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2 6 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fauver de la famine. Ils étoient enflez comme des
h yd ropiqu es, & crevoient bien-tôt de la nourri,
ture q u i s prenoicnt tout d’un coup avec excès,
à moins que d ’nfer d’une grande difcretion. Un.
de ces transfuges fut furpns par des Syriens comme
il ramaifoit des pièces d ’or dans fes excré-
mens. Car il y avoit une grande quantité d’or
dans la ville ; &r ils Tavoient a v a lé , pour le déro-
ber aux recherches exades des féditieux. Le bruit
fe répandit dans le camp , que ces transfuges
étoient pleins-d’or. En forte que les Arabes & les
Syriens car ouvroicnt le ventre , & cherchoient
dans leurs entrailles. En une nuit on en trouva
deux mille ainfi éventrez. T ite Ta'ïant appris,
penfa d’abord envo’ïer de la cavalerie , pour tirer
fur les coupables. Mais vo'ïant qu’ils éroicnt eu
plus grand nombre que les m o r ts , il fe contenta
d ’appeller les chefs des troupes au x ilia ire s, &,
même des fiennes, car quelques Romains auffi
étoient accufez de cette barbarie ;& déclara qu’il
puniroit de mort quiconque en feroit convaincu.
N on ob flan t cette défenfe , les Syriens & ks
Arabes en éventrerent encore plufieurs, feulement
ils fe cachoicnt des Romains -, mais la plûpart ne
trouvèrent r ie n , & commirent inutilement cette
cruauté.
Manné^, un des transfuges, raconta à T ite , que
par une feule porte , dont il avoit la garde , o r
avoit enlevé cent quinze raille huit cens quatre-
vingt corps : depuis le quatorzième d ’Avril oiUc
fiege avoit commencé , ju fqu ’au premier de Ju illet
; & cela des pauvres feulement, que l’on enter-
roit aux dépens du public': ce qui Tobligcoit à les
compter pour paier les porteurs. Les parens on-
terroicnt les autres. D ’autres transfuges dirent que
Ton avoir jetté par les portes fix cens mille corps
de pauvres. Le reifle ne fe pouvoir compter. Et
comme il n’étoit plus poffible d’enlever les pauvres
: on les entaffoit dans les plus grandes maifons
, que Ton fermoir quand elles en étoient
pleines. Ces transfuges ajoutoicnc, que la mefpre
de bled fe vendoit un ta len t, qui efl au moins
deux mille livres ; & que comme on ne pouvoir
plus aller dehors cueillir des herbes, il y en avoit
qui foüilloicnt jufques dans les é go u ts, oû ils
cherchoient de vieille fiente de boe u f ; & mangeoient
ce qu’auparavant ils n’auroient pû regarder.
Les Romains étoient touchez du feul récit
de ces miferes ; ruais les Ju ifs faétieux n’étoient
pas couchez de les voir. Leur fureur en augmcn-
toit ; & ils marchoient fans horreur fur les monceaux
de corps donc la ville étoit p le in e , pour
aller au combat contre les étrangers, avec des
mains enfanglantécs du meurtre de leurs citoïens.
Ce n’écoit plus Tefperance de v a in c re , mais le
defefpoir de fe fau v e r, qui leur donnoit du courage.
Les Romains firent de nouvelles plateformes vn.Bi«.;
avec bien d e là peine, à caufe de la rareté du bo is,
ftu il fa llo it aller chercher ju fq u ’à quatre-vingtil!