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Epiph, h i r , 1 7 .
5.
Matth., V. z y .
384 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
chm.yjirom. qng J ¿[oit fils de Jofeph, né córameles au-’
tres hommes ; & diftingué feulement par fa vertu
: que les auges avoient fait le monde , & que
3 0 ur arriver à Dieu , quieftau-deíTiis d’eux, il fa-
oit avoir accompli toures les oeuvres du monde,
& de la concupilcence , à laquelle il faloit obéir
en tout: difant que c’étoit cet adverfaire à qui l’évangile
ordonne de ceder, tandis que l’on eft avec
lui dansla joye. Que l’ame qui rebftoit à lacon-
cupiicence en étoit punie , en paftànt après la
mort dans un autre co rp s , ôc enfuite dans uu
autre , jufques à ce qu’elle eût tout accompli.
Q i i ’ainfi le plus iur étoit de s’acquirer de cette dette
au plûtôt : en accompliiTant dans ce corps où
l’on iè trouve , toutes les oeuvres de la chair. Car
ils tenoient qu’il n’y avoir point d’adtion bonne
ou mauvaife de foi : mais feulement par l’opinion
des hommes. De ce principe fu iv o it, que toutes
les impudicitez é to ien t, non-feulement permifcs,
mais commandées.Auffi n’y en avoit-il point que
les Gnoftiques ne pratiquaflent. Car lesièdtateurs
de Carpocras, aufli-bien que ceux de Bafilide, fe
donnoient ce beau nom : qui fignifie foavans ou
illuminez, & que les catholiques appliquoient aux
chrétiens les plus parfaits.
Les Gnoftiques donc déteftoient le jeûne , difant
qu’il venoit de l’auteur du monde : ils fe
nourrifloient de chair , de vin ôc de viandes dé-
licieuicsrfe baignoient & fe parfumoient le corps
nuit. Souvent ils faifoie
Epiph* h&r, iC ,
n. J. 4-
jour & n u it. foient leurs prières entièrement,
L i v r e t r o i s i e ’ m e ? 383
îierement n u d s , comme pour marque de liberté.
Les femmes étoient communes entr’eux : ôc
quand ils recevoient un étranger , qui étoit dc
leur fedte , d’abord ils lui faifoienr bonne chere,
quelque pauvres qu’ils fuifent : après le repas le
mari offroit lui-même fa femme : & cetre infamie
iè couvroit du beau nom de charité. Ils nom-
moienr auffi leurs aifemblées agapes : ou l’on dit “■
qu’après les excez de bouche , ils éteignoient la
lumiere , & luivoient indifféremment rous leurs
défirs. Toutefois ils empêchoient la génération
autant qu’ils pouvoient. O n les accufoit même
de faire avorter les femmes ; ôc de commettre
plufieurs abominations làcrileges, que l’on peut
voir plus au lon g dans S. Epipbane, qui avoit veû
en Egypte des relies de cette lèéle. Ce que lui ,
& les autres plus anciens rapportent des G n o lli-
Cjues paroîtroit incroyable : fi on ne Içavoit
julques à quel point ailoit la diftblution des pa'iens,
particulièrement en Egypte. Une grande partie
des philofophes faifoient profeffion de ne chercher
que le plaifir : & Platon lui-même , eftime
le plus fage de tous, avoir propofé la communau- ^
té des femmes, avec certaines régies , comme la
perfedion de la focieté civile. O r toutes ces he-
refies venoient du mélange de la philofophie avec
la religion.
Carpocras laiifa un fils nommé Epipbane , ckm. a u x. 5.
qu’il inftruifit des lettres humaines, ôcde la phi-
lofophie de Platon : fur les principes de laquelle
Tome I. C c c
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