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la fécondé fois; c’eil l’an cent fept de J .C . Nous
en fûmes nous mêmes ipedlateurs avec larmes ; ôc
dans la maifon nous, veillâmes toute la nuit,&
avec beaucoup de genuflexions & de prières, nous
demandions à Dieu de nous fortifier en notre foi-
blcife, nous faifant connoître ce qui s’étoit paifé.
Nous nous endormîmes un peu: & quelques-uns
virent Ignace comme prefent tout d’un coup &
nous cmbraflant : les autres comme priant
pour nous ; & au fortir d’un grand tra v a il, fe
preièntant au Seigneur , avec une grande confiance
& une gloire ineffable. Cette vûë nous a
remplis de joye : ainfi glorifiant Dieu & loüant
le Saint, nous vous avons déclaré le jour & l’année
de ibn martyre: afin que nous aifemblant cn
ce même tems, nous ayons part à ce généreux
atblete, glorifiant en fa iàinte mémoire N . S, J. C.
Cependant S. Polycarpe ne fçacbant pas encore
arrivé à S. Ignace depuis fon départ
‘ ' écrivit aux Philippiens pour en apprendre des
nouvelles : en répondant à une lettre qu’ils lui
avoient écrite. Nous avons encore celle de iaint
Polycarpe , connuë & reverée dc route l’antiquité.
Elle commence ainfi : Polycarpe , & les
prêtres qui font avec lu i , à l’égliie de Dieu qui
eil à Philippi : que la miièricorde & la paix fe
multiplie fur v o u s , de la part de Dieu cout-puif-
ià n t , ôc du Seigneur J. C. notre Sauveur. J’ai
pris grande part à la joy e que vous avez eue en
N . S. de recevoir les modèles de la vraye charixin.
Ed it. Coteler»
L i v r e T r o i s i e ’ m e . 573
té, & d’avoir conduit, comme il nous convenoir,
ceux qui étoient chargez de chaînes iàcrées, qui
iont les diadèmes des vrais élûs dc Dieu : & de
ce que votre foi folide & publiée dès les premiers
tems, demeure jufques à prefent , & fruélifie
pour N . S. Il parle dans la réception qu’ils a voient
faire à iàint Ignace, ôc aux compagnons de fon
voyage.
Il leur donne enfuite plufieurs inilruélions u tiles;
& defcendant au particulier, il veut que les
femmes ayent un amour fincere pour leurs maris,
I & une charité égale pour les autres, dans une
pureté parfaite : ôc qu’elles inilruifent leurs enfans
dans la crainte de Dieu. Q iie les veuves, il
faut entendre principalement les diaconeiTes,
foient modérées dans ce qui regarde la foi ; c’eil-
à-dire, qu’elles ne veüillent pas en fçavoir trop,
j Qu elles prient fans cclfe pour tous : entièrement
I éloignées de la calomnie , de la médifance , de
I l’avarice & de tout mal: içachant qu’elles font les
I autels de Dieu : qu’il vo it tout ce qui cft en nous,
|& que rien ne lui eft caché jufques aux penfées
lies plus lécrettes du coeur. De même les diacres
j doivent être fans reproche, comme miniftres de
|Dicu ôc de J. C. ôc non des hommes. N i calom-
I niateurs, ni doubles en leurs paroles , ni avares :
I mais retenus en toutes choies. Compâriftans, foi-
Igneux, marchant iélon la veriré de Dieu. Q u e ls
I premier foin des jeunes gens foit de conferver la
I pureté , ôc de tenir en bride leurs defirs. Q ii’ik
A a a iij
«.4.
». J.
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