortes de iroment, le dur et le
tendre, qui se divisent en plusieurs variétés plus ou moins remarquables.
La récolte s’en fait, à la haute É gypte, au commencement
de ventôse; mais elle est retardée à mesure qu’on descend dans la
basse Égypte : elle a lieu dans les premiers jours de germinal au
Caire, et quinze ou vingt jours plus tard aux environs de Rosette
et de Damiette. Cette fixation n’est pas cependant de rigueur; car
après une forte inondation, les terres étant plus imprégnées d’hu-
jnidité et la chaleur moins précoce, la récolte peut être retardée
de plus de quinze jours. Le khramsi d’ailleurs hâte beaucoup la
maturité des b lé s, et leur nuit très-souvent lorsqu’il souffle de
trop bonne heure et avec trop de violence.
O r g e ,
On çultive l’orge à six rangs de grains. Le produit en est aussi
considérable que celui du froment ; mais la consommation en est
plus grande dans le pa ys, parce que le prix étant fort inférieur à
celui du froment, le peuple, à qui il ne reste presque rien pour prix
de ses travaux) est obligé dé s’en contenter. Il en sort néanmoins
une quantité considérable qui va à Constantinople, à iimyrne ,et
dans les îles de l’A rchipel,
R i z .
On ne cultive le riz qu’aux environs de Rosette, de Damiette et
dans le Fayoum ; et quoique ce soit la base de la nourriture de
l ’homme aisé dans les campagnes, et de presque tous les habitans des
villes, il en sort une assez grande quantité pour la Syrie, la Grèce,
Constantinople, Sniyrne et la majeure partie de l’A sie mineure.
F è v e s .
Les É gyptiens, selon Hérodote, ne mangeaient les feves ni crues
ni cuites. Us n’en semaient jamais dans leurs champs ; et quand il
y en croissait spontanément, ils ne les récoltaient pas. Les prêtres
n ’en pouvaient pas même supporter la vue : ils s’imaginaient que ce
légume était impur. Les Égyptiens d’aujourd’h u i, au contraire, en
sèment prodigieusement, en font une grande consommation, tant
pour eux que pour leurs bestiaux, et en exportent une assez grande
quantité.
L e n t i l i .e s .
Ce légume est cultivé en grand dans la haute Egypte. La quantité
qu’on y en récolte, est très-considérable : le Delta en fournit
aussi. On le passe dans un moulin pour lui enlever son écorce et la
réduire à ses deux cotylédons. U est meilleur que dans nos contrées*
et est consommé en grande partie par tpus les habitans de l ’Égypte.
On en exporte cependant une assez grande quantité dans les autres
provinces de l’Empire.
D o u n a .
On en cultive de deux espèces, le sorgho , holcus sorghum, et te
millet à chandelle, holcus spicatus. Mises en farine seules, ou mélangées
avec de l’orge , on en fait un pain assez mauvais, mais
auquel les gens de la campagne sont accoutumés. On en fe.it aussi
une sorte de bouillie avec l’eau pure et le beurre, ou avec le lait.
M a ï s .
Sa culture est aussi étendue que celle du doura , et sa consomma tion