
30 H i s t o i r e E c c l e s a s t i q u e .
gues ceux qui croïoient en vous ; & que lo r f
que l’on répandoit le fang de votre martyr E-
tiennc, j’y alfiftois, j’y confencois & gardois les
manteaux de ceux qui le failoient mourir. Jésus
lui dit: V a je t’envoïerai aux nations éloignées.
En effet les Helleniftes avec lefquels il difputoit
cherchoient à le faire mourir. Ce que les freres
aïant appris, ils le conduifirent à Cefarée, d’où ils
l ’envoiercnt à Tarfe. Il paffa quelque tems en
Syrie &c en Cilicie. Les églifes de Judée ne con-
noiffoient point fon vifage : feulement elles fça-
voient fa conv e r f ion, & en glorifioient Dieu.
L ’églife étoit en paix dans toute la Judée ,Ta
Cali lée,& la Samarie,& s’édifioit de plus en p lu s ,
marchant dans la crainte de Dieu , & remplie de
laconfolation du faint Efprit. Alors faint Pierre
entreprit de vifiter par tout les fideles. Il vint à
Lyddc où il guérit uu paralytique nommé Enée:
& ce miracle convertit les habitans de Lydde &
de Saronne. De Lydde il alla à Joppé à la prière
des difciples : & quand il y fut arrivé ils le menèrent
dans une c lambre où étoit le corps d’une
fidelle nommée Thabithe qui venoit dc mourir ,
& q u i étoit fort regrettée pour fes aumônes,
S. Pierre la reffufcita : & plufieurs de Joppé fc
convertirent. Il y demeura long-tems, demeurant
chez un nommé Simon corroïcur.
La fécondé année du regne de Caligula , trcn-
tc-huitiéme de J.C. le nouveau roi des Juifs Ag r ippa
lui demanda permilfion d’aller faire un voïage
: en fon roïaume. L’empereur le liu permit : mais jofyiui.am.g.
i au heu du chemin ordinaire par la Syrie , il lui
confeilla d’aller par l’Egypte. Agrippa vint donc
à Alexandrie , où le peuple qui haïffoit les Juifs
indigné de ce qu’ils avoient un roi , le voulut
tourner en ridicule , étant autorifé fecrctemcnt
par Flaccus préfet d’Egypte ; à qui la prefence de
ce roi donnoit de lajaloufie ; Si qui d’ailleurs haïffoit
les Juifs.
Il y avoit un fou nommé Carrabas qui fe promenoir
tout nud par les rues d’Alexandrie , ôc
étoit le joüet des enfans.Ils le menèrent au g ym-
nafe,c’étoit le lieu des exercices publics : ôc l’aïant
élevé lui mirent fur la tête un diadème de papier
d’E g yp t e , dont la feiiille eft nommée Pqpyros : fur
les épaules une natte pour manteau , & à la main
pour fceptre un morceau de rofeau qu’ils trouvèrent
à terre. De jeunes gens l’cntouroient avec des
perches fur leurs épaules pour réprefenter fes gardes.
Les uns venoient lui faire la reverence, les autres
lui de mandoient j uftice,d’autres le confultoient
fur les affaires de l’état : ôc ceux qui étoient amaf-
fez à l ’entour c r ioicnt ,Mâri , c’eft-à-dire,Seigneur
en fyriaque.
Le peuple d’Alexandrie s’échauffant de plus en
plus , s’affembla le lendemain dès le marin au
théâtre , ôc cria qu’il falloit confacrer des fta-
tuës, c’eft-à-dire , mettre des idoles dans les hyna^
gogues des Juifs , fe fervant du nom dc l’empereur
pour couvrir cette entreprife féditieufe. Flac