
i
288 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
feux comme dans une vieilleffe décrépite , au lieu
de mettre votre confiance cn Dieu. Après que
vousavez oüi la révélation que Dieu vous afaite,
votre efprit s’eft renouvellé , votre foi & votre
force s’eft augmentée : comme un vieillard qui B
apprend qu’il lui eft venu une fucccifion , fe leve ■
avec joïe, prend dc la force , fc rient debout, & ■
agit vigoureufement. C ’cft ce que fignifie le ie-
cond état où vous avez vû cette femme , plus
jeune & debout. La troifiéme fois elle a marqué
encore plus de force & de ga'ïeté : pour montrer
comme votre efprit a été renouvellé par la vifion
dc la tour , & par les autres biens que Dieu vous
'41 uoijiA a faits : Se le banc fur lequel elle étoic affife, marque
par fes quatre pieds la fobdité de cet é t a t , &
l ’cft'et dc la fincere pénitence.
Hermas eut une autre vifion trois femaines
après la précédente. î l marchoit feul à la campagne
dans un autre lieu écarté, allant à une maifon éloignée
près de demie licuë du grand chemin. En
marchant il prioit Dieu d’accomplir ce qu’il lui
avoit révélé , & de donner la pénitence à tous fes
ferviteurs, qui étoient tombez : afin que fon nom
fût honoré. Alors il entendit comme une voix,
qui lui dit : Ne crains po int , Hermas. Il dit en lui-
même : Qu’ai-je à craindre après les grandes chofes
que j’ai vues ; S’étanc un peu avancé , i! vit de la
pouffiere jufqu’au ciel , environ à la diftancc dc
fix vingt pas. Il crut que c’étoic des chevaux;
mais voïant la pouflierc s’élever de plus çn plus,
1!
L i v r e S e c o n d . 289
ilfoupçonna quelque miracle. Un raïon dc foleil
qui jar i i t , lui fit voir une bête grande comme
une baleine , haute d’environ cent pieds ; jettant
par la gueule des fautcrellcs de feu. Hermas commença
à pleurer k à prier Dieu, de le délivrer de
ce monftre. Puis il fc fou vint de cette parole qu’il
venoit d’entendre ; Ne crains point. Il s’arma de
f o i , & s’expof i hardiment à la bête. Elle marchoit
d’un train à renverfcr une ville tout d’un
coup. Mais quand Hermas s’approcha, elle s’étendit
par terre tirant feulement la langue , & ne
fe remua p o int , qu’il ne l’eût paffée toute entiere ;
sécant avance environ trente pieds au de-là , il
rencontra une fille parée comme au fortir de fa
chambre , toute vêtuë de blanc jufqu’à la chauf-
furc. Elle portoit une micre , & étoic couverte de
fes cheveux qui etoient luifans. Il reconnut que
c’étoit Téghfe, k en eut bien de la jo’ïe. Elle Ini
demanda s’il n’avoic rien rencontré ; k lui dit
que c’étoit par fa fo i qu’il avoit évité la bête. Le
Seigneur , ajouta-t’çlle , a cnvoïé fon ange , qui
commande aux bêtes, & qui lui a fermé la gueule,
de peur qu’elle ne te dévorât. "Va donc , k raconte
les merveilles de Dieu à fes élus : & leur
dis, que cette beceeft la figure de la perfécution
qui doit venir. Q u ’ils a'ïent confiance çn Dieu :
s ils veulent , cc ne fera rien. Voi là les quatre
vifions concenuës dans le premier livre d ’Her-
iîias.
Le fécond livre commence ainfi : A'ïant prié
Tome /, O o
m
M
1 l’d
G J