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XÜ P R E F A C E .
lu'bre de faint B.ifile , devient froid & ennuïciix au milieu d ’une bif-
to ir e , où l ’on ne cherche qtîe le ùmpîc fitit : au lieu que dans les d is cours
figurez, lesfiiirs ne fo n r lc plus fouvent que touchez , & toujours
en v c io p p .z & o rn e z ; on ne les dcmêle qu’avec beaucoup d’application.
Ainfi le le â c u r d e Baronius cft réduit à fa ir c u n e cn u ie p énib le ,
au lie iide l’inftruélion frcüe qu’il chcrchoit : c’cft plfitôt la matière de
rinftoire qu’il a bien mieux préparée, que l’hiftoire même. D ’aillcnrs
o n fc trompe fi l’on prétend que cctrcméthode laiiïc au Icéfeur la liberté
enticre de juger : le clioix des faits & des paftagcs dépend toujours
de l ’aureur; ibuvcnt il fiipprimc ce qui cft contraire .à fes préju-
;cz; & quant aux pafiages qu’i rapporte fouvent, il les détotirne ou
es affoib iit, par les réllexions & les difiertations,que cette méthode
attire necellàircmcnt. Car en rapportant les paftàgcs , ilfau t expliquer
les termes ob fcurs, lever les co n trad iflion s , concilier les diveriitez.
De tout cela enfemblc réfiilte une prodigicufc longueur d ,s liv r e s , qui
cft un plus grand mal que l ’on ne cro it; puiiqiie c’tft une des fources
de rignorance : car qui a le loifir & le courage de lire tant de gros
volumes ?
L ’aurre méthode cft cl écrire d ’un ftilcu n ifo rm c , prenant feulement,
la (rbftance des o riginaux, fin s s’aflùjettir à leurs paroles. C ’cft celle
de M. G o d cau , de M. Ma imbou rg, & de la pltipart des lîiftoricns anciens
& modernes ; & c’eft fans doute la plus agréable pour les lecteurs
; mais ce n’eft pas la plus fûrc. Quanti l’auteur a l ’eipnt b r illa n t,
& l ’imagination fertile , il a peinq .à fe contenir dans les bornes
étroites de la vérité ; & à ne pas ajouter du lien quclcqucs réflesions qui
lui paroiiloient judicieufes ; quelques fcntenccs , quelques defcriptions,
ou du moins quelques épithetes. J ’ai cru prendre on milieu entre ces
deux méthodes, en écrivant d’un ftilc fu iv i, & qui n’cft qu’une narration
continué : mais cm p lo ïan t, autant qu’il m’a été p o lîib le , les paroles
des o riginaux, traduites fidelemenr en notre langue fur le grec
& furie latin. J ’ai cru toutefois ne point donner d’atteinte àlavcr ité.
en retranchant le*s paroles inutiles : & ajoutant celles qui m’ont paru
necciTaires, pour éclaircir les p.iftàges obfcurs. j ’ai mis en marge les citations
, afin que les fçavans pHillent juger fi mon hiftoire cft fidele ;
Si l’exhorte tons ceux qui en font cap.ables à la verifier & à lire eux-
mêmes les originaux. Les propres p.aroles des auteurs frappent tour au-
r r .m cn t; & |c puis m’être quel uefois rrompé dans le c loix ou la tradition.
Mais l’.ecris principalement, comme j ’ai d it, pour ceux qui ne
peuvent pas lire les originaux ; faute d'avoir les livres en main , ou d’entendre
.aflt'z bien le grec & le latin , ou d ’avoir le loifir d e lire les tra-
duclions françoifes qui en ont été fa ite s , de comparer & de concilier
les aurcurs.
VIT. C e f t en faveurdc CCS lecteurs que j ’ai interrompu ia narration par
F.j:iia.ts àe éoc- quelques extraits de doéfrine. J'ai cru faire plaifir à ceux iiqui k s iivrc.s
ecclcfiaftiqucs ne font pas fam ilie rs , en . cur donnant dans im feiil
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livre ce qu’ ils ne liroicnr jamais autrement ; & qui ne doit pas leur e
indiffèrent, s'ils ont de l ’amour pour ht religion. Ils verront dans ces
extraits plufieurs faits généraux de m oe u rs ,d e ceremonies & de traditions
anciennes, qu’il feroit difficile de rapporter autrement, & qui
ne devO'ent pas être omis , comme ce que j ’ai tiré des apologies de
faint Jnftin Si de T ertnllicn , & des .autres ouvrages de ce dernier. O n
verra dans ces extraits les paiîàgcs les plus fo rmels , pour prouver les
vcritez catholiques contre les heretiques des derniers (icclcs. Enfin on
y verra quels croient ces grands hommes, qui ont établi de foutcnu la
re lig ion ; puifqu’.après leurs aérions rien ne I c s f iit tant connoître que
leurs paroi .'S. Ces extraits font plus fréqucns & plus longs dans les
premiers f i e c l e s , donc l'autorité eft plus grande preUllflS llCCiCé>5 CUilL 1 aULWlJCW .-1^ , & q-Ju-.-i -l-e-r-vcnt de
fondement à toute la faite, l l cft difficile quand on veut être chrccien,
dIeC LréVflUifLtrcirl àA la tIiraat-dIIiLtÎiWoInI confiante des difciples... .d...e. .s.. ..a.jp--ê-i-t-r--e--s.^ D ’ailleurs
k s auteurs les plus anciens font en petit nombre , & la plupart fi peu
con n u s , que leurs ouvrages paroîtront à plufieurs des curiofitez : car
qui connoît la lettre de faint Clement pape & le livre du pafteur, hors
les fçavans de p rofilfion ; Cependant ce que j ’cn ai tiré & de fliinc C le ment
Alexandrin peut donner l’idée de la veritable picré ; & montrer
que ce n'eft p.as une invention des m oine s , ni un rafinemeut des derniers
temps. L e fcu l inconvenient que je trouve aux extraits en gener
a l , c ’tft qu’ils allongent mon ouvrage que je fotihaitois extrcmemcnc
faire court pour le rendre utile.
Je ne mets pas au nombre de ces extraits les formules de foi S i
les canons des conciles telles me pauoiflcnt des p.arties neccilàires de
l ’hifto ire, pour faire entendre le dogme & la difcipline. C ’cft comme
dans une hiftoire profiuie les trairez de paix & d'alliance , les loix &
les rcglemeus de p o lic e , dont il faut au moins mettre la fubftancc. Ces
pieces ne font pas agréables, il eft vrai ; mais je n’écris ni un p o cm c ,
ni un rom an , & je demande des leéleiirs féricux Sc attentifs. Les acrics
des martyrs m’ont paru necefiàires , afin qu'un fi grand objet fit fur
les efprits 'une auffi forte imprcffion qu il le mérité ; & j ’ai cru les dev
o ir rapporrer dans lenr fimplicité originale , parce que ce font des
pieces autentiqiies pour la plûpa rt, des interrogatoires en bonne forme
& d e s procès verkaux de queftion , qiiifcro icnt preuve en jufticc. Par
le plaifir qu’ils m ’ont donné , j ’ai jugé qu’ils en donncroienr à quiconque
aime le vrai & le naturel; & je ne vois point de lecfture plus
propre à nourrir la pieté. Ces avantages m’ont paru préférables a l’uniformité
& à l ’élegauce du ftile. Après les martyrs les p us grands
fpcélacles font les moines: c’eft pourquoi j'ai mis aficz au long la vie
des premiers Si des plusilluftres , m arrêtant plus aux vertus qu’aux
miracles. Quo ique ces vies foient aflèz comiués , & entre les mains
de tout le monde ; j ’atirois cru en les omettant, omettre une partie
confidcrable de mon fiijet , qui ne comprend pas moins les moeurs
que la difcipline & la doéfrine. O r le s moeurs s’apprenncntbicn mieiis
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