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4 5 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
il vint en Paleftine o ù il fe fit chrétien : ôc corn»
me il avoir de Tefprit, il acquit une telle eftime,
q u ’il parvint aux premieres places de l’églife. On
le mit en prifon pour la foi : ce qui augmenta fa
réputation. Les chrétiens firent tous leurs efforts
pour le délivrer: ôc comme il éroir impoffible, ils
lui donnoient rous les fecours imaginables. On
vo y o it dès le matin des vieilles femmes, des veuv
e s, des enfans orfelins, qui attendoient à la porte
de la prifon. Les plus confiderahles des fideles
ayant gagné les gardes, paffoient la nuit avec lui
au dedans , s’entretenant de difcours de pieté.
On lui apportoit des vivres en abondance. Quelques
églifes d’Afie envoyèrent des dépurez, pour
le vifiter, le confoler & lui porter du fecours: car
les chrétiens n’épargnoient rien en ces occafions,
En iorte que Peregrin amaiîa beaucoup d’argent,
fous ce prétexte de perfécution. •
Le gouverneur de Syrie qui aimoit la philofo-
ih ie , & v o y oit que cet homme méprifoit la mort;
e mit en liberté. Il retourna en fon p a ïs , où
pourappaifer ceux qui vouloient encore le pourfuivre
à caufe de fon parricide ; il abandonna àb
ville ce qui lui reftoit de bien, ôc s’acquit ainfi b
réputation d’un veritable philofophe. Alors il b
remit à voyager , affüré de ne manquer de rien
par la charité des chrétiens, qu’il trompoit encore.
Cela dura quelque temps. Mais enfin Ü
mangea de quelque viande défendue , peut être
de quelque viftinie des idoles : & les chrétiens
L i v r e t r o i s i e ’ m e 4 3 9
n’eurent plus de commerce avec lu i, l’ayant reconnu
pour ce qu’il étoit. Il voulut rentrer dans
fon bien, par l’autorité de l’empereur, mais il
ne put l’obtenir, Ac fe remit à voyager. En Egypte
il s’exerça à tout ce que les Cyniques prari-
quoient de plus impudent, pour montrer combien
ils méprifoient l’opinion des hommes. En
Italie il fe mit à médire de tout le m on d e , k
principalement de l’empereur : jufqu’à ce que le
véfet de R om e , voyant qu’il abufoir trop de la
ponté du prince, le chailà; ce qui lui fit encore
honneur devant les ignorans. Il paffa en Grece, où
il continua de médire, k d’exciter les peuples à
la révolte. Toutefois il fut eftimé de plufieurs,
pendant quelque féjour qu’il fit à Athenes, logé
dans une cabane hors la ville.
Enfin fè voyant vieux & meprife, parce qu’il ne
faifoit ni difoit pius rien de nou veau, il s’avifa de
fe rendre illuftre par une morr extraordinaire. A
l’affembléc des jeux olympiques, qui étoir la plus
grande folemnité de toute la Grece : il promit qu’à
’olympiade fuivante il fe brûleroit. I f tint parole.
La premiere année de la deux cens trenre-fixiéme
olympiade, les jeux étant finis, il fit dreffer un
^ grand bûcher, & la nuit accompagné de plufieurs
I autres Cyniques, il vinr y mettre le feu; ôra fà befà-
ce, fon manteau & fon bâton ; car c’étoit l’équipage
des Cyniques, jetra de l’encens dans le feu, &
.3 tourné vers le midi : Démons de mon pere k
I «e ma mere, recevez-moy favorablement. Auffi-
YÎ GeU. h b . XII.
6 . I l ,
Euf. Chr . an.
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