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3 0 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q .u e .
Jofophe , & le fit mettre aux fers avec les plus criminels.
Etant dans le cachot , comme Damis le plap
g n o i t , il lui dit: Je n’ay plus rien à fouffrir & on
ne mc fera poinr mourir. Et quand ferez-vous délivré
, dit Damis ? Par mon juge , dit Apollonius,
aujourd’h u y : par moi-même , tout à l’heure: &
cn difanc cela il tira fà jambe des fe r s , & dit à,Damis
: Je vous montre la preuve de ma liberté, prenez
courage. Damis crut a lo r s , pour la premiere
fo i s , avoir reconnû qu’Apollonius étoit audelTus
de l’homme, & d’une nature divine. Car il ne crdioit
pas, que cette merveille pût s’attribuera un art magique
, pnifqu’Apollonius l’avoir faite làns aucun
facrifice, fans aucune priere , fàns aucune parole :
comme fi les démons ne pouvoient agir fans cet appareil
extérieur. Mais enfin c’étoir leur opinion,
Apollonius remit incontinent fà jambe dans les fers:
& le même jour on l’en tira , à la fbllicitarion d’E-
lie n , pour le remettre dans l’autre prifon. Il renv
o y a Damis à Pouzole, pour l’y attendre avec De-
nierrius, & Damis y arriva le troifiéme jour.
Apollonius fut enfin mené devant l’empereur,
pour plaider facaufè. En entrant on lefoüilla,cl£
peur qu’il ne portât quelque bandage , quelque
b illet, ou quelqu’autre forte de caraéterc. L’auditoire
étoit paré, comme cn jour fokmncl ; & les
perfonnages les plus confiderahles de l ’empire
étoient prefens, par l’ordre de l’empereur. Apfh
que l’accufateur eut parlé , Apollonius fe préparoir
L i v r e s e c o n d . 3 0 c
foic à prononcer un grand difcours, qu’il avoir
compofé pour fà défenfe : mais l’empereur le rc-
cluifir à quelques queftions. Pourquoi il ne s’ha-
billoit pas comme les autres ; parce, d i t - i l , que
i,i terre qui me n o u r r it, me vêtit aufli ; fans être
à charge aux pauvres animaux. Pourquoi on le
nommoit dieu ? Parce, dit Apollonius, que quiconque
efl cftimé homme de b ien, peut être honoré
de ce nom. Erpar où fçaviez-vous,dit l’empereur,
la maladie qui devoir arriver à Ephefe, pour
la prédire? La nourriture fimple queje prends,_ dit
Apollonius, me fit appercevoir le premier du mal:
& fi vous voulez , je vous dirai les caulés dc ces
A maladies. Il n’cn eft pas befoin , dit l’empereur :
é craignant peut-être qu’il ne lui reprochât fes cri-
mes. Après avoir penfé quelque tems, il lui dit :
, Ditcï-moi, quand vous fbrtîtes de la maifon un
jtcl jour, & que vous allâtes à la campagne, à qui
; ficrifiâtes-vous cet enfant r Parlez mieux, dir Apol-
, : lonius, fi je filis allé à la campagne, j’ai facrifié ; fi
j’ai facrifié , j’en ay mangé ; que des témoins dignes
de foi difént ce qui en eft. Voulant faire en-
rendre qu’il n’étoit rien de tour ce cela.
I II y eut un grand aplaudiffement de route l’af-
fcmblée , & l’empereur comme perfliadé de fes
raifons, dit : Je vous renvoyé ablous des accufà-
tions, mais vous demeurerez , ¡in'qucs à ce que
nous nous entretenions en particulier. Croira qui
voudra fur la foi de Philoftrate , que Domitien,
rua des plus cruels tyrans qui fut jamais, rcn-
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