
%
I r i f
K**'
&,J!4
x v i i j P R E F A C E .
ce n’cft pas pour former ou exprimer de nouveaux do gmes, c ’ eft feu lement
pour déclarer ce qu’elle a toujours c rû , & appliquer des remèdes
convenables aux n ouvelles fubtilitez des heretiques. Au refte elle
fe croit infaillible en vertu de la promeiTe de fon fond.ateur ; & ne
permet pas aux particuliers d ’examiner ce qu’elle a une fois décidé.
La regie de la foi eft la revelation d iv in e , comprife non feulement
dans ré c r itu re , mais dans la trad ition , par lacpelle elle connoît
mcme l ’écrirure.
X 1. Quan t à la difcipline , nous voyons dans cette hiftoire une politique
Difcipline. toute fpirituelle & toute celefte. Un gouvernement fondé iur la char
it é , ayant uniquemenr pour but I’utiiitb p ublique, fans aucun intérêt
de ceux qui gouvernent. Ils font appeliez d ’e n h a u f la vocation
divine fe déclare par le choix des autres pafteurs & par le confen-
tement des peuples. O n les choifit pour leur fcul m é r ité , & le plus
fouvent malgré eux : la charité feule & l’obéiiTance leur font accepter
le miniftcre, dont il ne leur revient que du travail & du peril ; & ils
ne compteur pas entre les moindres perils celui de tirer vanité de
l ’a ffedion & de la veneration des peuples, qui les regardent.comme
tenant la place de Dieu m ême. C e t amour refpeiftueux du troupeau fait
toute leur au to r ité , ils ne prétendent pas dominer comme les puilTan-
ces dit fie c le , Si fe faire obéir par la contrainte extérieure : leur force
eft dans la perfuafion : c ’eft la fainteté de leur v i e , leur d o d r in e ,
la charité qu’ils témoignent à leur troupeau par toutes fortes de fer-
vices Si de bienfaits qui les rendent maîtres de tous les coeurs. Ils
n’ufent de cette autorité que pour le bien du troupeau même j pour
convertir les pecheurs, reconcilier les en n em is , tenir tout â g e , tout
fe x c dans le devoir & la foumiflion à la lo i de Dieu. Ils font maîtres
des biens comme des coeurs , & ne s’en fervent que pour affifter
les pauvres; vivant pauvrement eux-mêmes, Sc fouvent du travail de
leurs mains. Plus ils ont d ’auto rité, moins ils s’en attribuent ; ils
traitent de frcres les prêtres & les diacres, ils ne font rien d ’important
fans leur confeil & fans la participation du peuple. Les évêques
s’alTemblcnt fouvent pour délibérer en commun des plus grandes affaires
, & fe les communiquent encore plus fouvent par lettres ; cr»
fo rte que l’églife rcpanduc pat toute la terre habitable n’eft qu’un feul
corps parfaitement uni de créances & de maximes.
La politique humaine n'a aucune part à cette conduite. Les évêques
ne cherchent à fe foutenir par aucun avantage temporel, n id e r ic h c f-
f e s , ni de credit, ni de faveur auprès des princes & mngiftrats ; même
■ious prétexte du bien de la Religion. Sans prendre de parti dans les
euerrcs c iv ile s , fi fréquentés en un empire e l e a i f , ils reçoivent pai-
iibicment les maîtres que la p rovidence leur d o n n e , p ar le cours o rdin
a i r e des chofes humaines, ils obéilTent fidelemenr aux princes payens
& perfccuteurs, .& réfiftcnt couragcuiement aux princes Chrétiens ,
.quand ils veulent appuyer quelque erreur ou troubler la difcipline.
P R E F A C E . xix
Mais leur l'éfiftance fc termine à reftifer ce qu’on leur demande contre
les regles, & à fouffrir tout & la mort même, plutôt qu ed e l’ac-
cordet. Leur conduite eft droite Sc fimple, ferme Si vigourcufc fau.s
hauteur , prudente fans fincffe ni deguifement. La finceiitc cft le c.a-
ra é le re . propre de cette politique celefte : comme elle ne tend qu à
faire connoître la v é r ité , & à pratiquer la vertu : elle n ’a bcfoin ni
d'.artifices ni de fecours étrangers : d ie fe foiitient par elle - même.
Plus on remonte dans l ’antiquité ecclcfiaftique, plus cetre candeur
& cette noble fimplicité y éclate ; enfoite que l'on ne peut douter que
les apôtres ne l'ayent infpirée à leurs plus fideles difciples , en lent
confiant le gouvernement des églifes ; s’ils .avoienr eu quelqu’autre
fecret , ils leur atiroient enfeigné, Scie temps i ’auroit découvert. Et
qu’on ne s’m.aginc point que cette Craplicité fût un effet de peu d’cf-
prit ou de l’éducation grofîlere des apôtres & de leurs premiers dif-
.(ripies ; les écrits de S. Paul, à ne les regarder mêmeque namreUcment,
ceux de S. C lem en t pape, de S. Ignace, de S. Polic.arpe, ne donneront
pas une opinion mediocre de leur efprit ; Sc pendant les fiecles fui-
vans on v o it la même fimplicité de co n d u ite , jointe à la plus grande
fubtiliré d ’e fp r ir , & la plus puiiîànte éloquence.
J e fçai que tous les évêques, même dans les meilleurs temps, n’ont
pas également fuivi ces fainres re g le s , Sc que la difcipline de l'églife
ne s’eft pas confervée auffi pure '& auffi in v a r ia b le , que la doclrine.
T o u t ce qui gift en p ratique , dépend en partie des hommes , Sc fe
fent de leurs défauts. Mais il eft toujours confiant, que dans les premiers
fie c le s , la plûpart des évêques étoient tels que je les d é c r is , <Sê
que ceux qui n’étoient pas tels , étoient regardez comme indignes
de leur miniftcre. Il cft conftant que dans les fiecles fuivans on s’cft
.toujours propofé pour regle cette ancienne difcipline : on l ’a confcrv
é e ou rappellée autant que .l’ont permis les circonftances des lieux
& des remps. O n l ’a du moins admirée & foiihaitéc ; les voeux de tous
les gens de bien ont été pour en demander à Dieu le rét.abliffement;
& nous voyons depuis deux cens ans un effet fenfible de ces prières.
•C ’en eft afl’ez pour nous exciter à connoître cette fainte antiquité, &
nous encourager à i'étiidier de plus en plus.
Enfin la derniere chofe que je prie le Icâieur de confidercr dans cette
-hiftoire, ¡S; qui eft plus univerfellement à l’ufagc de to u s , c’eft la pratique
de la morale Chrétienne. En lifimt les livres de pieté anciens Sc
modernes , en lif in t l’évangile même, cette pcnfée vient quelquefois
à l ’efprit : Vo ilà de belles maximes, mais font - elles pratiqiiables î des
hommes peuvenr-ils arriver à une telleperfcélion : En voici la démon-
ftration; ce qui fe fait réellement eft poffib le, & des hommes pciivenc
pratiquer avec la grace de D ie u , cc q u ’elle a fait pratiquer à tant de
faints, qui n ’étoient que des hommes. Et il ne doit relier aucun doute
.touchant la vérité du fait : on peuts’a ffiu cr , que tout ce que j’ai mis
.dgns cet ouvagc eft auffi ce r ta in , qu’aucune liftoire que nous ayons..