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180 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
k u'cfpcrenc pas au Seigneur. Pour toi , prie-le,
& il guérira tes pechez , & ceux de toute ta mai-
fon, ik de tous les Saints.
Après quelle eut ainfi parlé , le ciel le ferma.
Je demeurai plein de triftelfe & de crainte, 6¿ je
difois en moi-mème : Si ce peché m’eft imputé,
comment pourrai-je me fauver ? Ou comment
pourrai-je appaifer le Seigneur pour mes pechez
qui font en grand nombre ? Comme j’étois occupé
de ces pcniécs, je vois devant moi une grande
chaire de laine blanche comme neige. Il vint une
vieille femme vêtue d’un habit éclatant, aïant un
livre à la main. Elle s’ailit feule , & me falua. Je
lui rendis fon falut en pleurant. Elle médit •. Hermas
, pourquoi es-tu trifte, toi qui étoit patient,
modefte , & toujours gai ’ Je lui répondis ; Une
femme vertueufe m’a fait un reproche honteux
d’avoir peché contre elle. Elle dit ; Dieu veüillc
préierver fes ferviteurs d’un tel mal. Mais peut-
être tu Tas defirée dans ton coeur. Une penfée lî
abominable ne doit pas être dans un ferviteur dc
Dieu ; il ne doit pas defircr dc mauvaife aétion,
& principalement Hermas , qui s’eft toujours
abftenu de tout defir criminel, dont la fimplicité
& Tinnoccnce eft fi grande. Mais cc n’eft pas à
caufe dc coi que le Seigneur cft irrité, c’cft à caufe
de tes enfans qui ont commis un crime contre lui,
& contre leurs parens.
Comme ru aime tes enfans , tu ne les a pas
avertis , tu leur a laiffé faux des violences, C ’cft
pour
i
L i v r e S e c o n d . xSi
pour cela que le Seigneur cft irrité contre toi.
Mais il guérira tous les maux qui fc font faits dans
ta maiion , & qui font caiife dc la ruine de tes
affiircs temporelles. Il a maintenant pitié de toi ;
prens courage, fortifie ta famille, continue de leur
enfeigner tous les jours la parole fainte, & ne ccffe
de les avertir. Car le Seigneur fçait qu’ils fe repentiront
de tout leur coe u r , & il t’écrira au livre de
vie. Aïant fini ces mots elle me dit ; Veux- tu
m’entendre lire ? Vo lon t ie r s , lui dis-je. Ecoute
donc. Et aïant ouvert le livre clic lifoit des chofes
fi magnifiques & fi mcrveilleufes, que je ne les
pouvois retenir. Car c’écoient des paroles terribles,
au deffus de la portée d’un homme. Je retins
toutefois les dernieres'paroles : Vo ic i le Dieu
des armées, qui par fa puiffance invifible , & fa
fageffe infinie a créé le monde , qui par fon confeil
glorieux a environné de beauté fes créatures ;
qui par la force de fa parole a affermi le c ie l , &
fondé la terre fur les eaux , & par fa puiffance a
formé fa fainte églife , qu’il a benic : voici qu’il
traniportera les cieux & les montagnes,les collines
k les mers ; & tout fera rempli de fes élus :
afin qu’il accomplilfe cn eux fa promcffe : après
qu’ils auront obfcrvé en grand honneur & cn
grande joïe les loix dc Dieu , qu’ils ont reçues
avec grande foi. Quand elle eue achevé de lire ,
elle fe l e v a , & il vint quatre jeunes hommes qui
çn-iportercnt la chaire vers l ’orient. Elle m’appella,
mç toucha la poitrine , & me dit : Ma eéturc
Tome 1, N n
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