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4 9 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
enflez de la grandeur de leurs pronielTes : mais ce
n’étoit qu’un petit nombre de Phrygiens. Quelquefois
aufli ils éroient frappez des reproches que
leur faifoit le malin efprit; qui fembloit les coa-
vaincre de leurs pechez, qu’il devinoit par des
Hier, epifl. j 4 ’ coiijeélures vrai-femblables. Les deux femaies fe
ad Marceii. nommoieut Prifca ou Prifcilla , & Maximilla.
EujhijtVV étoient nobles & riches & corrompoient
" ' plufieurs perfonnes par leurs largefles ; ne laiifant
pas de prendre d’ail eurs des préfens. Si-tôt que
Telprit de prôphetie les eut prifes, elles commen-
M iitia d .a p.E u f. cetentpat quitter leurs maris. Elles prétendoient
''■‘■o- avoir fuccedé dans le miniftere prophétique à
Quadrar , & à Ammia de Philadelphie , qiïi a-
voieiît été de vrais prophètes catholiques. Car il
Ju ftin .in Tryph. palToit pOut cOiiftaiit quc le don de prophétie n’avoit
point cefle dans l’églife, Ôc devoir y demeurer
jufques à la fin.
Montan prétendoit, que lui &ièsprophetef-
fes avoient recû la plénitude de Telprit de Dieu,
qui n’avoit été communiqüé qu’imparfaitement
. r... v,,v c aux autres. Abufant de ce que dit S. Paul ; Nous L « Cv/* XI1 L. y * /Y" 7 ■ C
connoiftons en partie, & nous prophetiions en
partie. Il fe mettoit donc au-defllis des apôtres : difant
qu’il avoit reçû la perfeétion, c’eft - à - dire le
parac et,que J.C . avoit promis.D’oü vient que les
feélateurs de Montan lui donnoient le nom de pa-
Hier, ep. 54. ad racler. Ils dilbient que Dieu avoit voulu premie-
AUreeii. remeiit fauver le monde par Moïfe & par les prophètes
; que ne l’ayant p û , il s’étoic incarné 3 &
L i v r e q u a t r i e ’ m e . 4 7 5
ù ayant pas réülîi encore par ce fecond moyen :
Il étoit deicendu par le S. Eiprit , en Monran, en
Phfca & en Maximilla. Aufli prétendoit-il enfeigner
une plus grande perfedion que les apôrres.
Saint Paul avoit permis les fécondes noces ;
Montan les défendoit, comme une débauche, &
permettoit de diflbudre les mariages. Il ordon- Hier. m.
non de nouveaux jeûnes. Les apôtres n’avoîeiit
inftitué qu’un carême ; Montan en ordonnoit
trois par an. Il défendoit de fuir la perfécution, t, , n 3 r
ôc vouloir que Ton fe préféntât au martyre. ‘V L '
Ses lèélateurs fé vanto ient, comme les Marcio-
nites du grand nombre de leurs martyrs. Montan
ne recevoit prefque p o in t de pecheurs à
penitence. Chez les catholiques les évêques te-
noieiir le premier rang , comme étant à la place
des apôtres ; chez les Montaniftes on comptoit
d abord les patriarches , puis ceux qu’ils nommoient
Cénones, puis les évêques au rroifiéme
rang. Pépuze, petite ville de Phrygie, éroit fa ca-
pitale, qu il nommoit Je ru ia lem , pour y attirer
les gens.
Il avoit établi des receveurs, qui fé faifoient
payer de l’argenr fous le nom d’oblarions; & pro-
htoient, non-feulement fur les riches, mais fur
j s pauvres, Ip orphelins & les veuves. Il donnoit
despenfions à lès prédicateurs , afin de foûtenir
il dodrine par la bonne chere. Car leurs moeurs
étoient bien éloignées delà fevcrité de leurs d og mes.
Les prophetelïês prenoicnt de Tor, de Tar-
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