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-yri P R E F A C E .
en ont f iir une étude p articiilkrc. Mais j'ai roigncuremcnt oh f.rv é
de nommer les lieux conformémcnr à l'uiàgc de chaque remps. Pendant
ces premicts lie c le , je dis toujours la Gau le , la Germanie , la
grande Bretagne , la Luhtanic. l l me fcmblc que c’cft faire un aua-
cronifmc de parler autrement, & de nommer France ou A n g le tcn c
les païs où les Francs & les Anglois n'étoient pas encore. J ’ai éré
plus cmbarallé pour la rraduéfiou des noms propres , qui ne (ont pas
familiers en notre langue; & j ’ai mieux aimé pour ia plûpart les lailler
cn tie ts , comme on les prononce en grec & eu iao n , que de les trop
défigurer , ou eu rendre la prononciation incommode. Qu.int .aux
noms de dignitcz & de fon é fien s , ou de certaines chofes qui regardent
les moeurs, je les ai, fiaiivent lailTcz dans leur langue o rig in a le , les expliquant
par circonlocution , plutôt que de les rendre par les mots qui
fignificnt parmi nous des choies approchantes , mais qui tiennent trop
de nos moeurs. Ainli je ne dis point un colonel , mais un tribun :
je dis des liéfcurs, plutôt que des fergcns : je ne parle ni de gentils-
iiommes , ni de bourgeois , mais de nobles , de c ito ïcn s , d ’cftiaves ,
enfin je confcrve le car.iéfere des moeurs antiques , autant rpie
notre langue le peut fouffrir , & peut-être avec im peu trop de har-
dieflc'.
Fn g én é ra l, j'ai moins fait d ’attention à l ’exaétitude du (file qu’.iu
P o urq u o i fi peu fonds des chofes , Sc j ’efpcrc que le leéfcur cquimblc prendra le même
d'éirits (lis prc- efprit : q u 'il ne ehcrchera dans l ’iiiftoire ccclefiaftiqiie que ce qui y efl ;
& qu’il s'appliquera plutôt à en profiter , qu’à la critiquer. Quelques-
uns trouvent mauvais que l'hiiloirc ne dife p.as tout. P o u rq u o i, diiem-
ils , avons-nous fi peu de ehofc des ap ô tre s , de leurs premiers d il-
c ip le s , des premiers papes ; pourquoi les .anciens ne nous ont-iis p.as
expliqué plus en détail les ccrcmonics, la difcipline & la police des
cglifes ; les dogmes même de la religion ; C ’éroit la plainte des C e n turiatcurs.
A veu g le s , qui ne vo'i'oicnt pas que ces plaintes attaquent l,i
providence d iv in e ,la promcllc de Jeius-Chrift d ’aifiiler perpétuellement
fon cglife ! Adorons avec un profond rcfpcét la conduite de l,a
fagefic incarnée, fans rien deiircr au de-là de cc qu’il lui a plû de nous
donner. C e f t fans doute par de très-folidcs raifons que Jefus-Chrift
lui-même n’a rien é c r it , & que fes apôtres ont écrit fi peu. l l y en a
fcp td o n t nous n ’avons pas un m o t ,& plufieurs dont nous ncfçavons
que les noms. Mais ce que les a ile s nous racontent de faint Piette &
de faint Paul fiiftit pour nous faire juger des autres. Nous y voïons
fom m en tils prcchoient .aux Juifs , aux gentils, aux ign o ran s , aux fçavans
: leurs mir.acles , leurs fouffrances, leurs vertus. Quand nous fçaii-
rions le même détail des .aérions de faint Barthclemi ou de fiintThom.as,
nous n’en tirerions pas d’autres inllruéfions : la curiofité feulement feroit
plus f it is f iir e ; mais clic eft de ces paffions que l’évangile nous
upprciid à mortifier. Au contraire Icfiicncc des .apôtrescft d'une grande
jiiftruéüon pour nous. Rien ne prouve mieux ijifils ne clacrchqicr(C
point
P K f: F A C F. XVlf
l i l i c r s f i e c k s .
Tom, I . prcf.
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leur propre glo ire :q u c le peu de foin qu'ils ont pris de confer-
ver dans la m émoire des hommes les grandes choies qu'ils ont faites.
I l fulfirok pour la gloire de Dieu & pour rinftruélion de la pofterité ,
qu'une petite partie fût connu'é : l’oubli qui cnfcvc lit le refte , cft
plus av.int.agcux aux apôtres que toutes les liiftoircs : piiifqii’il ne laillc
pas d ’être conftant, qu'ils avoicut converti des peuples innombra-
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ile s . T an t d'églifes que nous voyons dés le iccond iicclc dans tousles
pays du monde , ne s ’ctoient pas formées toutes feules ; Sc ce
n ’écoit pas par hazard qu’elles confervoicnt toutes ia même doélrinc
& la même difcipline. La meilleure preuve de la fagcilè des aithi -
tcctcs & d u travail des ouvriers, cft la grandeur & 1a folidité dea
édifices-
Les- dilciplcs des apôtres fuivlrent leurs maximes : Saint Clement
Alexandrin fi proche de leur temps, en rend cc témoignage remarquable
: Les anciens n’é c iivo icn t point x iur ne fc pas détourner du
fo in d ’cnfcigncr , ni d’employer à écrire e temps de méditer ce q u ’ils
dévoient dire. Peut-être auffi ne croyoicnc-ils pas que le même naturel Exfrrip. eleP,
pûrréuffir en l ’un & en l'autre genre. Ca r la p r o i e coule ficileincuC "• ' 7 -
& enlève promptcmenr l ’auditeur ; mais l ’écrit cft expofé à 1 examen
rigoureux des leéheurs. L ’écrit fert à affiirer la do éfrine, fa ifm t paifer
à a pofterité la tradition des anciens : mais comme de plufieurs ma-
tieresd’aim.an n ’attire que le fe r ;a in fi de plufieurs IcéfL-urs les livres
n ’attirent que ceux qui font capables de les entendre. C c fo n t les paroles
de S. Clement. Il faut avouer toutefois que nous avons perdu un-
grand nombre d'anciens- é c r its , fin s compter ceux dont Eiifche &
les autres font mention cxprcflc ; on ne peut douter que les évêques-
tics grands ficgfcs, & les'papes-en p r tk u l ic r n’écriviil'ent fouvcnr des-
lettres fur divcrfes confiilrations ; on en peut juger par celles du p.ape
S. Corneille que S. Cyprien Sc Eufebe nous ont confcrvécs, Sc parcelles
du pape S. Jules au fujet de S. Athanafe. Mais la perte de tant
d ’écrits fi précieux n’cft pas arrivée fans cette même p rovidence, fans
laquelle un p.idercau ne tombe pas à terre;
Laiffiant donc les vains d é firs , ap p liquons-nous à profiter de ce x .
qui nous refte, & confidetoiis d.aus toute la fuite de l ’h iftoire ccclc- Utilité de l'Iiiilnk
a lïaftique la do é frin e , la d ifc ip lin e , les moeurs. C c ne fonr point ici ««lefiaftiTic.
I des raifonnemcns ni de belles id é e s , cc font des faits pofitifs qui n’erf
1 finit p.is moins v rais , foit qu’on les croyc ou n o n , q u ’on les étudie,
5 ou qu’on les néglige. O n voit une églife fubfiftante fans interruption
I par une fuite continuelle de pcupies fidèles, de paftcius Sc de m in i f
‘ trè s, toujours vifible à la face de toutes'les nations, toujours diftilil
g u é c , non fculemenr des infidèles par le nom de Chrétienne , mais
7 des lôcictés heretiques & fchifmariqucs par le nom de Ca tholique ou
, l-Inivcrfeilc. Elle fu t toujours p rofdïïon de n’cnfcigncr que ce qu’elle
s a reçu d ’ab ord, & de rcjetccr toute nouvelle doéfrine : que fi qucL
* ^uefois clic fait de nouvelles déàfîons & employe de nouveaux mots,.