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5 0 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dre incomprehenfibles & invifibîes aux principautez
fuperieures. Marc & Colarbafe auffi dif-
T n tu ü . append, ciples de Valeiitiii , prétendoient que toute la
plenitude Ôc la perfedion de la vérité étoit dans
6.7.8. &c. pjipiiabet grec : ôc que pour cela J . C. étoit nommé
alpha ôc omega.
Marc joignoit la magie à rherelie, ôcpaiToic
pour faire des miracles. Ayant prononcé une lon-
aue invocation lur un calice mêlé devin ôc d’eau,
il le faifoit paroître d’un rouge de pourpre; di-
lànt que la grace fouveraine y faifoit dégoûter
fon làng : en forte que les affiftans s’empelfoient
pour goûter ce breuvage. C’étoit principalement
aux femmes riches ôc nobles qu’il s’adrelfoit,
pourles abufer par fes preftiges. Après leur avoir
fait bénir en fa prefence un calice de vin ôc d’eau :
il verfoit cette prétendue euchariftie dans un calice
beaucoup plus grand : en difant des paroles
magnifiques, qui promettoient un accroillement
de gracc. Alors la liqueur contenue dans le petit
calice paroiiToit remplir ie grand, jufqu’à fe répandre.
Qiielquefois il difoir à celle qu’il vouloir
tromper: Je veux re faire participante de ma
grace , le pere de tout v o it toûjours ton ange
devant fa face : réçois premièrement la gracc
de moi ôc par m o i, ôc enfuite : Voicy la grace
qui monte en to y , ouvre la bouche ôc prophé-
tife. Quand la femme difoit: Je ne fçai point pro-
phetifcr; il faifoit fur elle d’autres invocations
pour l’étonner, ôc lui difoit : Ouvre la bouche ôc
L i v r e q u a t r i e ’m e . 5 0 7
ms tout ce qui viendra, tu prophetiferas. La
f .'inme féduire fentant une chaleur Ôc une palpitation
de coeur extraordinaire fe hazardoit à dire
quelques rêveries : puis fe croyant propbetelfe,
elle rendoit graces à M a rc , ôc ne fçavoir comment
le recompenièr.
Il y eut des femmes fideles, qui étant tentées
par cet impofteur, lorfqu’il leur ordonnoit de
prophetilèr, fouffloient contre lui ôc lui difoient
anatheme. Quelques-unes de celles qu’il avoit lé-
duites, revenoient à l’églife ;ôc confeiToient qu’il
avoir abuled elles, ôc qu’elles l’avoientaimé naf-
fionnément. Un diacre d’Afie l’ayant reçû dans
fil maifon, fa femme, qui étoit belle, fe laiifa corrompre,
ôc lliivit long-temps Marc. Les freres
la convertirent à grande peine, Ôc elle pafià le ref-
te de là vie cn penitence. Les difciples de Marc
faiioient comme lu i, ôc corrompoient plufieurs
femmes, même en Gaule devers le Rône. Ils lè
nommoient parfaits : prétendant que perfonne
n etoir arrivé à la hauteur de leur connoilîance,
pas meme les apôtres. Q ii’ils étoient les feuls qui
avoient pénétré la grandeur de la vertu inénarrable
: ôc qui par coniéquent avoient toute liberté,
ôc faifoienr tout fans rien craindre.
On nomma les difciples de M a rc , Marcofiens :
& on leur joignit les Afcodroutes ou Afcodrou-
pites, ôc les Arcontiques. Ils rejettoient les là-
rrcmens : difant que les chofes incorporelles ne
pouvoient être communiquées par des chofes
S f f ij
Theod. h&y.fnh.
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