
Hi
146 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
k la fécondé vifion dans laquelle J. C . lui dit,que
les Juifs ne recevroicnt point fon témoignage, &
l’envoïa aux gentils.
Les Juifs écouterent faint Palil jufques-làuuais
quand il vint à nommer les gentils, qu’ils avoient
cn horreur , ils s’écrièrent : Otez cet homme , ii
ne doit pas vivre. En criant ils ôroient leurs manteaux
, k jettoient de la pouffiere en l’air. Le tri-
bun fit mener faint Paul dans la citadelle ; & voulant
fçavoir la caufe qui mettoit ks Juifs en telle
furie contre l u i , il voulut le faire foiietter , & le
mettre à la queftion.Saint Paul étoit déjà hé,quand
il dit au centurion qui étoit prefcnt : Vou s cft-ü
permis de foiietter un citoïen Romain , fans l’avoir
jugé ? Le centurion l’alla dire au tribun , qui
vintlui-même demander à S.Paul,s’ilétoit citoïen
Romain. Oiii, di t - i l , je le fuis. Le tribun répon-
dit ; J’ai acheté bien cher ce droit de cité. Moi,
u;». uh.qy.fag. dit faint Paul , je l’ai par ma naiffance.En effet,c’é.
toit un privilège de la ville de Tarfe : tous fe
citoïens étoient cenfez Romains , k elle portoit
le titre de Municipium plus grand que celui de
Colonie , parce que dans les guerres civiles elle
avoit témoigné fon affedion pour Jules Cefar, &
enfuite pour Augufte, jufques à prendre le nom de
Juliopolis. S. Paul aïant déclaré qu’il étoit citoïen
Romain , ceux qui vouloient le tourmenter fe retireront
auffi-tôt , k le tribun craignit d’être re-
•r.Max.tih. p t j s , même dc l ’avoit fait lier. Car ilnetoitpis
permis de faire fouetter , ou battre de verges 1«
Vah
4
Vert
L i v r e P r e m i e r . 147
citoïens Romains, poux quelque caufe que ce fût.
Le lendemain le tribun voulant fçavoir plus exactement
de quoi faint Paul étoit a c cufé, le délia,fit
affembler le fanedrin,ou confeil des Juifs, k le fit
paroître au milieu d’eux. Comme il coramençoità
parler, le fouverain pontife Ananias commanda Aa.xxm.
de lui donner un foufflet. S. Paul lui dit : Dieu te
frappera,muraille blanchie. On lui repréfenta que
c’étoitle fouverain Pontife, & il s’e x c u f i , difant :
Je ne fçavois pas qu’il le fu r , car la loi défend de
.donner des malediélions au prince du peuple.
Il n’eft point merveilleux que faint Paul, quoique
Jui f , & nourri à Jerufalem , ne connût point
Ananias , ou ne fçût pas qu’il étoir iouverain
pontife II y avoit peu fcjourné depuis fa converfion
; c’cft-à-dire , depuis près de vingt-cinq
ans ; k pendant cc tems il y avoit eu grand
nombre de pontifes. Car depuis le regne d ’He- jo/.xy.m,t.r
rode, ils n’etoient plus à vie , k ne fuccedoicnt
plus felon l’ordre legitime. Ce roi fit venir de
Babylone un nommé Ananécl , liomme mépri-
fable, quoique de la race facerdotale, & à fon
exemple les autres r o i s , ôz les gouverneurs Ro-
mainsii changerem les pontifes à leur gré ; en-
forte que depuis cet Anan é e l , jufques à la ruine
de Jerufalem , il y cn eut vingt-huit dans l’efpa-
ce de cent iept ans. Cette confufîôn marquoit Ea/.i.n/f.i.i.
affez que l’ancien facerdoce ailoit s’abolir, pour
faire place au nouveau. Le pontife que faint Paul
uc connoiffoit p a s , étoit Ananias fils dc Nebedée,
T i j
i■ : »
!ï-
!.. û '
r iT.
■I ; ' I- ■
r H II
1