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176 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
où ils cherchoient continuellement des allégo.
ries En quoi ils fuivoient le chemin tracé par les
anciens chefs de leur fed e : dont ils Ufoient aufli
les écrits. Ils compofoient des cantiques &c des
hymnes de diverfes mefure.s, & fur divers chants.
Ils penfoient à Dieu continuellement ; & même
en dormant ils avoient des fonges pieux. Le jour
du fabbat ils s’affembloient dans un oratoire commun
, feparé en deux par une muraille de deux
ou trois coudées de haut ; afin que les femmes
fuifent feparées des hommes, Sz puifent oiiir l ’ini-
trudibn fans être vues.Là ils étoient affis de rang,
felon leur âge : les mains cachées ; la droite fur la
poi tr ine, la gauche au-delfous. Le plus ancien,
& le plus inftruit s’avançoit ôz leur parloir. Son
regard étoic doux , fa voix modérée, fon difcours
folide Sz fans ornement.Tous écoutoient en grand
filence ; ÔZ s’ils témoignoient leurs fentimens, c’étoit
feulement par quelques fignes des ïeux ôz de
la tête.
Leur principale fête étoit après fept femaincs,
le cinquantième jour -, c’eft-à-dire la pentecôte.
Celui qui en avoit la charge à fon tour , les aver-
tiiToit, ôz ils s’aiTembloient vêtus de blanc , pour
orier Sz manger cnfemble avec joie. Etant dc-
3out rangez modeftement , ils levoicnt les ïeux
ôz les mains au ciel ; ôz prioient Dieu que leur fcf-
tin lui fût agreable. Les femmes y étoient admi-
f e s , mais c’étoit des vierges : la plupart âgées.
Ellesfe mettoient à gauche, ôz les horamesà droit.
Après
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L i v r e S e c o n d . 177
Après la priere ils fe couchoient fur des nattes
de jo n c , un peu relevées pour appuïcr le coude.
En ce feftin ils n’écoient pas rangez felon l’âge ,
mais-felon l’ordre de la réception. On y gardoit
un tel filence , que pas un n’ofoic même refpirer
trop fort. Cependant quelqu’un d’entr’eux propo-
foic une queftion de l’écriture fainte , ôz l’explU
quoicfimplement,mais à loifir, ôz d’une maniéré
propre à inculquer fa dodrine. Les auditeurs
étoient attentifs, ôz marquoient par un figne dc
tête, un regard, ou un gefte, s’ils avoient bien entendu
, ou s’ils doutoient. L’explication étoit allégorique.
Car ils regardoient ce fens comme l’amc
dc l’écriture , ôz la lettre comme le corps.
Le difcours fini, tous y applaudiiToienc. Celui
qui avoit parlé fe levoic, ôz commençoic à chanter
un ancien cantique, ou un nouveau qu’il avoit
compofé. Tous les autres écoutoient paifiblement
, ôz répondoienc à la fin : les femmes, auffi-
bien que les hommes. Le cantique achevé , ceux
qui les fetvoient apportoient les tables. C ’étoit
des jeunes gens choifis : ils ne portoient point de
ceintures, comme dans les feftins prophanes, mais
leurs tuniques étoient abattues. Les tables n’é-
toient chargées que de leur nourriture ordinaire,
du pain levé , du fol ôz de l’hyiTope : ôz en cc
feftin on ne bûvoit que de l’eau, feulement on eu
donnoit de chaude aux plus délicats d’entre les
vieillards. Après le repas ils fc levoient tous cn-
fenable au milieu de la fa l le , ôz faifoient deux
Terne L Z
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