
46B H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
c e s , fans les croire néceiTaires, fera-t-il fauvé;
A mon a v is , il le fe ra, dit Ju ftin ; pourvû qu’il ne
contraigne pas aux mêmes pratiques les gentils
convertis à J . C. comme vous faifiez au commencement
de notre entretien. Try phon reprit:
Mais pourquoi direz-vous, à mon a v i s , finon parce
que d ’autres n’en font pas? Qu e lqu es-un s, dit
Ju ft in , croyent que l’on ne doit avoir aucun commerce
avec eux ; mais je ne fuis pas de cet avis.
Car fi par foibleiTe ils veulent obferver ce qu’ils
p e u v en t, de ce que Moïie a ordonne , pour la du-
recé du coe u r , croyant en même temps à J . C. &
obferva,nc les commandemens éternels; ians faire
difficulté de vivre avec les autres ch ré tien s, ni
les obliger à ces obfervances ; il faut les recevoir
comme nos freres ôc nos entrailles. Mais s’ils veulent
obliger les fideles d’entre les g en t ils , à ob-
ferver la loi de Moïfe , fous peine de ne point
communiquer avec eux: je ne les reçois pas. J e
croy bien to u te fo is, que ceux qui fe laifferoient
p e rfo ad e r, d ’obferver la loi avec la confeffion dc
J . C . pourroient être fauvez. Mais ceux qui après
l’avoir reconnu &c co n fe ifé , auroient paffé auxob-
fervances lé g a le s, par quelqu’autre m o t if que cc
fû t , ôc enfuite auroient nié qu’il fut le C h r ift, ôc
ne s’en'feroient pas repentis avant la m o rt; je
dis qu ’ils ne feront point fauvez. Ec ceux dc la
race d’A brabam , qui vivent fe lon ía lo i, s’ils ne
croyent en Chrift avant la m o rt, je dis qu’ils
ne feront point fauvez non plus: principalement
L i v r e t r o i s i e ’m e ,’ 469
ceux qui prononcent anathême contre lui dans
leurs fynagogues.
Il reproche aux Ju ifs qu’ils prononçoient ainfi
des malédidtions publiques contre les chrétiens,
ôc il a jo û te ; La puiffance qui regne aujourd’hui
ne vous permet pas de les tuer de vos propres
m ain s: mais toutes les fois que vous l ’avez p û ,
vous l’avez fa it. Après avoir crucifié le Ju l i e ,
quand vous avez vû qu’il étoit monté au c ie l,
fuivant les prophéties : vous avez choifi des homm
es, que vous avez envoyez de Jerufalem par
toute la terre: dire qu’il a commencé à paroître
une fe d e im p ie , dont l’auteur a été J e s u s de
G a lilé e , ôc publier les facrileges dont nous ac-
cufenc ceux qui ne nous connoiffent pas. Les Ju ifs
continuent encore en ce fiecle de faire comme
alors dans leurs prières publiques ôc particulières
desimprécationscontreJ.C.Ôccontre eschrétiens.
S. Ju ftin prouve la vérité de notre d o ftrin e ,
premièrement en diftinguant les deux avenemens
du Meftîe: le premier, oû il a paru m ortel, fans
gloire ôc fans be auté, paffant pour un a rtifan , Sc
faifant des cbaruës ôc des jougs. Car il marque
cette efpece d’ou vrag es: ôc il pouvoit l ’avoir a-
pris p ir une tradition recente. Le fécond avenement,
eft celui où le Meffie paroîtra g lo r ieu x ,
ôc viendra fur les n u é es, fuivant la prophétie de
Daniel, S. Juftin montre ces divers états duMef- b m .
fie , par e pfeaume 109. que l’on ne peut entendre
d’E z e ch ia s, comme vouloient les Ju i f s , puif-
N n n iij
/>. 33J. C ,
B u x to r f
c. y. ó ' i I .
LIV.
Preuves de la
dodlrine ch ré tienne.
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