
4 9 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ge , qu’il n’y en avoit eu aucune dans le monde
dont il eut connoiffance, & que les Chrétiens même
avoient été en grande p a ix , fans perfécurion.
Cette herefie ne laiffa pas de durer. On l’appella
l’herefie des Phrygiens ; ou félon les Phrygiens,
Cata-Phrjgas : & elle fe divifa en plufieurs fédles.
* Il y en avoit qui fuivoient Proculus ou Proclus:
d’autres qui fuivoient Efchine ; d’autres qui iui-
voientQuintiHa.il y en avoit que l’on nommoit
Tafcodrougites en Phrygien, &c en grec Paffalorin-
cW i ;parce qu’en faifant leur priere, ils mettoient
le doigt devant le n e z , pour fe fermer la bouche
& marquer leur application.
Vers le même tems que parut Therefie de Mon-
tien contre les tau , OU recoiiiiut auffi ccllc dc Taticn , c’eft-à-
, dire la douzième année de Marc Aurele, cent foi-
E u f. in Chron. - i Xante & douze de J . C . Il etoit Allyrien de nation;
de philofophe Platonicien il devint Chrétien, &
fut diiciple de S. Ju ftin le martyr. T an t que fon
maître v é c u t, il ne s’écarta pas de la iàine doctrine
, & donna des marques d’une grande pieté.
Sa réputation étoit grande, même chez les payens,
& nous avons encore un ouvrage qu’il écrivit
contre eu x , ou plûtôt contre les Grecs : Carie
nom d!Hellenes fignifie l’un & l’autre chez les auteurs
ecclefiaftiques.
D ’abord il leur montre, que toutes les études
& leurs arts leur viennent des peuples qu’ils nommoient
barbares. Il montre la vanité de leurs études
j qui étoient la grammaire, laréthoriqu e, la
Epiph. hAY. 48.
n. 14.
VI I .
Traité de Ta-
«n. I7J-
An. 171.
Jc fi. Jufiir:',
fiit, l i l j .
L I V R E q u a t r I e[’m e . 4 9 9
poétique & la philofophie: & s’étend principalement
fur les défauts & les contradidlions de leurs
philoibphes.Puis il ajoûte.-Pourquoi voulez-vous
renfermer, comme dans votre main, nos maniérés
de vivre ? Pourquoi fiiis-je haïffable comme un
fcelerat , fi je ne veux pas fuivre vos moeurs»
L ’empereur impofe des tribu ts, je fuis prêt à les
payer. Mon maître veut que je le ferve, je me reconnois
fon efclave. Il faut honorer l’homme humainement
j & craindre Dieu feul. Il n’y a que
pour le renoncer que je n’obéirai pas. Je mourrai
plûtôt : pour n’être , ni menteur, ni ingrat.
Il parle enfuite de la nature de Dieu, & dit :
qu’au commencement le maître de l’univers, qui
foutient routes chofes, étoit ièul, en tant que la
créature n’étoir pas encore faite: mais par là puif-
lànce , tout étoit avec lui. Le Verbe qui é tok en
lui ilibfiftok. Il eft engendré par d iftindion,non
par retranchement. Comme on allume plufieurs
flambeaux d’un iè u l, làns diminuer là lumiere :
ainfi le Verbe procédant de la puiflànce du Pere ,
ne Tapas laiffé làns Verbe & fans raifon. Je vous
parle ,& vous m’écoutez, je ne demeure pas privé
de ma parole , qui paflè à vous.
Tatien établit clairement le libre arbitre dans t-
les anges & dans les hommes. Mais au refte , il
n’avoir pas des idées aflèz nettes de la nature de
Tame , faute de bien diftinguer la lubftance Ipirituelle
de la corporelle. Il fait mention de làint t- m. c .
. Juftin fon maître , en ces termes : Juftin , cet
R rr ij
i
' r--'