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éteindre le feu avec le fang. Plufieurs paiToient
du côté des Romains; voyant que l’eau n’étoit
iàlutaire que pour eu x , & Marc Aurele en eut
pitié.
A cette occafion l’armée luy donna le nom
d’empereur pour la feptiéme fois : & quoiqu’il
n’eût pas accoûtumé de recevoir cet honneur,
avant que le Sénat Teût ordonné ; il ne le refufa
pas a lo rs, comme lui venant du ciel. Car tour le
monde reconnoiiToit cet événement pour miraculeux.
Mais les payens Tattribuoient à leurs faux
dieux; & difoient qu’un magicien nommé Ar-
nupbis Egyptien , qui étoit avec Tempereur ,
avo it invoqué par fon art Mercure Aerien, &
pJT .d V “" ' d’aurres démons. D'autres attribuoient ce prodi-
rfo/fo'î bT. prières de Tempereur même.
hoc.n.Les troupes des chrétiens qui avoient attiré ce
miracle, furent nommées la légion fulminante :
ou plû tô t incorporées à celle qui portoit déjà ce
nom. On v o it encore à Rome un monument de
ce miracle dans les bas reliefs de la colomne An-
toniene faite en ce même tems. Les Romains y
font reprefentez les armes à la main, contre les
barbares : que Ton v o it étendus par terre avec
leurs chevaux ; Sc fur eux tombe une pluye mêlée
d’éclairs & de foudres qui ièmblent les ter-
raiTr. Il eft vray que comme ceux qui ont fait
ces fculptures étoicnt payens, ils ont reprefenté
dans le ciel un homme volant les bras étendus,
avec une grande barbe qui femble fe perdre en
52
- (J
.ap.
ron. hoc, an, n,
ll,ibid,n.24.
Euf. Chron* an.
1 7 4 .
L i v r e q u a t r i e ’ m e . 5 1 1
pluye. Les favans croyent qu’ils ont voulu repre-
fenter Jupiter Plwvm : car c’eft un des titres qu’ils
lui donnoient. On dir qu’à cette occafion Marc
Aurele écrivit des lettres : oü il témoignoit que
fon armée prête à périr, avoit été fàuvée par les
prières des chrétiens.
‘ £ 1 . > XII.
Le qui n empeche pas que trois ans après, en Lritticd«,...
cenr foixante & dix-fept, la perfecution nes’éle-
vât contre eux violemment en plufieurs villes, ^ 1 0 0 '
par des étootions populaires, particulièrement
dans ies Gaules. On le voit par la lettre que ceux
qui en furent témoins oculaires, écrivirent en
grec avec ce titre : Les ferviteurs de J . C. qui demeurent
à Vienne & à Ly on de Gaule , aux freres
d’Afie & de Phrygie, qui ont la même foy & la
même efperance, pa ix , grace & gloire de la part
de J . C. notre Seigneur. Après quelque préambule
ils racontent le détail de leurs fouffrances,
en ces termes : L ’animofité des payens étoit telle
contre n ou s, que Ton nous chafîôit des maifons
particulières, des bains de la place publique : Sc
qu’en general on ne fouffroitpoint qu’aucun de
nous p arût, en quelque'lieu que ce fur. Les plus
foibles fefàuverent, les plus courageux s’expofè»
rent à la perfecution. D ’abord le peuple s’em-
portoit contre eux en confulion & cn grandes
troupes, par des cris & des coups : les riranr, les
p illan t, eur jettant des pierres, les enfermant,
& faifant tout ce que peut une multitude éfarou-
chée. On les mena dans la place, où ils furent
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