
420 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
faifons du cliriftianiirne, fçachant qu’il y va de la
vie. Si nous attendions un roïaume terreftre ,
nous nierions, nous nous cacherions, pour nous
conferver & en joüir ; mais comme nos eiperan-
ces ne font pas pour cetre vie : nous ne nous fon cions
pas d’être tu ez , fçachant qu’il faut toûjours
mourir. De tous les hommes nous fommes les
plus propres à concourir avec vous pour la paix,
étant perfuadez qu’il eft impoftible que perfoniiî
fe cache de Dieu, ni le méchant, ni l’avare, ni
le traître, ni l’homme de bien : & que chacun
marche à un fupplice ou à un iàlut éternel, félon
le mérité de fes aftions. Car fi tous les hommes
connoifloient ces veritez : perfonne ne choifiroit
le vice pour un peu de temps, fçachant qu’il 1e
conduiroit au feu éternel; mais il n’y auroit rien
qu’il ne fît, pour fe contenir & acquérir la vertu:
afin d’obtenir les biens qui viennent de Dieu.
N i vos loix ni vos fupplices ne retiennent point
les méchans: ils fçavent que Ton peut fe cacher
de v o u s, qui n’êtes que des hommes : mais s’ils
étoient perfuadez qu’il y a un D ieu , à qui il eft
impoffible de rien cacher, non feulement de nos
a ftions ; mais de nos penfées : vous conviendriez
vous-mêmes, que la crainte au moins les ren-
droit fages. Mais il femble que vous craigniez
que tout le monde* ne vive bien, & que vous
n ’ayez plus perfonne à punir. Penfe'e plus digne
de bourreaux que de bons princes.
Il explique la doftrine des chrétiens, diiànt
L i v r e t r o i s i e ’ m e . 421
qu’ils adorent premièrement le Dieu éternel au- x x xv in .
teur de to u t, puis en fécond lieu fon fils J . C. qui uÛme!“
a été crucifié fous Ponce Pilate, & au troifiéme
rang ils honorent Tefprit prophétique. Pour
montrer qu’ils ne font pas infenièz, d’adorer un
homme crucifié: il dit que cet homme eft la fouveraine
ra ifo n , qui change entièrement fes fefta- ,
teurs. Autrefois nous aimions la débauche, à f - R
prefent nous n’aimons que la pureté, nous qui
employions l’art magique, nous nous abandonnons
uniquement à la bonté de Dieu. N ous ne
cherchions que les moyens de nous enrichir, &
nous mettons en commun nos biens, pour en faire
part aux autres. N ous nous haïiTions jufques à
la m ort, & fu ivion s nos coûtumes, de ne manger
qu’avec nos compatriotes. Depuis la venue de
J . C. nous vivons enfemblc familièrement, &
nous prions pour nos ennemis. N ou s nous efforçons
de convertir nos perfecuteurs : afin que vivant
félon les préceptes dc J . C. ils efperent de
Dieu le même bien que nous efoerons. Et enfuite :
Nous pouvons en montrer plufieurs, qui ayant été
avec nous ; de violents & emportez, fe font changez
ôdaiiTez vaincre: ou par la vie réglée de leurs
v o ifin s, ou par la patience extraordinaire des
compagnons de leurs voyages, ou par la fidélité
qu’ils ont éprouvée dans les affaires.
S. Juftin rapporte enfuite quelques préceptes de
la morale de J . C. Ses difcours, dit-il, écoicnc p. êi.ix
courts ôc concis ; car ce n’étoit pas un fophifte,
G g g i i j