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Ils on dit qu’ils Tavoient été , mais qu’ils ne Tétoient
plus : les uns depuis trois a n s , les autres
depuis plus long-tems : quelques-uns depuis
vingt ans. Tous onr adoré votre image, Sclesila-
tuës des dieux : ils ont même maudi le Chrift.
Vo ic i à quoi ils difoient que fe réduiibit leur
faute, ou leur erreur. Q u ’ils avoient accoutumé
de s’aflemblcr un certain jour avant le foleil lev
é , & dc dire enfemble à deux choeurs, un cantique
en Thonncur du C h r ift, comme d’un dieu:
qu’ils s’obligeoient par ièrment, non à aucun crime,
mais à ne commettre ni larcin , ni v o l, ni
adultéré : ne point manquer à leur parole, & ne
point dénier un dépôt. Q u ’enfuite ils fe retiroient,
puisfcraftembloientpour prendre un repas,mais
ordinaire & innocent : encore avoient-ils cefte dc
le faire après mon ordonnance, par laquelle , fuivant
vos ordres, j’avois défendu les aflembiées.
Pline remarque , que les repas des Chrétiens é-
toieiit innocens,à caufe des calomnies qui s’étoient
déjà répanduës, qu’ils égorgeoient un enfant &
le mangeoient. 11 continue. J’ai cru d’autant plus
necelfaire pour en Içavoir la vé rité, de faire donner
la queftion à deux femmes efclaves, que Ton
d ifoity a voir fervi. Mais je n’ai trouvé autre chofe
qu’une fuperftition mal réglée & exceiIive.C’eft
pourquoi j’ai différé le jugement, & je me fuis
prefle de vous confulrer.
La chofe m’a paru digne de confultation principalement
à caufe du nombre des accufez. Cai
ihid- ep, .
L i v r e t r o i s i è m e . 3 4 1
CTi met en peril plufieurs perfonnes, de routage,
¿e tout fexe, & de toute condition. Cette fupcrftirion
a infedlé , non feulement les v ille s , mais
les bourgades & la campagne : & il femble que
Ton peut l’arrêter & la guérir. Du moins il eft
conftant qu’on a recommencé à frequenter les
temples prefque abandonnez à cclebrer les facrifices
folemnels, après une longue interruption ;
k que Ton vo it par rout des vidlimes : au lieu que
peu de gens enachetoienr. D ’où on peut aifément
juger la grande quantité de ceux qui fe corrigeront,
fi on donne lieu au repentir:
Trajan répondit ainfi à la lettre de Pline : Vous
avez fuivi la conduite que vous deviez, mon cher
Second, dans les caufes de ceux qui vous ont été
déferez comme Chrétiens. Car on ne peut rien
établir en general qui ait une regie certaine. Il ne
faut pas les rechercher : mais s’ils font dénoncez &
convaincus, il faut les punir. En forte tou te fo is,
que quiconque dira qu’il n’eft pas Chrétien, & le
montrera en effet, facrifiant à nos dieux: obtiendra
le pardon par fon repentir , quelque fulpedl
qu’il ait été pour le paifé. Qriand aux libelles pro-
lofés fans nom d’auteur ; ils ne dévoient avoir
ieu en aucune efpece d’accufation : la chofe eft de
très-mauvais exemple , & n’eft point digne de
notre fiecle.
Certe réponiè de l’empereur éteignit en quel-
que façon la perfecution, qui menaçoit les Chrétiens
5 mais elle ne iaiiTa pas de moindres pretex-
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