fleuve n’a pu couler dans le désert de la Libye, puisqu’on n’y voit
aucun dépôt, puisqu’il n’y existe aucune terre d’alluvion : ainsi
nous né nous arrêterons pas davantage sur ce point. Nous ne nous
arrêterons pas non plus à l’opinion des Anciens, qui prétendaient
que le lac avait une issue souterraine dans le syrte de Libye. Si
cela était v ra i, les eaux se seraient écoulées par-là, et le lac aurait
disparu ou aurait considérablement baissé pendant les six mois
où il ne reçoit plus les eaux du Nil.
Quant aux travaux du roi Moeris , nous ferons remarquer que
le roi qui aurait pu creuser ce lac , tel qu’il existait autrefois ,
aurait exécuté un travail bien supérieur à celui de deux ou trois
pyramides. Si ces travaux avaient été fa its , ils auraient exigé, un
déplacement de terre dont on trouverait encore des traces j caries
terres amoncelées sont presque impérissables : on en'a des exemples
dans les tombeaux de la plaine de T ro ie , dans les monticules
de la Syrie , de la Mésopotamie et du Curdistan j dans ceux d’A lexandrie.
Ce lac avait , selon Hérodote , trois mille six cents stades de
tour (environ cent vingt lieues ), et jusqu’à cinquante brasses de
profondeur ; ce qui aurait produit, comme on v o i t , une haute
montagne si toutes les terres retirées de cet espace avaient été
amoncelées.
Mais il paraît que les mesures d’Hérodote sont inexactes , à
moins qu’il n’y comprenne les canaux qui furent faits à l’occident
du N i l, et qui communiquaient avec le lac proprement dit. Ce lac
ne pouvait avoir plus d’étendue que n’a la province du Fayoum,
et cette étendue n’a pu varier puisqu’elle est circonscrite par la
sinuosité du coteau libyque : elle est de huit à dix lieues de diamètre.
Néanmoins quand ce lac n’aurait eu que six lieues, la terre
qu’on aurait retirée dans un pareil espace se montrerait encore
en plusieürs endroits.
Moeris ne creusa point ce lac vil existait indubitablement avant
lui ; mais il y fit des travaux ; il le rendit plus utile ; il creusa ou
répara le canal par lequel il communiqua avec le N il, et dès-lors il
p u t , comme le dit Hérodote, recevoir pendant six mois les eaux
du
du fleuve, et les lui rendre, les six autres mois. Moeris creusa divers
canaux d’arrosement qui partaient dû lac , afin que toutes les
terres de cette province pussent être arrosées.
Mais ce qui prouve que le Fayoum a été sous les eaux , c’est
qu’on n’y voit qu’une terre d’alluvion, semblable à celle de la basse
Egypte ; c’est que les bords du lac ne sont pas plus élevés que ceux
de Menzalé, Burlos et Maréotis. Une partie de cette province n’a
pu être encore comblée par les limons du Nil ; mais elle le sera tôt
ou tard : déjà même le lac est beaucoup moins étendu, et beaucoup
moins profond qu’il ne l ’était lorsque les Grecs s’emparèrent
de l’Egypte.
Tome I I . X