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4 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t î q j j e .
leur dit ce qui s’étoit paffé à Jamnia , l’ordre que
Petrone avoir reçu , la follicitation que les Juifs
de Paleftine lui avoient fa i te , & tout le refte.
-nno.ug.p. D a n s le même tems , c’e f t -à-dire, peu après
q u e l ’emp e r e u r eut fait r é p o n f e à P e t ro n e , le r o i
s J F f fC c 'J ' Agrippa qui étoit à Rome , & ne fçavoit rien
debout cela , vint pour lui faire fa cour. Il vit
que l’empereur étoit en colere Si le regardoit dc
travers, & Une fçavoit qu’en penfer. L’empereur
lui dit : Agrippa , je veux vous tirer de peine.Vos
bons 6c fidcles fujets, qui feuls de tout le genre
humain ne me tiennent pas pour un dieu , lein-
blent par leur défobéïffance chercher la mort.
J’ai ordonné que l’on confacrc dans leur temple
une ftatuë de Jupiter: 6c ils font forris dc la ville
& du plat païs à grandes troupes , en apparence
pour demander grâce , en effet pour réfifter à
mes ordres. Il ailoit cont inuer, mais Agrippa a-
près avoir changé plufieurs fois de couleur, commença
à trembler depuis la tête jufques aux pieds,
ôc fût tombé fi ceux qui fe trouvèrent proches
ne l ’cuffent foûtenu. On l’emporta à fon logis
privé de fentiment. Mais l’empereur n’en fut que
plus irrité contre les Juifs,Car,difoit-il,fi Agrippa
mon ami, qui m’a tant d’obligat ion, eft fi attaché
à fa religion , qu’il ne peut entendre une parole
qui la choque, fans tomber en foibleffe : que dois-
je attendre des autres que rien ne retient ?
Agrippa demeura fans connoiffarfce tout ce
jour, & k jour fuivant jufques au foir. Enfin étant
L i v r e P r e m i e r . 45
revenu à l ui , il écrivit à l'cmpercur une grande
let tre, oû il lui rcptefcntoit ; qu’étant Jui f ôc né
à Jerufalem, il ne pouvoir s’empêcher de prendre
l’incerêt de la ville ôc de toute la nation. Que
Jerufalem étoit regardée comme capitale ôc métropole,
non-feulement parla Judée, mais par les
Juifs établis dans tous les païs vo i f ins , ôc principalement
au-delà de l’Eufrate , oû ils étoient en
très-grand nombre ; que tous fenriroicnt l’effet
de la grace qu’il demandoit : que cette grace n’étoit
m le droit de cité , ni la liberté ; mais icule-
ment la confervation de leur religion. Venant
au temple en particulier , il reprefcntoit qu’il
avoit éré épargné par les ennemis mêmes, ôc ref-
ped é par les étrangers. Q u ’Agrippa aïeul de 1 33. C? .
l’empereur avoit admiré le bel ordre du fervice ;
’empereur Tibere avoir confervé les droits
e , ôc de la fainte cité : jufques à obliger
Pilate à ôter de Jerufalem des bouchers d’or qu’il
lui avoir confacrez , quoique fans aucune image:
qu’Augufte avoit défendu d’empêcher les Juifs ^
de s’affembler dans leurs fynagogues , ni d’envoïcr
leurs c o lk d ë s à Jerufalem , ôc avoir lui-
même fondé un facrifice perpétuel d’im taureau
ôc de deux agneaux tous les jours : que l ’impcra-
îrice Livie fon époufe avoit donné au temple
des coupes d’or ôc d’autres vafes précieux. Agrippa
finiffoit par les graces que lui-même avoïc
reçûës de l ’etnpereuriôc conc lu o i t , que paroiffant
en être tant aimé , s’il n’obtenoic pas cette liberté
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