
3 9 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mc il ne vo u lo it point quitter Taftrologie ,à la-
quelle il étoit fort attaché , il fut chafle de Tégli.
iè ; & de dépit il fe fit circoncire , & fit profeifion
du judaïfiue. Alors il s’appliqua h apprendre la
langue hébraïque, & s’y étant rendu fort fçavant,
il fit une nouvelle verfion de l’écriture, iè piquant
dc corriger les Septante , & affoiblilfant les palTa-
ges qui parlent de J. C. Jufques-là l’Eglife de Jerufalem
n’avoit giiéres été compofée que de Juifs
sioir. hiß. 1. con v e r tis , qui gardoient encore les obfervations
léga le s, ibus la liberté de l’évangile. Mais alors
comme il étoit défendu aux Juifs d’y demeurer,
& quil y avoit même des gardes pour leur en défendre
l’entrée , il n’y eut plus que les chrétiens
gentils d’origine ; ainfi les reftes de l’ancienne fcrvitude
de la loi s’abolirent entièrement. Jeriib-
lem avoit eu quinze évêques de la circoncifion,
depuis la paifion de J. C. jufques à cette derniere
ruine fous Adrien : c’eft-à-dire depuis Tapôtre
S. Jacques julques à Judas inclufivement. Mais
on ne fçait point pendant combien de temps
chacun d’eux tint ce feint fiege. Marc fut le premier
des Gentils, & le feiziéme de tous.
En ce temps parut Therefiarque Va len tin , dont
on ne fçavoit pas bien l’origine. D ’abord il avoit
prêché la foi catholique en E g yp te , d’où l’on dit
qu’il é to it , & à Rome même. Ce fut en Tifle de
Chypre qu’il fc pervertit.il avoit de Tefprit & de
2 w/. I V . c. 5.
X X V I .
H é re f ic de
Va len tin .
Jk/. in chron.
an* 1 4 1 .
T er tu ll. cont, ^ ^ ♦ 1 • • r • r • C yahc.4,pr&fer. 1 eloqucnce, ce qui lui ayoit rait elperer l epiico»
" pat ; mais un martyr lui fut préféré r & de déï
L i v r e t r o i s i e ’ me . 3 9 3
pit il fe mit à combattre la doôlrine de l’églife. Il
avoir étudié les livres des Grecs , & particulièrement
la philofopbie platonicienne. Ainfi mêlant
la doctrine des idées, & les myfteres des nombres,
avec la théogonie d’H é fiod e , & l ’évangile de
S. Jean , qui étoit le feul qu’il re ce v o ir , il bâtit
un fyftême de religion approchant de celui de Ba-
filide & des G n o ftiq u e s , dont fes difciples pre-
Hoient auffi le nom. Car c’étoit le titre general
de tous ceux qui fe prétendoient plus éclairez que
le commun.
La maladie de tous ces heretiques éroit de trouver
trop fimple ladodlrine de l’églife catholique,
& de vouloir relever plus haut le D ieu , qu’ils re-
connoiftbient pour fouverain. Ils confondoient
les idées corporelles avec les f jairituelles, prcnoient
en un fens réel & groffier les termes métaphoriques
; faifoient de tous les noms des perfonnes à
qui ils attribuoient Tu n o n Tautre fexe , & leur
donnoicnt comme des corps humains ; quoiqu’ils
les fiippofalfenr plus fpirituelles que les
Anges.Enfin i s prétendoient prouver toutes leurs
vifions par des explications forcées des feintes
écritures.
Valentin rafinant fur ceux qui Tavoient préce-
dé , déduifoit une longue gencalogie de plufieurs vaien u.
T? y. M l ' • r î niens.Leur Eo- tones O U Aiones\ car il les nommoit a in li, abu-
fant d’un nom qui fc trouve fouvent dans Técriture
, & ne fignifie que les fiecles. Mais il en faifoit
des perfonnes. Le premier & le plus parfait
D d d ij
X X V I I ,
T h é o lo a
nés.
Iren. x. c. i .
Tertull. adv.
Valent, c . 7. 8.
9 -&C.