
8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
avant qu’il fe paifatune generation , comme J .C ,
3j. l ’avoir prédit : d’ailleurs la charité qui les uniiToit
écoit la marque qu’il avoit donnée pour connoître
fes difcip es.
r/,7». f uoi. Il y avoit depuis lons-tems des Juifs qui prati-
quoient ia vie commune.On les nommoit Elleens,
ou Effeniens,comme plus faints que les autres.Car
Jof. II. h ,u . c. de rous les Ju i fs , c’écoic ceux qui avoient le plus
.le réputation pour la vertu. Ils fuïoient les grandes
villes & habitoient dans des bourgades : leur
occupation étoit le labourage , Si les métiers in-
noccns ; mais ils ne s’appliquoicnt ni au trafic ni
à la navigation.Ils n’avoienc point d’efclaves, mais
ils fe fetvoient les uns les autres. Ils mépriioient
les ncheiTes ; n’amaiToient ni or ni argent ; ôc
ne poifedoicnc pas même de grandes pieces de
terre : le contentant du neceifaire pour la vie : ôc
s’étudiant à fe paffer de peu. Ijs vivoient en commun
mangeant enfemblc , ôc prenant à un même
veftiaire leurs habits qui croient blancs. Plufieurs
logeoient fous un même toit Les autres ne comp-
roienc point que leurs maifons leur fuffent propres
; elles étoicnt ouvertes à tous ceux de la même
fccte. Car l’hofpitalité étoit grande entre eux ,
& ils vivoient fami ieremcnt enfemblc fans s’être
jamais vûs.Ils mettoient en commun tout ce que
produifoit leur travail, ôc prcnoient grand foin des
malades.
La plûpart des Effeniens renonçoienr au ma-
rnariage ôc v ivoient en continence ; craignant l ’infidel
i té
L i v r e P r e m i e r . 9
fidélité des femmes ôc les divifions qu’elles cau-
ffnt dans les familles. Ils élevoient les enfans des
■autres, les prenant dès l’âge le plus tendre , poulies
inftruire ôc les former à leurs moeurs. On é-
prouvoit les poftulans pendant trois années : une
pour la continence , les deux autres pour le refte
des moeurs. En entrant dans l’ordre , ils lui don-
noient tout leur bien , ôc vivoient enfuite comme
frétés : en forte qu’il n’y avoit entre eux ni pauvres
ni riches. On choififfoit des oeconomes pour
chaque communauté.
Ils avoient un grand refpedt pour les vieillards
ôcgardoient une grande modeftie , ils retenoient
leurcolere , ne mentoient ni ne juroient point ,
excepté le ferment qu’ils faifoient en entrant
dans l ’ordre. C ’étoit d’obéir aux fuperieurside ne
fe diftinguer en rien , fi on le devenoic : ne rien
enfeigner que comme on l’auroit appris : ne rien
celer à ceux de la feéte ; n’çn point révéler les
myfteres à ceux de dehors, quand il iroit de la vie.
Leur feule étude étoit la morale;qu’ilsapprenoienc
dans la l o i , principalement les jours de fabbat ,
affemblez dans leurs fynagogues avec grand ordre.
Il y en avoit un qui l i f o i t , un autre qui ex-
phquoit.Tous les jours ils obfcrvoient de ne point
par et de chofes prophanes avant le foleil levé ,
ôc de donner ce tems à la priere. Enfuite leurs
fupeneurs les cnvoïoient au travail. Us s’y appli-
quoient jufques â la cinquième heure, qui revient
à onze heures du matin. Alors ils s’aifembloient
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