
4 5 8 H I STOIRE ECCLES I AS T IQ.UE.
préfet de R om e , & periliada au centurion qui
l ’avoit arrêté, & qui étoit de fes amis : qu’il n’y
avoit qu’à l’interroger feulement s’il étoit chrétien.
Prolomée l’avoüa ingenuëment, & le centurion
le tint en prilon long-tems, avec de grandes
rigueurs. Enfin il fut mené au préfet Urbicius
, qui ne l’interrogea que de ce feul article, s’il
étoit Chrétien. Pro ornée le confelTa conftam-
m en t, Sc Urbicius ordonna qu’il fût mené au fu-
plicc. Alors un nommé L ü c iu s , qui étoit aulîi
Chrétien , s’adreffant au préfet lui fit ce reproche
: Pourquoi condamnez-vous un homme qui
n’a commis, ni adultéré, ni homicide, ni v o l, en
un mot qui n’eft convaincu d’aucun, crime mais
feulemenr qui confelfe le nom de chrétien.Croïez-
m o i, U rb ic iu s, ce jugement ne convient point
aux maximes du pieux empereur, ni du philofophe
fon fils, ni du facré fenat. U rb ic iu s, làns autre
réponfe dit à Lucius : Il me femble que tu
es aulîi de ce nombre ; Sc Lucius ayant conllam-
ment dit qu’oüi ; le préfet commanda qu’il fût
auffi mené au fupplice. Lucius d it , qu’il lui ayoit
une grande obligation , puifque non-feulement
il feroit délivré de fi méchans maîtres : mais qu’il
iroit à Dieu ce pere & ce roi ü bon. Il en furvint
un troifiéme qui fut auifi condamné. T ou t cela
fe palîà à R om e , environ l’an cent foixante &
fix.
S. Juftin prit occafion de cet événement, pour
A». lit-
Juftin'. montrer l’injuftice des magiftrats, dans fa fecon-
U.
L i v r e t r o i s i e’ m e . ' 4 5 9
de apologie adrelfée au fenat Romain. On nous
dira, dit-il, Tuez-vous donc tous,& vous cn allez
trouver D ieu, iàns nous embarraifer davantage.
A quoi il répon d , que la foi qu’ils ont cn la
providence ne leur permet pas de le faire. Enfuite
il montre l’origine de l’idolatrie, dont les démons
font les auteurs. Que le vrai Dieu n’a point de
nom particulier. Qiie les mauvais démons ont
toûjours perfecuté ceux qui ont fuivie la droite
raiibn , comme Socrate. Je m’attensauffi,dit-il,
à fenrir les artifices de quelqu’un dc ceux que l’on
nomme philofophes , & d’être mis en croix :
quand il n’y auroit que Crefcent le Cynique. Il
a jo û te , que pour autorifèr les calomnies que l’on
impofoit aux Chrétiens, on mettoit à la queftion
des eiclaves , des enfans, des femmes, & on leur Mmp- ¡o.a
faifoit fouffrir des tourmens horribles, pour extorquer
d’eux la confeffion des inceftes & des repas
de chaire humaine, dont on accufoit les Chrétiens.
Ceux qui nous accufent dc ces crimes,
aioûte-t-il, les commettent eux-mêmes, & les
attribuenr à leurs dieux : pour n ou s, comme nous
n’y avons point de p a r t , nous ne nous en mettons
pas en peine , ayant Dieu pour témoin dc
nos a ftion s & de nos penfées.
1! conclut aiiifi: N ou s vous prions, que cette
requête foit rendue publique, après que vous l’aurez
répondue comme il vous plairarafin que les autres
connoiffent ce que nous fommes, & que nous
puiffions être délivrez dc ces faux foupçons, qui
M m m ij
IS LÍ